Le Conseil d'administration de l'amicale des Normaliens en réunion ce 18 décembre 2019 au lycée d'excellence Edgar Morin, rue d'Arras à Douai

                            Compte-rendu du Conseil d’Administration du  18 décembre 2019



X
M. BONFILS
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A. CARRE
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B. COGET

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D. DELECOLLE
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M. DESPRETZ
X
J.-M. DEVAUX

A
R. FACON
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M. WENCEL
E
A. LEGER

E
C. LELIEVRE
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P. MAJOWSKI
X
S. MARCINKOWSKI

E
A. PRUVOST
E
M. RADOUAN
X
J. DEVIENNE

                 X : présent                      E : excusé                    A : absent

1.

Accueil du président

 
Stéphan Marcinkowski rappelle l’ordre du jour et excuse les absences de Maurice DESPRETZ, Michel RADOUAN, André LEGER, Christian LELIEVRE et André PRUVOST.
 
2.

Présentation du bulletin : faut-il la modifier ?

 
La discussion s’ouvre à partir du devis réalisé par Bernard COGET.
Les principales remarques concernent :
- Coût d’impression du bulletin nouvelle formule : 50 % moins cher (1400 € au lieu de 3000€) que le bulletin traditionnel
- La taille (format A4 au lieu de A5)
- La qualité du papier : plastique transparent et papier au lieu d’une couverture cartonnée pour le bulletin traditionnel.
 
La majorité des membres du CA reconnaissent la nette diminution du prix de revient du bulletin nouvelle formule au format A4 mais lui préfèrent pour l’instant le bulletin traditionnel.
 
Pour l’impression et l’envoi des bulletins 2020, les membres du CA décident que :
- Le bulletin traditionnel sera envoyé aux adhérents et aux jubilaires adhérents (environ 250 bulletins)
- Les jubilaires non adhérents, dont on aura connaissance des adresses, recevront le bulletin nouvelle formule au format A4.
- Les jubilaires non adhérents, qui auront communiqué leur adresse mail, recevront le bulletin au format pdf.
 
Ce nouveau bulletin sera présenté le jour de l’AG ainsi qu’au repas, le 5 avril 2020.
 
Bernard COGET se renseignera sur la possibilité d’une présentation nouvelle formule au format A5. Si cela est possible, un nouveau devis sera communiqué lors de la prochaine réunion du CA.
 
3.

Le bulletin n° 118

 
Le président reprend les propositions d’articles émises lors du dernier CA.
 
4.

Questions diverses

 
Pas de « rapprochement » prévu avec l’amicale fille.
Date du prochain CA : le mercredi 29 janvier 2020 à 14h.
Le président souhaite aux membres du CA, ainsi qu’à leurs familles, de passer d’excellentes fêtes de fin d’année et leur donne rendez-vous à l’année prochaine !
 
 
Le secrétaire de l’amicale

D. DELECOLLE

Histoire d'en rire, René Maquet se souvient d'une anecdote croustillante

L’intendant, victime d’une opération de bourse

Un fait divers de la promo 48 52 qui comptait 60 élèves répartis en deux classes de seconde, A et B.




MICHEL DELANNOY
En deuxième B, se retrouvaient deux copains anichois : Michel Delannoy et Jean Holle. Je dois vous dire qu’à Aniche, les jeunes garçons sont surnommés « les kiens ». Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils sortent de « l’Aniche ». Quand des parents réprimandent des enfants trop turbulents , ils ne manquent pas de dire : « arrêtez ed’faire les kiens ! »
Nos deux Anichois, Michel et Jean, faisaient assez souvent « el kieins », ils poussaient même de petits cris dans leurs jeux, comme de petits chiots qui s’attrapent par la queue.
Après la seconde guerre mondiale, les écoles normales, fermées pendant l’occupation, s’ouvrirent à nouveau en 1945. Notre promotion n’était que la quatrième d’après guerre. Quand nous avons passé le concours d’entrée, le rationnement existait encore, il fallait apporter nos tickets. Nos parents ont eu beaucoup de difficultés pour rassembler toutes les pièces indispensables à la confection du trousseau. Michel, qui était déjà d’une grande taille pour son âge, avait réussi à enfiler un beau costume noir qu’il avait hérité du mariage de son père. Dans tout l’établissement, il n’y avait que deux personnes qui portaient un costume noir : Michel et l’intendant.
Tant et si bien que, vus de dos, l’intendant et Michel étaient si ressemblants qu’ils pouvaient être confondus . C’est ce qui arriva.
L’intendant, aussi nommé économe, l’était réellement et même un peu trop. Il avait fait sien un uniforme noir de normalien retrouvé dans le grenier parmi les archives. Quand on sait que le port de l’uniforme avait été rendu obligatoire aux normaliens par arrêté ministériel du 27 avril 1879, on peut dire, sans trop se tromper que le costume de l’intendant datait de la fin du XIXe siècle.
Quand la cloche sonnait l’heure du repas, nous nous précipitions, toutes les promotions confondues, devant l’entrée du réfectoire. L’intendant, campé au milieu des marches, une feuille à la main, attendait que le regroupement soit complet. Il nous informait alors de ses dernières décisions, il citait les noms des collés : corvées de nettoyage mal faites, dégradations commises, montant des sommes à prélever sur la masse ; puis, faisant  demi-tour sur lui-même, il nous indiquait ainsi que l’entrée au réfectoire nous étais permise. C’était la ruée ! Confusément, 240 affamés se bousculaient , pressés de joindre leur place à table. Dans cette précipitation, un malheureux hasard du mouvement fit que Jean Holle se trouva placé derrière un pantalon noir qu’il crut reconnaître comme étant celui porté par son copain Michel, l’idée lui vint, juste au moment précis où les deux jambes s’écartaient pour gravir une marche, d’introduire sa main droite entre les deux, de saisir violemment ce qui se trouvait à l’intérieur du pantalon. L’intendant, surpris d’une telle audace, resta figé, puis se retourna sur sa droite. Jean Holle, s’étant rendu compte de sa méprise, s’échappa sur la gauche. Il était sauf ! Rejoignant Michel, il lui raconta comment, grâce a sa souplesse de félin , il venait d’éviter le conseil de discipline, peut-être même l’exclusion. Ouf ! Il en était encore tout pâle.
La main, c’est comme la langue, il vaut mieux la faire tourner 7 fois avant de s’en servir

René Maquet



rene.maquet@sfr.fr

Christian Lelièvre, promo 54 57, un chantre inlassable de la langue française


Christian Lelièvre, orfèvre en matière de beau langage 
Son engagement pour la langue française


Qui ne se souvient pas des dictées d'antan, matière redoutée, souvent subie ? Principal de collège honoraire, mais auparavant professeur de français, Christian s'est confronté à la lourde tâche d'enseigner et animer. Il n'a jamais perdu de vue que faire aimer la langue française dans toute sa variété, lexicale, grammaticale, littéraire et poétique lui importe autant que la connaissance de « la mécanique » du langage.
Il invite à la réflexion avec d'étonnants traits d'humour en jouant sur l'ambiguïté de l'homonymie puisque la dictée est livrée, délivrée, oralement. Il invite à la réflexion dans de multiples exercices finement ciselés, incluant le choix du terme propre, de la tournure correcte et l'emploi des modes et des temps.
Les talents d'organisateur, sans doute hérités de son principalat, s'exercent dans son œuvre, pour toucher un très vaste public dans une démarche inclusive, une stratégie pour faire aimer notre belle langue française si souvent vilipendée. Christian intervient dans les Hauts-de-France, en Vendée et en Belgique. Ses animations orthographiques concernent tant les élèves de CM2 que les résidents de maisons de retraite (EHPAD séniories de Le Quesnoy, Villereau, Valenciennes...), dans un éventail d'âges allant de 10 à 90 ans.
Tous les publics sont concernés :
– scolaire (élémentaire)
– collège (4e/ 3e)
– lycée (terminales littéraires)
– classes prépas
– adultes non initiés
– adultes initiés (amateurs faisant plusieurs dictées par an, cruciverbistes, ayant le Larousse)
– adultes champions (dicos d'or, champions de France, de Belgique, vainqueurs de jeux télés (Des chiffres et
des lettres, questions pour un champion, etc...)
– conférences tous publics, Rotary...
Hors du cercle scolaire:
– président et membre du jury des concours d'éloquence (lycées)
– conférences ( préfecture de Lille, université de Dunkerque etc...)
– animation de clubs d'orthographe
– cours de grammaire et d'orthographe chez « l'habitant », une dizaine de personnes regroupées
– après-midis « orthographiques » dans les séniories
– ESPÉ / INSPÉ Villeneuve d'Ascq (200 stagiaires en amphi)
– membre du jury : - concours « Défense et illustration de la langue française »
– concours « Semaine de la langue française et de la francophonie » En fonction de la date de parution de ce bulletin quelques dates à retenir :
– 13/02/2020 dictée sur la Saint Valentin (AMOPA de Lille)
– 14/03/2020 dictée Habarcq (62) tous publics
– mars 2020 dictée AMOPA Avesnois, 120 personnes, lycée Jessé-de-Forest, Avesnes-sur-Helpe pour Amopaliens et les invités
Bilan du chantre de la langue française : 100 dictées écrites depuis une dizaine d'années, environ 1000 personnes concernées.


Paul Majowski promo 58-62

avec la contribution de Christian Lelièvre Amopalien promo 54-57


Un récit émouvant de Jacques Devienne autour d'une solide amitié normalienne et d'un souvenir plein de mystères à propos de Stonehenge

DOUAI-STONEHENGE ALLER ET RETOUR

OU L'HISTOIRE D'UN SITE ET D'UNE BELLE AMITIE

JUIN 1967

Pour passer le concours d'entrée à l'école normale nous devions être "internés" pendant quelques jours. Entre les épreuves orales, de nombreux candidats se promenaient dans le parc en essayant de glaner quelques renseignements sur le type de questions posées par les jurys. Je m'approche d'un garçon assis sur un banc et, après de rapides présentations, il me pose la question : "il paraît que des examinateurs de mathématiques demandent de calculer la surface d'une rosace, tu sais faire ça toi ?". Panique... je ne pense pas avoir appris cette formule, nous retournons le problème dans tous les sens en essayant d'accéder au tréfonds de notre mémoire et notre angoisse s'intensifie car nous savons qu'une partie de notre avenir est en train de se jouer.
Proclamation des résultats : nous sommes tout à la joie d'être devenus des Normaliens ! 

SEPTEMBRE 1967

Rentrée des classes, je suis en seconde A et je retrouve le "garçon à la rosace", Bernard, avec qui je fais plus ample connaissance et deviens ami. Le premier texte que nous étudions en cours d'anglais s'intitule "Stonehenge" et manifestement notre professeur, Mademoiselle Colin, apprécie beaucoup ce site mégalithique ; elle nous en parle avec enthousiasme , nous montre des cartes postales, en construit une réplique avec des craies sur le bureau, et nous passons du temps sur ce texte, beaucoup de temps... Les adolescents insouciants que nous sommes plaisantent volontiers mais nous ne sommes pas insensibles à la musicalité de la langue anglaise :"Inexpressibly remote those great stones seemed, standing up in the faint light..." 
Le temps passe et l'année scolaire se termine par les fameux événements de mai 68. 


extrait du livre d'anglais de la classe de seconde L GUITARD et L.MARANDET


AOÛT 1968

Bernard, devenu mon meilleur ami, me téléphone et me demande si cela me plairait de passer des vacances en Angleterre, nous ferons du stop et logerons en auberge de jeunesse. L'idée est séduisante mais je m'inquiète un peu des conditions de vie durant ce séjour. Il me dit : "Et naturellement nous irons ... à Stonehenge !" Nous voilà partis avec le sac au dos, nous vivons bien des aventures avant d'arriver dans la plaine de Salisbury. Nous allons pouvoir confronter les représentations imaginaires avec la réalité. Pour ma part je ne suis pas déçu et je retrouve l'ambiance du texte d'Henry Vollam Morton : " A une distance inexprimable ces grandes pierres semblaient se tenir debout dans la faible lumière qui n'était ni celle de la lune ni celle du soleil mais la demi lumière spectrale qui se présente avant le jour. "

MAI 2018

50 ans plus tard je reste fasciné par les mystères qui entourent ce site : de nombreuses théories ont été émises pour répondre aux questions : comment ces pierres ont-elles été transportées ? comment ont-elles été dressées ? quelle était la fonction de cet endroit ? une sorte de calendrier astronomique ?  s'y est-il produit des sacrifices humains ? ... 
Le temps passe encore jusqu'au jour où, à l'occasion d'un séjour à Londres, je découvre un livre de Rosemary HILL sur Stonehenge et la photo de couverture fait remonter bien des souvenirs. En le feuilletant je tombe en arrêt  devant cette phrase : " ...while a fifteenth-century drawing discovered recently in Douai in France ... " Ainsi l'une des représentations les plus anciennes des mégalithes de Stonehenge (1440-41) aurait été découverte à Douai. 

OCTOBRE 2019

Je mène mon enquête et j'apprends que ce manuscrit est conservé à la bibliothèque, à deux pas de l'ancienne école normale, et à l'occasion d'une réunion du conseil d'administration de notre amicale, je m'y rends.  Je suis reçu très courtoisement par Monsieur Jean Vilbas, conservateur de la bibliothèque de Douai, qui me décrit comment ce dessin a été découvert et m'explique qu'il s'agit d'une des plus anciennes représentations du site, peut-être la plus ancienne ("jusqu'au moment où on en trouvera une plus ancienne" me précise-t-il). J'ai eu le privilège, grâce à lui, de voir ce manuscrit anglais avec l'illustration qui est beaucoup plus petite que je ne l'imaginais (quelques centimètres carrés).  


 extrait du livre Stonehenge de Rosemary HILL

EPILOGUE

Cette boucle temporairement refermée entre Douai et Stonehenge suscite en moi un trouble certain, elle contient des souvenirs, de la nostalgie, une fascination pour les énigmes de l'histoire... mais surtout une grande et belle histoire d'amitié qui dure encore. Bernard (Moreau) et moi avons été dans la même classe pendant trois ans à Douai, puis nous nous sommes retrouvés au centre PEGC de Lille, il est aujourd'hui à la retraite après une carrière mouvementée et très riche, il vit à San Francisco où il a été directeur d'une école franco-américaine. 


Bernard Moreau

Jacques Devienne




 




1854-1877 L'évolution des écoles normales à Douai répertoriées dans l'annuaire de la Cour d'Appel de Douai

L'École normale de Douai en 1854 et 1877

par Michel Wencel, 

observateur attentif des documents administratifs de l'époque




Les deux annuaires du ressort de la Cour d’appel de Douai (1854 et 1877) permettent de constater l’évolution de l’École normale de Garçons, située rue des Carmes, (rue autre fois perpendiculaire à la rue Saint-Jacques, actuellement rue Victor Hugo). Pour l’École normale des Filles « le cours normal d’institutrices, ouvert le 1er octobre 1845, a été annexé au monastère Notre-Dame de Flines : pensionnat de 307 élèves situé rue du gouvernement » (à deux pas du palais de justice).




Entre 1854 et 1877, le nombre des « aspirants à l’école normale » a triplé. Qu’on ne s’étonne donc pas du nombre croissant des enseignants qui les encadre mais plutôt de l’aumônier, toujours en bonne place sur la liste du personnel. Un professeur d’orgue épaulait le professeur de musique, chargé entre autres des chants religieux. Agriculture, horticulture, droit, législation, reliure tenaient une bonne place dans l’emploi du temps, semble-t-il.
Outre l’école annexe, apparue dès 1851, les écoles communales sont à peine signalées, comparativement aux asiles tenus par les religieux et qui, à eux seuls, abritaient près de 1000 enfants de maternelle. Il faudra encore attendre pas mal d’années avant la proclamation de la Loi sur la séparation de l’Église et de l’État



Michel Wencel ( promo 54 58 )

Serge Lekieffre (promo 58-62) n'est plus



Ci après le faire-part de décès de Serge Lekieffre promo 58-62 EN de Douai, 61-63 EN de Lille.

Transmis par Paul Majowski, mêmes promos.

Une photo souvenir et une anecdote, par Paul Majowski, son ami de longue date :


 Dans le dortoir, avant le passage du surveillant.

« Après extinction, bavardages interdits. Je me souviens de la seule colle de toute ma scolarité à l’EN : j’aurais dû étouffer un rire alors que le surveillant était planqué dans le couloir. Serge me racontait une histoire drôle, très discrètement, il n’a pas été inquiété. 
Serge était mon ami, on nous appelait les Lekieffre Brothers. Notre amitié a duré pendant toutes ces décennies, nos familles se sont liées. Né en 1944, donc plus jeune que les autres normaliens d’une année au moins sinon deux, il excellait dans toutes les matières, même en EPS malgré son « petit gabarit  ».
Paul Majowski




Vus sur la photo : Majowski Paul (en haut)
De gauche à droite : Marle Lucien, Lekieffre Serge, Leroy César, Logez Pierre, Masclet Georges, Lemaire Henri, Lecomte Michel.


Bruno Mattéi, ancien professeur de philosophie à l'école normale et à l'IUFM de Douai n'est plus. Hommage lui est rendu par son ami dans le journal "Libération"

Bruno Mattéi : un juste est mort


Par Jean-François REY , Professeur honoraire de philosophie — 26 novembre 2019 à 18:39Membre fondateur de «Libération», il était homme de «fraternité» qu’il pensa en philosophe, mais surtout qu’il pratiqua avec tous ceux qui vivaient dans les marges de la grande pauvreté, de l’ignorance et du mépris social.


Tribune. Un philosophe peut très bien décider que la vie, sa vie, n’est pas une carrière et que l’excellence n’est pas l’alpha et l’oméga d’une vie «réussie». Pour Bruno Mattéi, qui nous a quittés il y a quelques jours, c’était une conviction profonde. Né en 1943, il était de la fraction de la génération des années 68 proche des grandes écoles. Son diplôme d’études supérieures consacré à Spinoza était tenu pour exemplaire. Il circulait parmi les khâgneux et atterrit sur le bureau de Lacan, qui invita son auteur à s’entretenir de Spinoza avec lui. N’importe qui à sa place aurait fondé là-dessus une réputation, une carrière universitaire et éditoriale. Ce ne fut pas le choix de Bruno Mattéi. Il fut professeur de philosophie dans les Ecoles normales d’instituteurs, puis les IUFM. De Paris, il partit s’installer dans les cités minières du Pas-de-Calais, moins pour s’y «établir» que pour vivre au milieu des corons et être au plus près des gens des mines, à qui il consacra plusieurs ouvrages.
C’est là, dans le contexte de l’affaire tragique de Bruay-en-Artois, qu’il fomenta avec Serge July et quelques autres la création d’un journal «sans patrons ni publicité» : Libération. Bruno Mattéi en fut le correspondant pour le Nord pendant plusieurs années. Mais il restera pour tous ceux qui l’ont connu l’homme de la «fraternité» qu’il pensa en philosophe, mais surtout qu’il pratiqua avec tous ceux qui vivaient dans les marges de la grande pauvreté, de la précarité, objets de l’ignorance et du mépris social. Ses compagnons, il les retrouvait dans l’association ATD-Quart monde ou à l’Université populaire et citoyenne de Roubaix. Membre de Citéphilo à Lille, il était l’un des rares à pouvoir relayer auprès de ses collègues cette fraternité généreuse et cette voix des sans-voix. Lorsqu’il nous arrivait d’évoquer Spinoza, il me confia un jour tout le prix qu’il attachait à la sobre et magnifique proposition : «Ne pas admirer, ne pas mépriser. Mais comprendre.»

Pour Bruno Mattéi, comprendre n’était pas d’abord le fruit d’une «synthèse de l’entendement», mais le résultat d’une enquête et d’un compagnonnage fraternel avec tous ceux que notre société rejette et ne veut pas voir.
Jean-François REY Professeur honoraire de philosophie

Michel Augustyniak (promo 66 71) nous a quittés

Adieu Michel

Michel venait d’avoir 68 ans. La maladie l’a emporté.

Il s’est engagé très jeune dans la vie militante, après ses années normaliennes et, dès 1977, il a occupé un poste d’adjoint au Conseil Municipal de Masny, poste renouvelé à chaque mandat jusqu’en 2014.
Instituteur, il enseigna essentiellement aux écoles de Masny aux cités et au village.
Passionné de basket, il eut de nombreuses responsabilités au sein de la Smep de Dechy .
Conformément aux dernières volontés de Michel , il n’y aura pas de cérémonie, son corps a été transporté à l'institut du don à Lille . 


Michel Augustyniak, Jean-Paul Bridenne, Patrick Gaye et André Léger à Aniche chez Jean-Paul en septembre 2018.

Hommage à Michel Augustyniak par Jean-Paul Bridenne


Comme sur la photo, nous étions 4 comme les mousquetaires, évidemment différents mais le plus souvent complices dans nos parcours communs d’études puis de la vraie vie…  
Michel, c’était plus qu’un ami, c’était un vrai camarade : d’abord un camarade de classe de la rentrée de septembre 1962  en 6ème au Collège d’Aniche  où le hasard en fit mon voisin de pupitre, à la sortie de la FP à l’ENG en juin 1972, camarade plus que collègue, enseignant ensuite à l’Ecole du Champ Fleuri que j’avais rejoint en 1974 pour 1 an (déjà les fermetures de classe ! ) après l’année de « Service Militaire » , camarade d’idées enfin dont nous aimions débattre avec passion et qui nous avaient encore rapprochés davantage dans l’espoir et la volonté d’une société plus juste, plus fraternelle dans les victoires comme les défaites ou les désillusions. Des élèves de  « sa » cité minière du Champ Fleuri à qui il a appris à lire à ceux de CM de l’Ecole Robert du centre de Masny, ils sont des générations d’enfants mais aussi de parents, et d’habitants de Masny qui garderont de lui l’image d’un enseignant fidèle aux espérances et valeurs de  l’École Publique - celles de la République -, d’un homme engagé fidèle aussi au monde ouvrier dont il était issu, fier des origines polonaises de sa famille émigrée venue par le dur travail de la mine, reconstruire après la guerre mondiale un pays dévasté et s’y intégrer,  celle de la ferveur d’un élu  dévoué au bien-être des habitants de « sa » ville plus qu’aux ambitions personnelles.
Son départ, voulu dans la discrétion, est la marque ultime de l’homme de réflexion et d’action, animé de passions personnelles sportives ou culturelles et du militant pétri de fortes convictions,  de tolérance et de persévérance qu’il a su être à sa façon. Salut  Michel 
Jean-Paul Bridenne


Un deuxième hommage, par André Léger

Michel, 
Je l'ai rencontré pour la première fois en classe de 4 ème au collège Basuyaux d'Aniche. Nous avons réussi le concours d'EN en 1966, avons intégré cette formidable école et avons été dans la même classe de la seconde à la terminale.

Nous nous sommes intéressés à la pratique du basket-ball dès la classe de première. M. Chère, professeur d'éducation physique, n'y est pas pour rien.

Après le bac, nous sous sommes engagés au club de la SMEP Dechy (avec d'autres) dans un plan de formation des jeunes qui à terme a conduit les équipes masculine et féminine du club à jouer en nationale 3.

Michel a passé plus de 35 années au service du sport, joueur, entraîneur,  responsable de la section féminine, président du club ...

Il était instituteur, éducateur ... homme de parole et d'engagement.

Depuis ce samedi 16 novembre, je pleure la fin de 55 ans de complicité et d'amitié.

Repose en paix, mon ami.

André Léger


Un 3è hommage par Patrick Gaye, également sur la photo des "4 mousquetaires"

Comme l'a dit Jean-Paul, c'est en Septembre 1962 que j' ai connu Michel, au collège d'Aniche  en  sixième. Nous venions d'Aniche, d'Auberchicourt et lui, comme Jean-Yves, arrivait de Masny.  Jusqu'en terminale, dans la même classe avec des tas de souvenirs d'adolescents ..., l'avenir nous appartenait…  Nous avons continué à nous voir, en de maintes occasions : des bouffes - et Michel aimait bien manger -, le Basket - nous n'étions pas terribles mais on a bien rigolé ! - , Michel a poursuivi un beau parcours à Dechy (entraîneur, responsable ...), des colonies, centres aérés, des sorties - ah les caves de Bourgogne, l'histoire de la baleine et le périple arrosé à Annecy ...-. Je partageais avec Michel  le goût de la photo, du cinéma, de la musique, des voyages et j'aimais nos échanges à tous propos où,  avec passion mais toujours dans le calme, on refaisait le monde. Je t'ai vu, à l'hôpital, la veille de ton départ et tu pestais contre je ne sais qui, dans ton état second. Et puis tu as chantonné ... Ce sont tes dernières paroles qui me taraudent l'esprit. Je t'aimais, Michel. Je t'aime et 57 ans sont finis , je ne te l'ai pas assez montré ...        
Patrick Gaye


Une réaction de Bernard Mlodorzeniec :

Peu à peu, notre arbre de promotion s'effeuille... Sommes nous si vieux ?
Amitiés à tous
Bernard Mlo

Une autre évocation par Jean-Alain Cornil assortie d'une photo souvenir


Chers camarades,

Je suis très triste d’apprendre la disparition de Michel.
Grâce à ma collègue Colette Migowsky (qui le connaissait très bien) de la CDES dans les années 2000, j’avais pu le contacter lors d’une hospitalisation liée à son diabète.
Il est venu plusieurs fois à nos retrouvailles et ce fut un plaisir de le revoir et de discuter un peu avec lui.
J’étais étonné de son absence en Avril 2019 car, si mes souvenirs sont bons, il était présent en 2018.
Je sais que Jean-Paul (Bridenne) a beaucoup aidé Michel dans ses divers déplacements liés à ses problèmes de santé.
Bref, toutes mes condoléances à sa famille.
Non MLO, on n’est pas si vieux !
Prenons soin de nous pour continuer le chemin …
Se revoir, ne serait-ce qu’une fois dans l’année  nous redonne un coup de …jeune !!! et ça fait du bien…
Amitiés à tous.
Jean-Alain Cornil, promo 66/71

Bien triste nouvelle en effet.
De Michel je n'ai de souvenirs que ceux de notre classe à l'EN, souvenirs qui ne se matérialisent plus aujourd'hui que par quelques photos. Blouse blanche de rigueur ! Mais là n'est pas l'essentiel, souvenirs de moments forts qui nous ont construits.
Je sais ce que je dois à l'École Normale, je sais ce que je dois aux Normaliens.
Michel Augustyniak en était.
Mes condoléances à sa famille, à ses amis.
Daniel Lippevelde (66 71)  dit Lippo  


Très triste d'avoir appris cette nouvelle
 Je repense à toutes ces années passées ensemble avec nostalgie et je présente toutes mes condoléances  à sa famille et ses amis
Bernard Vaucelles (66 71)

Retour sur la carrière de Michel Chere, d'abord élève-maître, puis professeur d'EPS à l'école normale d'instituteurs de Douai, puis IUFM jusqu'en 2000



"Retour en arrière" 


par Michel Chere (promo FP 60-62) puis professeur à l'école normale d'instituteurs de Douai, devenue IUFM, jusqu'en 2000.
ÉQUIPE CHAMPIONNE D'ACADÉMIE ATHLÉTISME SÉNIORS EN 1968 (Michel Chere à droite sur la photo en short clair)

"1967, CAPES en poche, j’eus la chance d’être nommé  l’ENI de Douai, cinq ans après y avoir été « élève maître ».
Ce diplôme, je le devais certes au travail mais aussi à Monsieur Joly qui, fin décembre 64, alors que j’en terminais avec le service militaire, me  convainquit de reprendre les études avec lesquelles j’avais pris quelques distances.
Dès la rentrée, des questions me taraudèrent : « Allais-je être à la hauteur ? faire le poids auprès des monstres de la pédagogie ? (Pour mémoire, Mademoiselle Martin, Monsieur Haremza, Tryoën, Dumont, Laforge), permettre aux jeunes qui m’étaient confiés de s’épanouir et les armer pour ce métier merveilleux, mais ô combien exigeant ? Je dois avouer qu’à ce jour, ces questions restent sans réponse.
Ces 33 années passées rue d’Arras auraient pu être lassantes, répétitives . Il n’en fut rien car les nombreuses réformes qui les émaillèrent m’obligèrent à la remise en cause permanente.

Trois périodes marquèrent ce parcours.



La première, de 67 à 72 :

Courte mais inoubliable, marquée essentiellement par la préparation au bac et la FP en deux ans. Merveilleuse époque où nous disposions de matériel diversifié et d’installations intra-muros en excellent état. Les séances étaient denses et le rythme soutenu durant une heure.
Un souvenir me revient en mémoire, celui de voir les groupes se précipiter vers les vestiaires dès que la cloche avait tinté. Il faut dire que la plupart des élèves accueillis venaient d’un CEG ou d'un cours complémentaire aux équipements souvent sommaires, voire absents et découvraient avec enthousiasme le sport naissant.
Le programme reposait sur les disciplines « fondamentales » : athlétisme, gymnastique, natation (en seconde) et les sports co.
Reprise durant trois ans certes avec des objectifs différents, elle permettait à de nombreux élèves d’accéder à un excellent niveau et d’obtenir des points bonifiés au bac.
Chacun a encore en mémoire le tableau des records qui trônait dans la galerie, témoin de ce niveau.
Si la performance était importante mais pas essentielle , la démarche et l’organisation ne l’étaient pas moins. Toutes deux permettaient aux « futurs enseignants » de s’accaparer « d’outils » et de comprendre combien l’EPS, mieux qu’aucune autre discipline développe certaines valeurs indispensables à l’épanouissement de l’individu.


De 73 à 90 :

Si le concours était maintenu, les bénéficiaires préparaient le bac dans les lycées jusqu’en 79 avant de venir passer le CFEN. Très vite, il fallut se remettre en question en raison de nombreuses transformations.
De nouvelles activités apparaissaient : badminton, danse, activités d’opposition et de pleine nature, etc.…
La recherche foisonnait, de nouveaux concepts émergeaient : notion d’espace, de temps, transversalité, etc.…
La formation continuée était omniprésente.
La maternelle, réservée jusqu’alors à l’ENF, investissait l’ENI.
Pour intéresser et responsabiliser ce nouveau et exigeant public, issu bientôt de l’Université, nous dûmes nous appuyer sur les écoles d’application. Par petits groupes, les étudiants dirigeaient des séances, analysaient : pratiques, démarches et réactions des enfants, aidés de maîtres particulièrement concernés par l’EPS.
J’émettrai un regret, celui de n’avoir pas vu la « semi spécialisation » dont a bénéficié, dès 1986, la formation « Deug plus 2 », davantage prise en compte dans les écoles importantes. Cela aurait permis à certaines disciplines (E.P.S., musique, arts plastiques) de sortir de l’indifférence dans laquelle elles se trouvaient parfois.


De 1991 à 2000 :

Détenteurs de la licence, les étudiants admis sur dossier, venaient préparer un concours difficile, au prix parfois de sacrifices financiers ou familiaux.
La formation avait changé de dimension. La réussite était l’obsession de chaque instant. Concernant l’EPS, le programme interpellait : 
La préparation aux épreuves physiques était facultative ! (Natation obligatoire et options choisies parmi 5 disciplines )
Quant à l’épreuve phare « commentaire d’un document illustré », faute de temps, elle ne pouvait que rarement s’appuyer sur le terrain. La vidéo se substituait donc souvent à la pratique.
La deuxième année aurait pu gommer ce déficit d’activité. Hélas, les stages, le mémoire, le volume horaire réduit, les groupes pléthoriques ne le permettaient pas, attisant mon insatisfaction sans altérer toutefois le souhait de répondre au mieux aux contraintes et aux intérêts des formés .
Pour conclure, je dirai que si le niveau de formation s’est considérablement élevé au cours de toutes ces années, la mise en œuvre de l’EPS en primaire (Programme rédigé et séances régulières) restait étroitement dépendante de la détermination de l’équipe enseignante à lui accorder la place qui lui est due."


Michel Chere, André Parent, René Guilmot, trois anciens professeurs de l'école normale, réunis lors de la journée de retrouvailles des normaliens en 2018


Le parcours scolaire, universitaire, professionnel et sportif de Michel Chere, tel que nous l'avons reconstitué à partir du site "Les copains d'avant"


Parcours scolaire et universitaire
1/  ECOLE PAUL BERT (THUMERIES)  -  Thumeries 1946 - 1951
2/  ECOLE FRANCOIS LEMAIRE  -  Douai - instituteur: Mr Claro
3/  COLLÈGE MODERNE  1951 - 1957 -  Douai
4/  LYCÉE ALBERT CHÂTELET  -  Douai - 1957 - 1960
5/  ÉCOLE NORMALE D’INSTITUTEURS   -  Douai - formation instituteur 1960 - 1962
6// FACULTÉ DES SCIENCES DU SPORT ET DE L'ÉDUCATION PHYSIQUE DE LILLE 2  -  Lille - 1ere partie du professorat - 1962 - 1963
7/  UFR STAPS  -  Toulouse 63-64: P 2B,  64-65 : P 2C - 1964 - 1965
Parcours club
1  AGT  -  Thumeries, joueur : B ,M , C , J , S en N2 et FÉDÉRALE 1951 - 1976  
2  A.S.ESPÉRANCE TOULOUSE  -  Toulouse, joueur en N2 - 1964 - 1965 
3  BC DOUAI  -  Douai  - Toutes les fonctions : 1976 - 2006

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