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vendredi 24 février 2023

Le Pavillon des sciences, un lieu mythique au sein de l'école normale d'instituteurs de Douai, abandonné en 2009 et aujourd'hui en travaux entrepris par le département. Pour quelle destination ? Visite des lieux et séquence émotion par Georges Wosik (promo 76 78)

 



Un lieu mythique

Photo colorisée du pavillon des sciences en 1936

2009 : abandon programmé du Pavillon des Sciences Naturelles de l’ex-ENG, aménagé, je suppose, à la création des Écoles Normales, puis entretenu, bichonné, enrichi chaque jour de chaque année par de multiples trouvailles diverses et ses professeurs bienveillants (1).

 Un antre vieillot, haut de plafond, dont chaque pan accueille une bibliothèque vitrée, exhibant au regard des curieux tout un fatras de bestioles, livres, ossements, moulages et autres microscopes par dizaines.

Un silence religieux plane dans cette enfilade de salles, salles de cours envahies de béchers et appareils d’alchimiste, salles de stockage de matériels pédagogiques.

A tout moment, le regard est attiré par des objets aux formes étranges, aux fonctionnalités inconnues, brillant dans les recoins des placards laissés entrouverts, et, aiguisant presque une fascination quelque peu malsaine pour cette grotte hors du temps.


2009 : drame, catastrophe. Fermeture annoncée, placards fermés, objets laissés à l’abandon comme après une attaque de zombies précautionneux, silence uniquement ponctué de grincements et craquements. 

La cafetière est toujours branchée, les dessins d’enfants et autres faire-part de naissance toujours accrochés en bonne place, à peine décolorés par le soleil qui peine à se frayer un chemin dans ce désordre. Le Pavillon des Sciences est à l’abandon, eau et électricité coupées, prenant mollement la poussière, reliques se liquéfiant doucement, les professeurs ne veillant plus sur ces trésors, chassés de leur tanière par une force obscure.

Visite, de ce qui fut pour moi un haut lieu d’apprentissage lorsque j’étais élève-maître, l’ultime visite, la dernière en ce début d’automne sous nos latitudes nordiques, tempête, vent, pluie et ciel gris. 

Ouverture de la première porte dans un grincement sinistre, et narines aussitôt envahies par l’odeur si caractéristique de formol et de poussière.

Traversée de la première salle de cours, vide, timidement nimbée par la lueur blafarde d’un lampadaire asthmatique. Sur l’estrade, une collection de papillons à faire pâlir d’envie le moindre entomologiste. Casiers ouverts, vomissant au sol des pelletées de préparations de cours, examens, livres, exercices divers.

Porte, premier laboratoire : armoires de bois toutes en hauteur, panneaux coulissants s’ouvrant à grand peine dans un crissement agressif pour les tympans. Moulages de fossiles de dinosaures, dents de rhinocéros laineux, silex. Une autre armoire dévoile un troupeau impressionnant de microscopes en totale liberté, à socle en fonte, et leurs boîtes idoines. Une étiquette sur une étagère porte la mention « Les champignons », et, pas de surprise, il y a bien des champignons ! Un buffet recèle une collection effrayante d’animaux et végétaux innocents, figés pour l’éternité dans la torpeur du formol. Étoiles de mer, holothuries, épeires par grappes, vous reprendrez bien une louche d’embryons de lapins ?

Porte, seconde salle de cours : dépouillée, blanche, presque propre, presque nette, presque rassurante par rapport au reste des lieux, mais, ô surprise, qu’est-ce donc que cette chose blanchâtre, là-bas au loin ? Un squelette de chat ! Tabernacle.

Porte, couloir désert, troisième salle de cours : débarrassée de tout contenu d’enseignement, ne subsistent que quelques placards, riches en découvertes. Des mandibules de chevaux, des crânes de carnivores non identifiés, de tailles variées, une colonne vertébrale, un pied et deux fémurs folâtrant aux côtés de dents de chat méticuleusement rangées et étiquetées dans de petits bocaux.

Porte, second laboratoire : l’antithèse du premier, plus clair, blanc, aéré, moins fouillis. L’exploration du labo de biologie peut commencer. Tiens, un cœur de truite en plastique démontable. Qu’y a-t-il dans ces bocaux ? Beurk, on dirait un mélange de poumons et de cerveaux ! Soudain, une pause s’impose alors, pour improviser un tango diabolique avec l’écorché en plastique, aux yeux exorbités, qui n’est pas sans rendre un hommage discret au Cavalier de l’Apocalypse de Fragonard. Ah cet écorché ! Il m’avait valu - élève-instituteur en 1976 - une remarque amusée de ma professeur de sciences, madame Malexis : alors que mon voisin de paillasse avait été pris d’un fou rire communicatif qui n’avait pas échappé à notre professeur, celle-ci me dit en souriant : « monsieur Wosik, si j’avais  imaginé un seul instant que l’écorché vous faisait tant rire, je l’aurais sorti à chacun de mes cours ! »

Une photo réalisée en février 2023 par Georges Wosik, prise à partir de la rue d'Albergotti montrant l'importance des
travaux réalisés sur l'ancien Pavillon de l'ENG


Suite de la visite : l'œil est alors attiré par des récipients de formes étranges et biscornues : racines de jacinthes, tubercules de dahlias, nous voilà donc au rayon botanique. Mais, que contient ce tube bleuâtre ?  Des embryons de souris classés par stade de développement. Je pense que le qualificatif « migon » n’est pas le plus adapté pour dépeindre cette chose !

Porte, dernière salle de cours (en contrebas) : dans mes souvenirs, il y avait autrefois un squelette humain complet dans un coin, mais il s’est volatilisé, envolé, a pris la poudre d’escampette pour aller rejoindre ses copains et faire la fête ! Une maquette de « la butte à Gibon » (2) de plusieurs m² prend dignement la poussière aux côtés d’un cygne naturalisé. La curiosité me pousse à ouvrir les placards, et, surprise : des taenias, vers, parasites, toute une gamme d’horreurs équivalentes trônent sur les étagères vétustes.

Après un dernier tour d’exploration dans un cagibi où s’entassent des cartes pédagogiques par dizaines, il est temps de reprendre cette enfilade de cabinets de curiosités, de fermer les portes et de clore une histoire plus que centenaire. Histoire de curiosité, d’intérêt, de fascination, histoire de collections, de vie, de mort, de cailloux et de microscopes.

Une fois le dernier verrou verrouillé, je me suis senti étrangement nostalgique de cette période où  nos professeurs respectifs suscitaient en permanence notre curiosité, l’élément moteur indispensable pour tout apprentissage réussi.

Le Pavillon des Sciences est désormais vidé de toute présence humaine, mais dont l’âme continue de planer, faisant grincer les planchers et couiner les fenêtres. 

En cette année 2023, des travaux de grande envergure sont entrepris par le département. Quelle sera la nouvelle destination de ces bâtiments qui ont abrité tant de curiosités et suscité tant d’interrogations par le passé ?


(1) Madame Francine Malexis, messieurs Gérard Allart, Raphaël Crépin, Paul Gibon, René Guilmot, Daniel Plumé, Victor Tryoën, les professeurs de SVT que j’ai connus

(2) Dans les année 1980, monsieur Gibon avait aménagé un immense jardin sauvage à la Porte d’ Arras devenue « butte à Gibon »



Georges Wosik

Ancien Responsable Pédagogique du Site IUFM de Douai (2011-2012)


Commentaires sur la publication : 


"Merci Georges, quel émouvant témoignage ..."

mercredi 6 novembre 2019

Souvenirs de René Guilmot, professeur à l'École Normale de Douai pendant 16 ans

En 2013, à Boulogne, en compagnie d'Alain Denhez et André Léger, René Guilmot a gardé un lien avec ses anciens élèves-maîtres, lesquels en échange ont un excellent souvenir de leur professeur et de sa pédagodie

L'association m'a sollicité pour évoquer le souvenir de mes années passées à l'Ecole Normale de Douai. J'y ai professé près de 16 années, à l'issue de mon service militaire ; c'est dire si les souvenirs abondent. En premier lieu, je retiens la qualité des rapports enseignant-enseignés ; les Normaliens constituaient un public de qualité, recruté sur concours, qui se montrait intéressé et plutôt facile au regard d'élèves d'autres structures ou niveaux d'enseignement ; le côté concret de ma discipline facilitait sans doute aussi leur attention.

Mes conditions d'enseignement ont évolué durant ces 16 années.De la formation à une discipline encore nommée ''sciences naturelles'' à mes débuts, puis devenue ''sciences de la vie et de la terre'' dans les années 70, ma reconversion en pédagogue de l'enseignement des sciences à l'école élémentaire a été rendue nécessaire lorsque les ''Elèves Instituteurs'' furent recrutés après le Bac. Mon passage à l'EN s'est terminé en 80 lorsque l'institution est devenue IUFM dans laquelle je n' ai donc exercé qu'une année.
Des souvenirs, j'en ai évidemment plein la tête (c'est bien le cas de le dire comme vous le verrez ci- après), depuis les petites mésaventures qui me sont arrivées et que la promotion 67-71 n'a pas manqué de me rappeler lors de son repas de promotion (je pense à la craie mise à la bouche en fin de cours au lieu et place d'une cigarette car hélas je fumais un peu à cette époque, voire encore la chute sur mon crâne de la barre d'accrochage des planches de sciences, mal fixée par Madame Blondeau), jusqu'à certaines situations d'enseignement mémorables, notamment les sorties dans ''le milieu''qui favorisaient les contacts humains et la connaissance des personnes : le camp des secondes à Fourmies avec Georges HAGE, les sorties en forêt de Marchiennes où l 'on étudiait la faune et la flore du ruisseau de Coutiches avec Claude, notre savant chauffeur, les inoubliables séjours à Sainte-Enimie avec les ''FP''et la périlleuse descente du bus dans les Gorges du Tarn lors de notre première classe verte en ces lieux ; que de richesse dans les rapports profs-élèves lors de ces sorties écologiques !
 Je retiens encore de mon passage à l'EN l'excellence du travail en équipe (équipe des scientifiques avec Paul Gibon, Francine Malexis, Victor Tryoën, en y associant les aides de laboratoire), équipe des professeurs d'autres disciplines par les concertations internes, et encore et surtout le travail en classe avec les maîtres d'application, comme on les appelait à l'époque, qui avaient la mission la plus délicate, celle de mettre en œuvre nos suggestions pédagogiques sans doute parfois trop théoriques. Je conserve d'eux un souvenir admiratif et reconnaissant car ils valorisaient notre recherche à travers leur pratique en classe. Beaucoup sont disparus, mais je les conserve tous dans ma mémoire.
J'aurai une dernière pensée pour mon ami et très regretté Jean Bacquet qui m'avait initié à sa remarquable méthode d'apprentissage de la guitare en m'admettant dans son club.
Certains se reconnaîtront probablement dans ces souvenirs qui m'auront permis, le temps de ma réflexion, de revivre une tranche passionnante de mon passé qui aura éclairé, sans conteste, la suite de ma carrière .

lundi 20 mai 2013

VICTOR TRYOËN : HOMMAGE AUX PROFESSEURS DISPARUS


Victor Tryoën, 

Photo prise lors de son départ en retraite, reproduite dans le bulletin n°111  daté de janvier 2013 de l'amicale des Anciens de l'ÉCOLE NORMALE D'INSTITUTEURS ET DU CENTRE I.U.F.M. DE DOUAI

LES CAHIERS CLAIRAUT LUI ONT RENDU HOMMAGE :

Notre ami Victor est décédé le 6 décembre 2009 à l'âge de 87 ans.
Faire mémoire de Victor, c’est d’abord parler d’un ami, avec cette myriade de souvenirs qui reviennent en mémoire ; souvenirs personnels et collectifs qui, rassemblés, dressent le portrait de cet homme fin, sensible et chaleureux, assez timide, mais doué d’un humour auquel il donnait libre cours quand il se sentait en confiance, que nous avons eu le bonheur de connaître.
C’est aussi témoigner de l’empreinte dont il a marqué le CLEA. Autant que Gilbert Walusinski, mais à sa façon, différente, il nous a conduits à appréhender le cœur de la fonction d’enseignant.
Quand nous l’avons connu, au tout début de la vie du CLEA, il enseignait la physique en École Normale à Douai. L’astronomie fut pour lui un incident de parcours, son directeur l’ayant désigné "volontaire d’office" pour animer un club ; elle devint rapidement une passion, parce qu’elle lui donnait abondamment matière à illustrer la méthode de découverte et l’appropriation d’un savoir par l’expérience, la manipulation. Il mettait en pratique sa règle d’or, devenue une sorte de proverbe du CLEA: "la répétition fixe la notion", en imaginant de multiples protocoles expérimentaux, diverses activités autour d’une même notion ou d’un même phénomène, activités dont il sériait soigneusement les étapes. Il n’avait pas son pareil pour imaginer des maquettes et les réaliser avec les moyens du bord, avec toujours en tête cette autre règle d’or : chaque élève doit pouvoir la manipuler.
Des élèves, nous n’en avions pas sous la main – le CLEA n’a pas d’école d’application! – mais les enfants, aujourd’hui adultes, qui accompagnaient leurs parents stagiaires d’écoles d’été se souviennent encore de séances mémorables.
Le passage par la maquette pour accéder à la vision spatiale lui tenait particulièrement à cœur et lui fit répondre un jour à un inspecteur qui prônait davantage d’abstraction : "moi, je travaille pour les imbéciles". Animer un club d’astronomie à Douai posait les problèmes des conditions d’observation que l’on peut imaginer ; alors Victor découvrit – et nous fit ensuite découvrir – les "documents de substitution". Le CLEA en a produit beaucoup, dont il fut souvent auteur ou co- auteur.
Je crois qu’il a aussi marqué de son empreinte la méthode, elle-même expérimentale, qui a procédé à la mise sur le marché de nos documents : chacun repartait à la fin de l’école d’été avec les maquettes ou les instruments qu’il avait construits ou le détail du protocole d’une observation. Ceux qui revenaient l’année suivante exposaient les réussites et les échecs de la reprise avec leurs élèves, et l’on remettait l’ouvrage sur le métier.
La méthode d’apprentissage des constellations de Victor, avec ses grandes planches peintes en bleu nuit et les clous dorés figurant les étoiles qu’il fallait relier avec des élastiques est certainement le souvenir de lui que beaucoup d’entre nous ont conservé. A moi, l’astronome pour qui les constellations étaient sensée n’avoir (peut-être ?) pas de secret, il posa timidement cette question, le premier soir de la première école d’été: "Connaissez-vous le dauphin ? Voulez-vous que je vous le montre?" Et nous avons alors arpenté ensemble la constellation du Cygne ; chaque fois que je la regarde, elle me parle de Victor. Lucienne Gouguenheim

Victor Tryoën était un ami et je l'admirais : son aisance devant un auditoire, la maîtrise des sujets qu'il présentait et sa facilité à utiliser des démarches pédagogiques variées et toujours adaptées me donnaient du bonheur. Impossible d'oublier son air malicieux au cours d'un exposé : on pressentait aussitôt, le connaissant, qu'il allait faire preuve de cet humour qui nous réjouissait tant à chaque fois. Un souvenir, parmi tant d'autres, le dernier soir à Sophia Antipolis: comme de coutume, Victor avait rédigé un texte pour clore cette semaine de stage. Il a lentement descendu l'escalier du hall entre deux haies de collègues enjouées puis il a détaillé précisément ce qui aurait dû, à son avis, constituer le déroulement idéal de l'école d'été : en doublant les cours et en supprimant tous les "temps morts" (repas, interclasses diverses et même temps de sommeil...!), il arrivait à une activité du groupe qui remplissait les 24 heures de chaque journée !
Que d'occasions nous ont tous ravis en travaillant avec Victor ; les souvenirs seraient si nombreux à évoquer. Il nous a marqués de sa personnalité et de sa démarche d'enseignement et reste pour moi un modèle inoubliable. Daniel Bardin.
Victor Tryoën à l'île de Ré
Il y a une phrase de Victor que je n'hésite pas à répéter souvent : "la répétition fixe la notion". Plus je la redis et plus j'en comprends le sens. Georges Paturel

Les constellations ont perdu leur maître, dorénavant nous le verrons parmi elles. Jean Ripert


Après ta si jolie phrase je laisse simplement mes souvenirs courir de stages en stages.

Les images jaillissent où la gentillesse de V ictor illumine encore ces nuits de repérage.
Le ciel est clair ce soir, je vais aller voir le grand G de l'hiver et penser... Jacky Dupré


Victor ou la pédagogie incarnée. Il était sensé nous apprendre à reconnaître les constellations et en fait, il nous a, par sa pratique, enseigné la pédagogie :

a. Partir des choses simples pour aller vers les choses plus complexes,
b. Réutiliser ce que l'on vient d'apprendre pour aller plus loin,
c. Veiller à ce que les "élèves" soient actifs en classe, 
d. Ne pas hésiter à les envoyer au tableau pour qu'ils apprennent à s'exprimer clairement devant un groupe, 
e. Apporter régulièrement des informations complémentaires ou des anecdotes pour fixer aussi la notion nouvelle à un autre domaine de connaissances,
f. Faire juste ce qu'il faut (peut-être quelquefois un peu de trop !) de théâtre parce que le professeur est aussi un acteur de théâtre.
Et tout ça avec en toile de fond une culture prodigieuse.

Victor : un maître ! Par la maîtrise de son enseignement et par le chemin qu'il nous montrait.

Les animateurs et les stagiaires des stages d'astronomie de l'Académie de Rennes lui doivent beaucoup. Frédéric Dahringer

Ce lumineux matin du 3 juillet 1979, au milieu des oliviers et des lauriers roses, au Mas du Calme à Grasse, un vieux monsieur (à l'époque, toute personne au delà de 50 ans l'était pour moi) s'affairait avec des planches en bois cloutées, des élastiques, appareils de projection de diapos et autres caisses.

C'était Victor !

Dans l'atelier de 16 à 18 h (qui a débordé jusqu'à 19h30), notre groupe s'est installé dans une pièce obscure et Victor a balayé les cieux d'hiver, d'été avec les bleues, les rouges, des rotations, des dieux, des héros et une pauvre Andromède...

Le rythme était soutenu, on n'avait pas intérêt à flâner parmi les étoiles, les élastiques étaient tendus entre les clous et les constellations apparaissaient et disparais- saient. Chacun notre tour, on "planchait" pour les retrouver, la tête pleine d'étincelles, après le repas, on est allé voir la voûte étoilée (éclairée à l'horizon sud par la lueur de Cannes) Victor a continué.

Inlassable, passionné, pédagogue et tenace, Victor nous communiquait sa passion des étoiles.

Merci Victor, peut-être es-tu allé les retrouver ? Liliane Vilas-Sarrazin

Victor est avec d’ autres amis rencontrés aux Universités d’été, un accompagnateur essentiel de toute ma carrière d’enseignante. Tant de choses devraient être rappelées pour dire la richesse de ces rencontres. Pourtant j’en resterai au début: avec poésie, solide connaissance des mythologies, malice et bonne humeur il nous a appris à reconnaître les constellations du ciel. Plus tard sans qu’il soit là, mais la main dans la main avec Victor, j’ai transmis ce plaisir aux élèves, aux enfants de la famille et des amis... Il m’accompagne aussi quand je lève la tête vers le ciel nocturne et que je m’ y sens en "familiarité". Quelle chance d’avoir rencontré Victor pour cela et pour bien d’autres choses encore ! Catherine Vignon

Lors d'interventions dans des écoles primaires, il logeait chez nous, son arrivée, son séjour avaient marqué nos enfants auxquels il avait "raconté le ciel, la Lune" mais aussi fait des tours de magie, ils s'en souviennent encore ...

Dans une classe primaire il venait de rentrer, un élève a dit bien fort : "Oh mais Madame c'est un Savant ..." Tout est dit !

Lucette Mayer

J'ai connu Victor à Formiguères lors de ma première Université d'Été d'Astronomie en 1987 et j'ai suivi cet été-là, son atelier d'"Apprentissage des Constellations".

Je suis contente d'avoir pu lui dire combien je lui étais reconnaissante de cette formation.

Son enthousiasme, son humour et son érudition dans le domaine le rendaient passionnant et il nous a sans doute communiqué ses qualités de "conteur". Danièle Maurel

Victor encourageait, aidait à surmonter les raisonnements les plus ardus, sans jamais les éluder. Il savait faire passer la difficulté sans souffrance, faire preuve du plus grand sérieux, de la plus grande rigueur scien- tifique, sans lasser. Il savait simplifier sans vulgariser, être clair pour le plus grand nombre sans pour autant lâcher du lest sur la précision. Il accompagnait avec humour toutes nos universités d’été, toujours à l’écoute des autres, toujours modeste et toujours prêt à se remettre en question selon les suggestions et commentaires variés, qu’il ne manquait jamais de compiler de façon nouvelle pour en faire le sel, le nouveau de la conférence suivante. C’était un plaisir de voir ce modèle d’enseignement sans cesse renouvelé et toujours de haute valeur.
La dernière fois que je l’ai vu, il y a quelques années à Pâques, il y avait, le soir, les Gémeaux scintillant vers le clocher de Flayosc, assez haut vers l’Ouest. Je les lui ai montrés en évoquant la bonne vieille époque où il nous montrait le ciel. Il y a eu une ombre dans son regard et j’ai compris que ses souvenirs de constellations s’estompaient. Alors je me suis tournée vers le Nord pour ne pas le gêner et ai dit deux ou trois banalités sur les circumpolaires pour revenir en terrain plus facile. Quand alors il m’a demandé comment je savais que c’était le Nord, la gorge nouée, je lui ai doucement réexpliqué les choses. Il était admiratif comme nous l’étions tous face à lui autrefois.
J’ai compris alors que son esprit nous quittait déjà. Mais ce qu’il a laissé comme connaissances astronomiques aux générations de stagiaires, collègues, voisins, collégiens, est immense, par la façon unique qu’il avait d’allier érudition, logique, rigueur, précision, poésie, humour et humanité. Cécile Decaux

Remerciements :
Si cet article a vu le jour, c'est gràce à un forum de discussion sous forme de courriels qui a réuni quelques anciens de la promotion 66-71 autour de l'évocation de ce professeur exceptionnel, dont Jean-Alain Cornil qui a ouvert le débat en ces termes " Si j'ai choisi l'option Physique en FP, c'est grâce à lui, car j'avais apprécié ses cours, sa disponibilité et surtout son humanité ", André Léger qui a centralisé les témoignages, et surtout Jean-Paul Bridenne qui a exhumé nombre d'éléments qui constituent cet hommage (l'article des cahiers Clairaut de 2010, et la nécrologie ci-dessous en particulier)