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"L'affaire COLLIGNON" ou comment Monsieur JUGE, directeur de l'école normale d'instituteurs à Douai, de 1850 à 1855, fut assassiné par un cocher

 Sur les 19 directeurs qu'a comptés l'école normale d'instituteurs du Nord à Douai de 1834 à 1990, le quatrième, qui eut le destin le plus extraordinaire, est sans conteste M. Juge.

Il dirigea I’école de 1850 à 1855 pendant une période difficile, mais il montra une habileté qui permit à l'établissement de la traverser sans de trop grands dommages. Sa fin fut tragique : il mourut assassiné à Paris, au mois de septembre 1855, par le cocher Collignon avec qui il avait eu une contestation pour le prix d'une course. Les journaux locaux déplorèrent la mort de cet homme « si distingué par I’esprit et par le coeur ».


Rappel des faits :

“M. Juge, directeur de l'Ecole normale de Douai, était venu avec sa femme à Paris. II logeait rue d'Enfer, 83. Ayant quelques courses à faire, il prit un cabriolet de remise conduit par le nommé Collignon, cocher. Celui-ci voulut exiger 2fr. de plus que ne comportait le tarif, et il accompagna sa réclamation de menaces et de grossièretés. Pour ne pas faire d'esclandre, M. Juge paya mais, justement blessé, il adressa une plainte à la préfecture de police. Le cocher fut mandé et tancé vertement cependant on lui fit entendre que, s'il voulait faire ses excuses à M. Juge et lui restituer les deux francs, les choses en resteraient là. Il déclara qu'il était prêt à le faire ; mais aussitôt qu'il eut quitté la préfecture, il fit emplette d'une paire de pistolets, les chargea avec soin et les cacha sous son paletot. Introduit en la présence de M. Juge, il lui remit 2 francs et lui demanda un reçu pour le montrer à la préfecture. Tandis que celui-ci se penchait sur son bureau pour écrire, il lui tira un coup de pistolet. La balle alla frapper l'os frontal près de l'œil droit. M. Juge tomba baignant dans son sang. Comme sa femme accourait pour lui porter secours, Collignon tira sur elle son autre pistolet, mais il ne l'atteignit pas. En ce moment, plusieurs personnes, accourues au bruit de la double détonation, se jetèrent sur lui et le maintinrent jusqu'à l'arrivée des soldats qu'on était allé chercher au poste voisin. Peu d'instants après, malgré les soins du docteur Besson, M. Juge succombait à sa blessure.”





Récit de l'affaire Collignon dans "Le Petit Journal illustré du 17 mai 1931


Notre bulletin n°7 de 1952 rend compte de ce fait divers tragique dans son Historique : 




Cette affaire a fait l'objet récemment d'une thèse de Master II de Jérémy de Teyssier à qui nous avons apporté notre soutien à l'aide de nos archives et qui nous remercie en nous envoyant ce message et la copie intégrale de sa thèse qu'il a brillamment soutenue en semptembre 2024 à l'Université de Paris Nanterre :

"Cher Jean-Marie,

Comme promis, je vous fais parvenir mon mémoire de master 2 consacré à l'affaire Collignon, et donc à Martin Juge !

Le travail de recherche a été passionnant et j'ai obtenu la note de 18/20 à l'issue de la soutenance.

Je souhaite encore vous remercier pour votre aide précieuse.

Bien cordialement,

Jérémy de Teyssier"



L'affaire Collignon version intégrale en pdf, cliquer sur le lien)