L'enseignement des sciences à l'école normale d'Instituteurs de Douai, c'est une longue histoire que nous conte Johann-Günther EDDINGER, Maître de conférences en biologie des organismes à l’Université d’Artois,

 Enseignement des sciences et formation des maîtres :

par Johann-Günther Egginger : 

L’École normale d’Instituteurs de Douai (1833-1990)



Monsieur Pamart exposant l’anatomie humaine à ses élèves-maîtres, vers 1900



La création en 1990 de l’Institut Universitaire de la Formation des Maîtres (IUFM) du Nord-Pas de Calais et son intégration à l’Université d’Artois en 2008 ont clos une page d’histoire de l’éducation et, par voie de conséquence, ouvert un nouveau chantier de recherche, celui de l’histoire des écoles normales d’instituteurs et d’institutrices. Le centre historique de Douai, implanté sur le site des anciennes écoles normales garçons et filles, son pavillon des sciences, son personnel et ses élèves, regroupés en associations, sont les témoins privilégiés de cette ère commençante. Choisi pour ce premier numéro thématique, l’exemple de l’école normale garçons de Douai illustre la richesse du patrimoine scientifique et technique dont l’Université d’Artois est désormais la gardienne, et témoigne de l’évolution des pratiques de l’enseignement des sciences dans la formation des élèves-maîtres.


L’histoire de l’École normale d’Instituteurs de Douai

La loi Guizot impose en 1833 l’ouverture d’une école normale primaire dans chaque département français pour former des maîtres au service de l’instruction primaire de tous les garçons. Cependant, Douai était déjà centre de formation et siège d’institutions éducatives à travers son ancienne université, ses collèges durant l’Ancien Régime, et à travers la fondation du rectorat en 1809 (même si le siège de l’académie fut transféré à Lille en 1888).

Prolongeant cette histoire, Douai est ainsi la première ville dans tout le département du Nord à ouvrir le premier cours destiné aux élèves-maîtres le vendredi 16 mai 1834 dans un local situé dans l’ancienne rue de la Chartre à Douai (aujourd’hui rue Fortier). Très vite, l’école se retrouve à l’étroit et un déménagement vers un bâtiment de la rue des Carmes (aujourd’hui rue Victor Hugo) est nécessaire en 1846. Mais les aménagements et les agrandissements successifs ne résolvent pas la question de l’exiguïté des lieux face aux besoins croissants de former, dans l’académie de Douai, un plus grand nombre de maîtres.

La construction d’une nouvelle école devient impérative. Le 26 septembre 1877, deux ans après la pose de la première pierre (survenue le 9 août 1875), les premiers cours débutent dans la nouvelle structure installée à l’extrémité de la rue d’Arras, entre les anciens remparts de la ville et le Jardin des plantes. À la suite de nombreuses acquisitions immobilières successives, les locaux de l’école normale sont progressivement transformés et agrandis, en tenant compte de la fonctionnalité des bâtiments.

De 1877 à 1914, l’école normale accueille environ 150 élèves par an pour les trois années d’études et ses locaux, pourtant récents, sont trop étroits. Il faut alors procéder à des agrandissements et construire de nouvelles salles de classe, des ateliers de reliure, pour le travail du bois et du fer (1880-1883), une salle de manipulations de sciences (1884), une serre (1891) et un gymnase couvert (1892). À l’aube du premier conflit mondial, l’école normale garçons de Douai est la plus importante de France avec 160 élèves-maîtres pour 11 professeurs.



Pavillon des sciences de l’école normale garçons de Douai, année scolaire 2007-2008.


Le Pavillon des sciences


Distinct du corps principal de l’école normale, le pavillon des sciences a été l’objet de plusieurs modifications, surtout après la Seconde Guerre mondiale :

• 1948, atelier fer au rez-de-chaussée ;

• 1949, salle de travaux pratiques (Tp) de physique à l’étage – salle des collections de physique à l’étage  – amphithéâtre de physique à l’étage – escalier latéral gauche – salle des collections de Sciences naturelles au-dessus de l’amphithéâtre de Chimie ;

• 1956-1957, salle pour l’Enseignement agricole au rez-de-chaussée – salle pour les Sciences naturelles à l’étage  – salle de collection de Chimie dans le petit jardin  – escalier latéral droit.

Depuis le dernier trimestre de l’année 2007, ce bâtiment est désaffecté. À l’étage, on trouvait un amphithéâtre, trois salles d’enseignement et deux laboratoires dans lesquels était réparti l’ensemble des collections de Sciences naturelles des deux écoles normales, garçons et filles, réunies lors de la création du site IUFM de Douai. Depuis, les cours se déroulent dans la salle des Sciences de l’ancienne école normale filles, au rez-de-chaussée de l’aile gauche.


Le musée scolaire

Les riches collections de Sciences naturelles (zoologie, botanique et géologie) sont dorénavant disposées dans un nouveau laboratoire proche de la salle de cours et dans une salle musée scolaire nouvellement inaugurée. Devraient les rejoindre prochainement les collections de Sciences physiques et de Chimie. Ce musée scolaire constitue un espace de savoir et de formation : un lieu pour lire, un lieu à lire, un lieu pour apprendre. Images des écoles normales d’autrefois mais surtout nouvelle vitrine de l’Université d’Artois, ces collections remarquables maintiennent un lien vivant entre le passé, le présent et le futur, rejoignant ainsi la problématique de la transmission patrimoniale aux générations futures.

Par musée scolaire il faut surtout voir un nouvel outil pédagogique créé sous la IIIe République. L’expression de musée scolaire pourrait s’appliquer aux collections de toute nature formées par le maître en vue de son enseignement. Ce terme doit être entendu dans un sens plus restreint pour désigner les objets usuels utilisés par l’instituteur dans le procédé d’enseignement appelé leçons de choses. Un musée scolaire est donc une collection d’objets, les uns naturels, les autres fabriqués, destinés à donner aux enfants des idées nettes, exactes, sur tout ce qui les entoure. L’histoire des musées scolaires est intimement liée à celle des leçons de choses. La création d’un musée scolaire est donc recommandée dans toutes les écoles au XIXe siècle. Le mouvement scolaire en faveur de cette utile institution est néanmoins assez lent. Pour le hâter, il a été réalisé, dans toutes les écoles normales, un musée type, fait en vue de l’école la plus humble. Ce musée type serait organisé par les élèves-maîtres eux-mêmes, livrés à leurs seules ressources ; on n’y introduirait que le strict nécessaire. Ce serait, en quelque sorte, un minimum qu’aucun des futurs instituteurs ne pourrait désespérer d’atteindre, et que beaucoup auraient à cœur de dépasser dans leurs futures écoles, en prenant alors pour guide le musée même de l’école normale.


Le matériel d’enseignement


Depuis la fondation de l’école normale garçons, le matériel d’enseignement est resté rudimentaire, acquis principalement sur les reliquats des exercices comptables de l’école. Le fait que l’enseignement des sciences devienne obligatoire selon la volonté du Ministère assure l’intensification des besoins matériels dans les écoles normales. En 1881, un achat important, surtout pour des instruments de physique, peut être honoré grâce à une subvention annuelle du département. Dès 1908, M. Mathieu, directeur de l’École normale indique que « le cabinet de physique possède tous les appareils utiles à l’enseignement ; les collections de sciences naturelles forment un muséum intéressant, enfermées dans des vitrines. La bibliothèque compte, cette même année, plus de 5.500 volumes et se complète par des publications pédagogiques, littéraires et scientifiques ». Certaines collections ont d’ailleurs été primées lors des expositions universelles, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Une grande partie de ce matériel a été perdue lors de la Première Guerre mondiale, l’école ayant été transformée en hôpital par les occupants allemands. L’apport financier des dommages de guerre a permis de parer au plus pressé, en complétant ce qui avait été préservé. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, l’école a été déplacée à Granville dans la Manche avec transfert d’une partie du matériel.

En 1945, l’École normale d’Instituteurs, réinstallée à Douai, est en mesure de faire de très nombreuses acquisitions grâce aux dommages de guerre, une nouvelle fois. Pour le mobilier : tables en lave émaillée et chaises spéciales dans la salle de travaux pratiques de physique ; tables-bancs pour l’amphithéâtre de Chimie ; tables-paillasses avec carreaux de faïence, sorbonnes, chaises spéciales permettant de s’asseoir pour suivre les enseignements de Chimie dans la salle mixte de travaux pratiques et de cours ; tables-formica pour dissection, éviers, prises de courant pour l’étude au microscope dans les salles de Sciences naturelles ; tables-formica, chaises pour la salle d’Enseignement agricole. Pour le matériel scientifique et/ou pédagogique, quelques objets relevés dans une liste établie à l’époque sont toujours conservés sur le site, pour la plupart : densimètre, baromètre, pyromètre, calorimètre, pont de Wheatstone, machine d’Atwood, hémisphère de Magdebourg, pour l’enseignement des Sciences physiques ; produits nécessaires pour les expériences chimiques, verreries ; microscopes, sphygmographe, maquettes de champignons, animaux naturalisés, collections d’insectes, moulages anatomiques, pour l’enseignement des Sciences naturelles ; épillet de blé démontable, herbiers, collections de graines, collections d’insectes nuisibles, pour l’Enseignement agricole.



Boîte contenant une collection d’insectes nuisibles, collection réalisée par des élèves- maîtres de l’école normale garçons de Douai, vers 1900.


L’enseignement des sciences à l’école normale


L’introduction d’un enseignement obligatoire des sciences physiques et naturelles à l’école primaire est une innovation importante de la loi du 28 mars 1882. En effet, l’article premier de la loi Guizot (1833) prévoyait des enseignements de sciences physiques et d’histoire naturelle applicables aux usages de la vie uniquement pour l’instruction primaire supérieure, et ce n’est que comme matières facultatives que l’article 23 de la loi Falloux (15 mai 1850) les a fait « tomber » vers l’enseignement primaire.

Dès 1832, le Règlement concernant les écoles normales primaires de Guizot donne comme objets d’enseignement des notions de sciences physiques [et d’histoire naturelle ?] applicables aux usages de la vie. Cette instruction scientifique des élèves-maîtres sera détaillée par l’Arrêté de 1851 fixant les programmes d’enseignement pour toutes les écoles normales primaires de France, ainsi que par le Décret de Duruy (1866) relatif aux écoles normales primaires qui supprime la distinction entre matières obligatoires et matières facultatives, désormais toutes enseignées dès la première année. Mais c’est surtout à partir de 1881 que l’organisation de l’enseignement dans les écoles normales primaires, soit d’instituteurs, soit d’institutrices depuis la loi de 1879, impose une élévation du niveau des études : l’enseignement scientifique se renforce considérablement auprès des futurs maîtres et maîtresses.


L’enseignement des sciences au service de la IIIè République

Ainsi, la période 1833-1923 conduit les sciences à devenir, sinon le principal enseignement de l’école primaire (ce qu’il n’a jamais été), du moins l’un des plus représentatifs des espoirs affichés par le « nouveau régime » scolaire annoncé par Jules Ferry dès 1881 : une éducation libérale de l’esprit par les sciences, et pour laquelle le musée scolaire et les leçons de choses constituent des « auxiliaires » incontournables puisque réside en eux la vertu éducative de la science. Les élèves-maîtres sont donc formés, dans les écoles normales, à transmettre ces valeurs à leurs élèves au cours de leurs enseignements de sciences. Quels sont, finalement, le rôle et les procédés de l’enseignement des sciences naturelles ? Le recteur Louis Liard, en 1904, lors d’une conférence donnée au Musée pédagogique, affirme que : « […] l’enseignement des sciences naturelles doit être une discipline éducatrice, et non pas un chargement de la mémoire. Des faits, d’abord, exactement perçus et ce sera une culture de la faculté d’observation ; puis des faits comparés, et ce sera une culture de la faculté de la comparaison ; enfin, à la suite de ces comparaisons, des liaisons positives, constatées entre les faits, et ce sera une culture de la faculté de généralisation, une première conception de la loi, un premier éveil scientifique. » L’enseignement des sciences procède donc comme la science elle-même.

L’histoire de l’enseignement des sciences comme objet de recherche

La précédente chronologie s’est attachée à présenter les collections scientifiques de l’école normale garçons de Douai, et le grand intérêt qu’elles revêtent, dans le cadre d’une démarche de valorisation patrimoniale en raison de leur nombre, de leur richesse, de la rareté des pièces et des spécimens qui les composent. Elles constituent également une source originale pour la recherche en histoire de l’éducation, particulièrement celle qui concerne les débats au sujet du curriculum. Ceux-ci sont aujourd’hui « décantés ». Les problèmes soulevés par la définition d’un cours d’études se sont sensiblement déplacés depuis la mise en place progressive des enseignements de sciences à l’école au cours du XIXe siècle. Ils portent aujourd’hui sur des prescriptions programmatiques de grande envergure, ou ont été reformulés par des recommandations et par des associations d’enseignants disciplinaires, selon des approches essentiellement didactiques, et de ce fait indifférentes à la dimension diachronique des problèmes. Une recherche novatrice reposerait sur une approche historique et épistémologique de l’enseignement des sciences durant la période 1833-1991 en analysant l’évolution conjointe des prescriptions, des recommandations et des pratiques des acteurs scolaires. Cette recherche permettrait ainsi d’intégrer l’histoire des institutions scolaires dans l’histoire sociale afin de proposer des éléments de réponse à la question « Pourquoi l’école enseigne-t-elle ce qu’elle enseigne en sciences ? »


Cette présentation succincte de l’École normale d’Instituteurs de Douai et de ses collections révèle la richesse et la diversité du patrimoine scientifique et technique des universités du Nord-pas de Calais en général, et de l’Université d’Artois en particulier. Ce patrimoine devrait, en conséquence, être reconnu et valorisé comme lieu de mémoire et de recherches. Une approche novatrice invite à interroger sa constitution, sa conservation et son exploitation historique, en l’exposant au regard du public, et en l’instituant comme objet de recherche pour la communauté scientifique. Ainsi, cette dynamique doit permettre de renforcer la position institutionnelle de l’histoire des sciences et des techniques au sein de l’université, en ouvrant de nouvelles perspectives pour l’enseignement des sciences et pour l’histoire de l’éducation. Ce nouveau champ d’études a de fait pour mission de contribuer au développement de la culture scientifique à destination d’un public large, et aux débats actuels sur la science.


Johann-Günther EGGINGER : Maître de conférences en biologie des organismes à l’Université d’Artois, Équipe V2S du laboratoire LBHE à Lens.


d'après ce livret édité par l'Université de Lille que l'on peut retrouver en cliquant :

https://www.yumpu.com/fr/document/read/27627253/enseigner-rechercher-universitac-lille-1


On peut aussi le consulter en pdf en cliquant sur le lien ci-dessous :

https://drive.google.com/file/d/1XlXDkRPTOI-srSOnqjyGy3kaLdLXtMLH/view?usp=sharing






Cours de chimie sur l’hydrogène dans la salle de manipulations, vers 1900

Lu dans SCIENCE ET VIE décembre 2024 cet article au sujet des "HUSSARDS NOIRS DE LA RÉPUBLIQUE"selon l'expression de Charles Péguy

 ÉCOLE ET RELIGION : LA CHARGE DES HUSSARDS NOIRS DE LA RÉPUBLIQUE

D'après un article publié le 25 DÉC 2024 À 10H00 dans Science et Vie

Élèves d'une école publique à Orbigny, dans l'Indre-et-Loire, en 1909, quatre ans après la mise en œuvre de la loi de séparation.

Avec l'avènement de la III République émerge un nouvel ordre au service de la nation, celui des combattants de l'instruction publique, mobilisés autour de trois mots d'ordre qui sont encore la marque de notre système éducatif actuel : gratuité, obligation et laïcité. Serviteurs dévoués à leur mission, ces « hussards noirs » ont su renforcer l'identité nationale et inculquer des valeurs républicaines à plusieurs générations.

Un ouvrier père de famille consomme inutilement 0,15 franc d'eau-de-vie chaque matin et 2,50 francs de tabac tous les 15 jours. Le dimanche, il dépense en outre 3 francs au cabaret. Combien, avec l'argent mal employé pendant un an, pourrait-il acheter pour sa famille de litres de vin à 65 francs la feuillette de 120 litres ? » Face à ce problème d'une profondeur insondable, les enfants se plongent dans les pages de leur cahier de brouillon ou regardent leurs sabots en priant la Vierge de ne pas être appelés au tableau noir. Pendant que le maître déambule entre les pupitres mains derrière le dos, l'œil sombre et la moustache sévère, on entend les mouches voler. Au mur entre la Déclaration des Droits de l'Homme et le portrait de Victor Hugo, une maxime écrite en belles lettres capitales, cingle comme un coup de fouet : « Les bons écoliers feront les bons citoyens. Le paresseux fait du tort à lui-même, mais surtout à son pays. » La salle de classe suinte la discipline. Une discipline incarnant le pouvoir étatique et censée préparer les futurs citoyens à se plier aux lois de la nation. En cette année 1890, vingt ans après la déculottée infligée par les Prussiens, l'heure est à la fortification des esprits, à l'apprentissage des saines et souveraines règles élémentaires de la vie morale. Une morale purement laïque ne devant ni à Dieu ni à diable. « Nous voulons que vous nous fassiez non seulement des instituteurs, mais des éducateurs » a recommandé Jules Ferry, l'ancien ministre de l'Instruction publique et président du Conseil, aux directeurs d'écoles normales chargés de former la nouvelle garde d'instituteurs, dévoués corps et âme à la IIIe République.


Plus tard, Charles Péguy, se remémorant ses souvenirs d'école primaire à Orléans où les élèves-maîtres de l'école normale voisine venaient enseigner, parlera de « hussards noirs » pour évoquer ces jeunes gens investis d'une mission de la plus haute importance : instruire la population française. Ces véritables missionnaires laïcs, « sveltes, sévères, sanglés » dans leur uniforme noir qui lui rappelle celui des cavaliers d'élite du Cadre de Saumur, sont devenus le « bras armé » du nouveau régime pour ancrer la République dans les jeunes cœurs palpitants de la société. 


Stéphane Tréla (promo 56 60) ravive le souvenir du patois coutichois et publie un lexique de plus de 650 mots ou expressions

 

Coutiches : Stéphane Tréla, historien local, sort un petit lexique du patois Coutichois

L’écrivain, Stéphane Tréla publie un livre pour préserver le patois Coutichois, une langue locale en voie de disparition. Ce lexique rassemble 653 mots et expressions typiques du village.
Stéphane Tréla organise des causeries autour du patois coutichois auprès des habitants

Passionné par l’histoire locale de Coutiches, Stéphane Tréla, enseignant retraité, a concrétisé son projet : publier un livre sur le patois Coutichois. Ce lexique unique, issu du Picard et du Rouchi, témoigne de la richesse linguistique de son village et vise à préserver une langue en voie de disparition.

Dans son ouvrage, Stéphane Tréla propose un lexique de 653 mots issus du patois Coutichois, une langue parlée jusqu’au milieu du XXsiècle, mais aujourd’hui oubliée par les jeunes générations. « Il s’agit de conserver la mémoire des mots d’une langue strictement locale que seuls les octogénaires comprennent encore », explique l’auteur. Des termes comme « fouteux » (moqueur, méprisant) ou « endever » (agacer, importuner) sont expliqués et illustrés par des expressions typiques du quotidien des habitants de Coutiches.

L’histoire de la vie rurale

« Ce qui n’est pas écrit est perdu. Une langue qu’on ne pratique plus, quand on ne la comprend plus, elle s’oublie », précise l’écrivain. Une démarche qui a d’ailleurs été saluée par le Centre international de la langue Française à Villers-Cotterêts, où l’ouvrage a été retenu parmi une sélection de livres sur les langues régionales. En revenant sur l’origine et l’usage de ces mots, l’auteur nous plonge dans l’histoire de la vie rurale, celle des paysans. Ce lexique n’est pas seulement un trésor linguistique, mais aussi un précieux témoignage de la culture locale, de la rue du Riez et du village de Coutiches.

« Coutiches : Le patrimoine immatériel » Stéphane Tréla - Tel : 07 78 40 02 85

d'après un article de la Voix du Nord du 20 décembre 2024

Presque tous les professeurs du vieux collège Streinger, place du Barlet à Douai, étaient d'anciens élèves-maîtres de l'École Normale de Douai


 

Sur cette photo colorisée prise en 1964, sont rassemblés 22 professeurs du collège Streinger de Douai, dont 16 hommes et 8 femmes. Et sur les 16, 13 sont d’anciens élèves-maîtres de l’ENI de Douai, soit plus de 80%. Certains d'entre eux ont eu une carrière hors du commun. Les plus anciens de nos promotions peuvent en témoigner.

Au premier rang de gauche à droite, Pierre Haloy (promo 29 32), Mmes Bodechon, Aupetit, Poindron, Maurice Fosseux (25 28) premier directeur du collège Streinger, Mme Pirckher, Charles Monnier (43 44), Mme Denise Plancot.

2e rang : Charles Queulin, Roland Allender (52 56), Michel Wencel (54 58) archiviste trésorier de l’amicale des anciens de l’EN de Douai, Mme Fagnen, Henri Smedts (35 38) champion  des Dicos d’or en 1987, Michel Sturcq, Charles Jacquemin(39 42), professeur de musique à l’ENG)

3e rang : Georges Wartelle, Roland Pocquet (50 52) créateur de la Maison de la Culture de Douai « Hippodrome » , Albert Poteaux (38 41), Raymond Bracq (38 41), Marc Dubois (55 59), Louis Thbaut (41 45), Premier prix en Dissertation au Concours Général des Lycées et collèges Universitaires en 1943, Docteur en Histoire à l’Université de Lille,  Marc Mercier ( 33 36) maire de Cuincy de 1971 à 1980.




Le collège Streinger à Douai

Initialement “cours complémentaire François Lemaire”, il était dirigé par Maurice Fosseux et ne comptait au départ que quatre professeurs dont Charles QUEULIN (voir la photo). L'école se trouva vite à l'étroit et déménagea place du Barlet dans des préfabriqués construits après guerre pour le lycée de garçons. On l'appela “collège du Barlet". Au début des années 60, les effectifs augmentèrent rapidement. À l'école primaire, on supprima les classes de fin d'études et les communes environnant construisirent bien plus tard leur propre collège. Bon nombre d'instituteurs exercèrent alors en collège après avoir obtenu le CAP CEG. Au milieu des années 60, le collège prit le nom d'André Streinger, inspecteur départemental de la circonscription de Douai, décédé en activité en 1961. Les bâtiments vétustes étaient entretenus par le personnel communal qui allumait chaque matin le poêle à charbon. On toussait parfois en entrant, mais les élèves qui venaient de la périphérie à bicyclette, étaient bien contents de se mettre au chaud, les matins d'hiver. En 1968, les bâtiments « provisoires » furent rasés après plus de 20 ans, de bons et loyaux services. À la même époque, les collèges prirent le nom de C.E.S et virent l'arrivée progressive de professeurs certifiés. Pour les anciens, l'horaire hebdomadaire fut réduit en à peine 10 ans de 24 heures à 18h. Les réunions parents professeurs ne se déroulèrent plus les samedis après-midi et peu à peu le samedi matin disparut des emplois du temps. Pour ma part, j'ai hanté les couloirs du collège pendant 34 ans. À l'école normale, j'avais connu pendant quatre ans, le même professeur de musique, Charles Jacquemin. Dès 1963, je l'ai côtoyé à nouveau jusqu'à son départ à la retraite : une quinzaine d'années ! Dur, dur ! Parmi l'équipe enseignante, il est le seul que je n'ai pas réussi à tutoyer. Michel WENCEL, promo 54 58

Bernard COGET, promo 61 65, membre du CA de l'Amicale des anciens normaliens de Douai, honoré pour ses divers engagements culturels, sociaux ou philantropiques

Bernard Coget  distingué pour son engagement

 (La Voix du NORD du 1 décembre 2024)






Aniche.

Bernard Coget a reçu des mains de Roya Affignon, présidente de la délégation Nord – Pas-de-Calais, la médaille d’or de la Renaissance française. Une fierté pour cet ancien professeur maintenant retraité. Cette distinction décernée pour la première fois en 1915, récompense des personnalités qui se sont illustrées dans les domaines culturels, sociaux ou philanthropiques.

Né en 1946 à Aniche, Bernard Coget a commencé sa carrière en tant que professeur d’histoire-géographie et a enseigné au collège de Masny jusqu’en 2005. Il est particulièrement reconnu pour son engagement au sein de l’Association des auditeurs de l’institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) pour la région Nord, où il a occupé plusieurs postes : auditeur, directeur des études, vice-président, puis président.

Une distinction aussi en 2021

En novembre 2021, il est promu officier dans l’ordre des Palmes académiques en reconnaissance de son dévouement et de son travail au sein de l’association. Passionné de géopolitique, il a également œuvré pour l’intégration de cette discipline dans l’enseignement scolaire. Par ailleurs, il est un excellent joueur de tennis de table et un jardinier passionné, responsable de l’association locale. Didier Margerin ( CLP)


JOËL MACKE, PROMO 68 73, HONORÉ POUR SA VIE CONSACRÉE À LA MUSIQUE

Notre vice-président de l'amicale, Jacques Devienne nous a adressé par mail la copie de 2 articles parus cette semaine concernant Joel Macke, de la promotion 68 73, honoré pour ses 60 ans de vie au service de la musique :

"Voici deux articles de presse concernant la remise de distinction de l'Union musicale d'Hazebrouck à Joël Macke ("L'indicateur des Flandres" et "La voix du Nord") . 

Je suis particulièrement sensible à cet hommage rendu à notre collègue car il a appartenu à la promotion 1968/1973 de l'école normale de Douai (une des dernières promotions qui a suivi la mienne 1967/1970). D'autre part toute sa carrière a été placée sous le signe de la musique puisqu'il a été instituteur dans une école d'application à horaires aménagés en musique puis conseiller pédagogique en éducation musicale chargé de la formation des enseignants du primaire. L'un de ces articles pourrait peut être faire l'objet  d'une publication dans notre prochain bulletin."

Jacques Devienne




VOICI LE TEXTE DE L'ARTICLE DE LA VOIX DU NORD DU SAMEDI 30 NOVEMBRE 2024 :

Depuis soixante ans, la musique  fait partie de la vie de Joël Macke 

Mis à l’honneur samedi pour ses soixante années au sein de l’Union musicale d’Hazebrouck,  Joël Macke, 73 ans, revient sur cette vie consacrée à la musique. 

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HAZEBROUCK.

– Comment a commencé votre long parcours musical ?

« De 6 à 7 ans, j’ai effectué mon unique année de solfège avec mon frère Régis au café Le Damier, à Steenbecque, au milieu des clients. Les cours y étaient dispensés par le sous-chef de l’harmonie, Maurice, un excellent saxophoniste. En 1959, j’ai débuté l’apprentissage de la clarinette dans la menuiserie de Germain Carton, alors chef de l’harmonie de Steenbecque. Pour m’aider à garder le tempo, il enfonçait un à un les clous dans les planches du cercueil qu’il fabriquait, au rythme du morceau de clarinette ! Jusqu’alors réservé uniquement aux garçons, le Progrès Steenbecquois a accueilli les premières filles en 1968, dont mon épouse Armelle et ma sœur Maryfrance. En 1964, mon père, qui jouait du trombone à pistons, voyant que la clarinette n’était pas faite pour moi, m’a encouragé à m’essayer au trombone à coulisses. Et ça fait soixante ans que ça dure ! »

– Votre vie professionnelle, aussi, a été consacrée à la musique ?

« Oui, après cinq années d’étude à l’École Normale de Douai, de 1968 à 1973, j’ai pris mon premier poste d’instituteur, dans une école d’application à horaires aménagés en musique. En 1976, j’ai été nommé conseiller pédagogique en éducation musicale à l’inspection académique du Nord, chargé de la formation des enseignants du primaire. J’ai exercé cette fonction pendant trente ans, jusqu’à ma retraite en 2006. J’ai dirigé l’Union musicale d’Hazebrouck pendant douze ans. J’ai été professeur de trombone et de tuba à l’école de musique pendant une bonne vingtaine d’années et j’y ai créé la classe d’orchestre.

J’ai également dirigé l’Orchestre des tubas de Noël, pendant une dizaine d’années. »

– Comment votre passion de la musique a-t-elle évolué avec les nouvelles technologies ?

« Je suis maintenant graveur musical en autoentrepreneur : je mets en page des œuvres musicales manuscrites. J’en ai déjà réalisé plus de 700 depuis quinze ans. Je travaille surtout pour des maisons d’éditions musicales, un peu partout dans le monde. Je suis également formateur en informatique musicale, pour les enseignants des conservatoires et des écoles de musique du Nord-Pas-de-Calais. »

VALÉRIE BARANEK ( CLP)


PIERRE CABAREZ, promo 66 71, n'est plus, Bernard Godfroy nous en fait part

 



Avis de décès

CRESPIN

Jeannette CABAREZ-DUBRULLE (†), son épouse,
David et Carole CABAREZ-DEVOGHELAERE,
François et Amandine CABAREZ-REGNARD,
Céline CABAREZ et Julien LEGGETT, ses enfants,
Mathis, Mathilde, Florian, Célestin, Nathan, ses petits-enfants,
ses frère, sœurs, beaux-frères, belles-sœurs,
ses filleul, neveux, nièces, cousins, cousines,
Marguerite, sa marraine,
toute la famille,
ses voisins et amis,
Benoît, son kinésithérapeute,
Cécile, son auxiliaire de vie dévouée,
le personnel médical et soignant qui l'a accompagné,
 
ont la tristesse de vous faire part du décès de

Monsieur Pierre CABAREZ

Retraité des Ets ANF-Bombardier

survenu à son domicile, le dimanche 17 novembre 2024,
à l'âge de 74 ans.

Les funérailles religieuses seront célébrées le vendredi 22 novembre 2024, à 11 heures, en l'église Saint-Martin de Crespin, suivies de la crémation à Beuvrages, 110, rue Jean Jaurès.

Réunion en l'église à 10 h 45.

L'offrande tiendra lieu de condoléances.

Monsieur CABAREZ repose au funérarium des pompes funèbres Swiderek, salon Claude Monet, où la famille recevra les visites
de 16 heures à 18 h 30.

Pompes Funèbres et Marbrerie SWIDEREK
260, avenue Jean Jaurès - QUAROUBLE ✆03.27.27.43.83

Avis de décès paru dans La Voix du Nord le 19/11/2024 | réf ROS2_2002110997_19366762_19 | publication web le 19/11/2024. Vous pouvez acheter et lire La Voix du Nord du 19/11/2024

11 Novembre, dans chaque école normale subsiste, comme à Douai, un monument aux morts. Quelle en est la raison ?

 

11 novembre : ces monuments aux morts peu connus dédiés aux instituteurs



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LE MONUMENT AUX MORTS DE L'ÉCOLE NORMALE D'INSTITUTEURS D'ARRAS

Pour ce 11 novembre, on se gardera de commenter les propos injustes de Nicolas Sarkozy sur le temps de travail des professeurs des écoles. Et on préférera se réjouir que des centaines de professeurs des écoles accompagnent encore leurs classes pour les cérémonies devant les monuments aux morts, plus de cent ans après leur construction.

Mais il est un autre aspect du lien entre l'école, les instituteurs et les morts pour la France que cette fidélité mémorielle - et qui l'explique sans doute en partie : ce sont les monuments aux morts consacrés aux instituteurs morts pour la France. Chaque département en comptait un dans l'enceinte de son école normale. Parfois monument, parfois stèle, parfois plaque de marbre, ces monuments ont traversé, depuis un siècle, les métamorphoses des écoles normales, devenues IUFM, puis ESPÉ et enfin INSPÉ, et ont parfois été déplacés quand les vieux et beaux locaux étaient abandonnés, comme par exemple celui de Limoges. Des cérémonies y sont toujours organisées à l'initiative des directeurs d'INSPÉ, en présence d'enfants des écoles. Parfois, ces monuments ont été oubliés, perdus, parfois détruits, puis retrouvés, comme en Dordogne : pourtant, c'était devant lui que posaient les différentes promotions de normaliens.

Les livres d'or, premiers hommages

L'idée de rendre hommage aux instituteurs combattants est née très tôt, dès le début de la guerre, par une circulaire du ministre de l’Instruction publique Albert Sarrault du 12 septembre 1914 qui demande aux recteurs d’académie d’ouvrir le Livre d’or de l’Université. Elle prescrivait que, parmi les 25.000 membres de l’enseignement public qui « combattent pour le salut de la France », on noterait « pieusement les noms de ceux qui accompliront des actions d’éclat ou qui verseront leur sang pour la patrie ». Dans chaque département, le plus souvent conservés dans les archives des écoles normales, ces livres d'or recensent ceux « qui auront mérité, pendant la campagne, une promotion de grade, une distinction militaire, une citation à l’ordre de l’armée » et « la liste de ceux qui seront tombés, morts ou blessés, sur le champ de bataille ».

Un projet de monument aux morts national pour les instituteurs inabouti

En 1916 naît l'idée d'édifier, après la guerre, un monument à la gloire des instituteurs morts pour la France. Un comité d’honneur est constitué, composé de grandes personnalités laïques, radicales ou socialistes, comme Paul Painlevé, Émile Combes ou Ferdinand Buisson, mais aussi de Maurice Barrès. Il aurait dû être installé à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, mais il ne verra jamais le jour. Comme l'écrit, Hugues Marquis, historien spécialiste de cette question, « les monuments dédiés aux instituteurs morts pour la France sont donc locaux, édifiés dans les départements, dans l’enceinte des écoles normales ». Certains sont grandioses, comme celui de l'École normale de Parthenay, dans les Deux-Sèvres, ou celui d'Arras (illustration).

Les instituteurs dans la Grande Guerre : un lourd tribut

Les dizaines de noms gravés sur ces monuments départementaux révèlent l'ampleur de la mobilisation des instituteurs : sur environ 35.000 instituteurs mobilisés (ce qui correspond à une moyenne d'un par commune), 28.000 l'ont été dans des formations combattantes, 7.407 sont « tombés au champ d’honneur », 9.624 ont été blessés et 11.976 ont été cités. Pour Hugues Marquis, « si l’on y ajoute les élèves-maîtres, non comptabilisés dans cette statistique, on perçoit que, non seulement le tribut payé à la guerre a été lourd, plus lourd que dans d’autres catégories socio-professionnelles, mais aussi que la participation tant quantitative que qualitative des maîtres à la guerre a été remarquable ». De ces milliers d'instituteurs combattants émergent les figures du premier mort de la guerre, le caporal Jules André Peugeot, tué le 2 août 1914, ou celle de l'auteur de La Guerre des boutons, Louis Pergaud, prix Goncourt 1910, fauché en 1915. Sur ce combattant à la fois comme les autres et différent, et sur l'impact de la guerre sur l'enseignement des instituteurs survivants à leur retour en classe, on lira le texte d'Emmanuel Saint-Fuscien. Nul doute que ce sacrifice massif des instituteurs contribua à renforcer le prestige de sa fonction dans les villages et à les faire entrer dans le panthéon des symboles d'union nationale, après les années de lutte anticléricale. Et on se réjouira que les familles, les associations et l'institution entretiennent pieusement la mémoire de ceux qui étaient devenus, plus qu'en image, des hussards.


Frédéric Sirgant

Chroniqueur à Boulevard Voltaire, professeur d'Histoire


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