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jeudi 30 janvier 2025

Michel DEFRETIN, promo 46 50, doyen des anciens normaliens de Douai n'est plus. C'est Didier SERRURIER, promo 68 73 qui nous en fait part

 

Photo de Michel à ses 90 ans


Voici l'article que nous lui avons consacré en 2013, riche d'anecdotes et de photos souvenirs de l'immédiat après guerre :


LA PROMOTION ÉLAN 46-50

MICHEL DEFRETIN REVIENT POUR NOUS SUR L'IMMÉDIAT APRÈS GUERRE EN 1946 ET ÉVOQUE SA PROMOTION AVEC BEAUCOUP DE MÉTHODE ET DE PRÉCISION QUANT AUX HORAIRES ET AU FONCTIONNEMENT EN CETTE ANNÉE DE REDÉMARRAGE CHAOTIQUE DE L'ÉCOLE NORMALE DE DOUAI :


Il avait fallu deux concours de recrutement pour réunir les 32 élèves instituteurs de la promotion élan (1946 49) ayant pour devise : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent».
Pour cette rentrée 1946, 4 promotions réintégraient  à nouveau les bâtiments de l'ENG après des années de guerre. Il y avait donc les bleus, les croûtons, les anciens et les vétérans. Il était nécessaire, non seulement d'être reçu au concours, mais aussi d'avoir obtenu le brevet élémentaire. Étant devenu ipso facto, boursiers d'État, nos études étaient entièrement gratuites, moyennant le fameux engagement décennal (servir dans l'enseignement public au moins 10 ans)
Elles duraient donc quatre années : la seconde, puis la première, sanctionnée par le baccalauréat première partie (écrit et oral), la troisième avec le bac sciences expérimentales (ou philo sciences).
Ceux qui avaient opté pour le bac philo-sciences suivaient les cours à l'ENF dans une classe de normaliennes, et ceux qui préparaient le bac "math-élém" formaient avec le normaliennes matheuses une classe à l'ENG.
La quatrième année était consacrée à la formation professionnelle, sanctionnée par le CFEN (certificat de fin d'études normales).
L'emploi du temps comportait 37 heures, réparties sur six jours, le jeudi après-midi étant libre.
Après la visite de propreté dans les dortoirs, effectuée par l'économe, le samedi après-midi à 16:00, nous pouvions retourner dans nos familles, avec la possibilité de rentrer le lundi matin, pour la reprise des cours à 9:00 (au lieu de 8:00, habituellement). Le régime de sortie était précisé dans le règlement (chapitre neuf)
Bien sûr, les cours théoriques étaient utiles et intéressants. Mais les stages pratiques dans les écoles d'application avaient évidemment une grande importance. Au nombre de trois (un par trimestre), ils avaient lieu dans les écoles d'application de Douai, ou dans celles situées dans les communes avoisinantes, avec une répartition entre les trois niveaux (CP, CE, CM/FE) nous étions deux élèves maîtres par classe.
La durée était de quatre semaines, programmées de la façon suivante :
Première semaine : lundi, mardi et mercredi : observation et documentation (programme, instructions)
Vendredi et samedi : une "leçon " (l'horaire hebdomadaire était alors de 30 heures, du lundi au samedi, avec congé le jeudi)
La deuxième semaine se déroulait de la façon suivante : une leçon  les trois premiers jours, puis deux leçons les vendredis et samedis.
La troisième semaine : 
- lundi mardi mercredi : deux leçons 
- Vendredi samedi : trois leçons.
La quatrième semaine : lundi mardi mercredi : une demi-journée en alternant vendredi ou samedi : une journée complète 
Le CFEN couronnait cette fin d'année laborieuse. Notre classe se composait de 22 élèves, dont seulement 10 de notre promotion ! (Les autres étant principalement des élèves ayant redoublé)
Nous avons pu profiter du voyage promotionnel à destination de la Provence, en autocar Citroën du 15 au 29 juillet 1950. Une aubaine pour certains d'entre nous qui n'avaient jamais voyagé. 

LORS DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE 1975 
1ER RANG EN HAUT DE G À D : WARET JEAN, DRUBAY ALFRED, SPRIET MAURICE, DENAUX JEAN, ?, DÉPINOY ROGER, BRICOUT ÉLIE, LÉPILLIEZ GILBERT, CAUCHY RAYMOND, ?, DELHAYE ROGER, CARLIER PIERRE, CAVEZ ROGER, DEHOOGHE ALBERT  
2È RANG EN BAS, ID, : CARREZ JEAN, VERRIEZ JOSEPH, CARON GILBERT, MÉTRO RAYMOND, DOUAY PAUL, AGEZ ROLAND, THOURET ALBERT, DHAENENS JEAN-MARIE
 
EN HAUT, BRICOUT, DE GAUCHE À DROITE : CARLIER, DEFRETIN, CARON, BEAUMONT (4È ANNÉE 46-50)

DEFRETIN, DOFFE, BRICOUT, CARON

DEFRETIN, CARON, CARLIER, DOFFE, BRICOUT

HIVER 46-47

CLASSE DE SCIENCES EX. (PROMOS 45-49 ET 46-50)

ÉLÈVES DE 4È ANNÉE DE GAUCHE À DROITE :
JEAN OUIN, GASTON DEWEZ, ROBERT STUPPY, RAYMOND LIÉVEN

MICHEL DEFRETIN NOUS LIVRE SES ARCHIVES : UN TRÉSOR

ET POUR COMMENCER , VOICI SA LETTRE :
Bonjour Jean-Marie,
Je vous fais parvenir ces documents dont certains se trouvent peut-être aux archives de l'ENG ( si elles existent??) Le tri sera peut-être difficile, vu la diversité. Aussi merci d'avance pour l'utilisation que vous en ferez dans le prochain bulletin. Quant aux photos, je voudrais les récupérer, mais rien ne presse, évidemment ! Je prépare, d'autre part, un article, "tâche" qui me rebute un peu au départ (choix difficiles, nostalgie...) Avec mes salutations, Michel Defretin 




DANS L'ENVELOPPE, DES PHOTOS, DES JOURNAUX NORMALIENS D'ÉPOQUE AU TITRE ÉVOCATEUR : "REFLETS", DES CARTONS D'INVITATION AUX SPECTACLES INTERNES , AUX "PÈRE CENT", AUX BALS, DES MENUS DE REPAS DE PROMO... UN VRAI TRÉSOR DONT NOUS ALLONS ESSAYER DE SCANNER POUR VOUS L'ESSENTIEL EN VUE D'UNE PUBLICATION SUR LE BLOG. ET POUR COMMENCER, NOUS PUBLIONS UNE PHOTO DE PROMOTION INÉDITE (puisqu'elle ne figure pas encore sur le site)
PROMOTION 46-50, DE GAUCHE À DROITE
1er rang : LEFEBVRE, CARON Gilbert, M. BODART, (PROF DE SCIENCES NATURELLES), M. HICKEL, (DIRECTEUR), DOUAI PAUL, DHAENENS JEAN-MARIE, (?)
2è rang : CARLIER PIERRE, LESECQ, DEFRETIN MICHEL, LADRIÈRE PIERRE, BERTHAUD JULES, AGEZ ROLAND,
3è rang : (?), (?), (?), DOUAI GILBERT, BEAUMONT FRANÇOIS, HERBIN, BRICOUT ÉLIE

vendredi 19 septembre 2014

ROLAND AGEZ, promo 46-50, n'est plus

Notre camarade Roland AGEZ, administrateur de notre amicale, est décédé des suites d'une longue maladie ce mercredi 17 septembre 2014. 
Il sera inhumé religieusement ce lundi 22 septembre à 14.30 à la chapelle de Comines

mardi 24 juin 2014

L'IMMÉDIAT APRÈS GUERRE À L'ENG, D'APRÈS MICHEL DEFRETIN (PROMO 46-50) QUI NOUS OUVRE SES SOUVENIRS ET SON ALBUM

LA PROMOTION ÉLAN 46-50

MICHEL DEFRETIN REVIENT POUR NOUS SUR L'IMMÉDIAT APRÈS GUERRE EN 1946 ET ÉVOQUE SA PROMOTION AVEC BEAUCOUP DE MÉTHODE ET DE PRÉCISION QUANT AUX HORAIRES ET AU FONCTIONNEMENT EN CETTE ANNÉE DE REDÉMARRAGE CHAOTIQUE DE L'ÉCOLE NORMALE DE DOUAI :


Il avait fallu deux concours de recrutement pour réunir les 32 élèves instituteurs de la promotion élan (1946 49) ayant pour devise : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent».
Pour cette rentrée 1946, 4 promotions réintégraient  à nouveau les bâtiments de l'ENG après des années de guerre. Il y avait donc les bleus, les croûtons, les anciens et les vétérans. Il était nécessaire, non seulement d'être reçu au concours, mais aussi d'avoir obtenu le brevet élémentaire. Étant devenu ipso facto, boursiers d'État, nos études étaient entièrement gratuites, moyennant le fameux engagement décennal (servir dans l'enseignement public au moins 10 ans)
Elles duraient donc quatre années : la seconde, puis la première, sanctionnée par le baccalauréat première partie (écrit et oral), la troisième avec le bac sciences expérimentales (ou philo sciences).
Ceux qui avaient opté pour le bac philo-sciences suivaient les cours à l'ENF dans une classe de normaliennes, et ceux qui préparaient le bac "math-élém" formaient avec le normaliennes matheuses une classe à l'ENG.
La quatrième année était consacrée à la formation professionnelle, sanctionnée par le CFEN (certificat de fin d'études normales).
L'emploi du temps comportait 37 heures, réparties sur six jours, le jeudi après-midi étant libre.
Après la visite de propreté dans les dortoirs, effectuée par l'économe, le samedi après-midi à 16:00, nous pouvions retourner dans nos familles, avec la possibilité de rentrer le lundi matin, pour la reprise des cours à 9:00 (au lieu de 8:00, habituellement). Le régime de sortie était précisé dans le règlement (chapitre neuf)
Bien sûr, les cours théoriques étaient utiles et intéressants. Mais les stages pratiques dans les écoles d'application avaient évidemment une grande importance. Au nombre de trois (un par trimestre), ils avaient lieu dans les écoles d'application de Douai, ou dans celles situées dans les communes avoisinantes, avec une répartition entre les trois niveaux (CP, CE, CM/FE) nous étions deux élèves maîtres par classe.
La durée était de quatre semaines, programmées de la façon suivante :
Première semaine : lundi, mardi et mercredi : observation et documentation (programme, instructions)
Vendredi et samedi : une "leçon " (l'horaire hebdomadaire était alors de 30 heures, du lundi au samedi, avec congé le jeudi)
La deuxième semaine se déroulait de la façon suivante : une leçon  les trois premiers jours, puis deux leçons les vendredis et samedis.
La troisième semaine : 
- lundi mardi mercredi : deux leçons 
- Vendredi samedi : trois leçons.
La quatrième semaine : lundi mardi mercredi : une demi-journée en alternant vendredi ou samedi : une journée complète 
Le CFEN couronnait cette fin d'année laborieuse. Notre classe se composait de 22 élèves, dont seulement 10 de notre promotion ! (Les autres étant principalement des élèves ayant redoublé)
Nous avons pu profiter du voyage promotionnel à destination de la Provence, en autocar Citroën du 15 au 29 juillet 1950. Une aubaine pour certains d'entre nous qui n'avaient jamais voyagé. 

LORS DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE 1975 
1ER RANG EN HAUT DE G À D : WARET JEAN, DRUBAY ALFRED, SPRIET MAURICE, DENAUX JEAN, ?, DÉPINOY ROGER, BRICOUT ÉLIE, LÉPILLIEZ GILBERT, CAUCHY RAYMOND, ?, DELHAYE ROGER, CARLIER PIERRE, CAVEZ ROGER, DEHOOGHE ALBERT  
2È RANG EN BAS, ID, : CARREZ JEAN, VERRIEZ JOSEPH, CARON GILBERT, MÉTRO RAYMOND, DOUAY PAUL, AGEZ ROLAND, THOURET ALBERT, DHAENENS JEAN-MARIE
 
EN HAUT, BRICOUT, DE GAUCHE À DROITE : CARLIER, DEFRETIN, CARON, BEAUMONT (4È ANNÉE 46-50)

DEFRETIN, DOFFE, BRICOUT, CARON

DEFRETIN, CARON, CARLIER, DOFFE, BRICOUT

HIVER 46-47

CLASSE DE SCIENCES EX. (PROMOS 45-49 ET 46-50)

ÉLÈVES DE 4È ANNÉE DE GAUCHE À DROITE :
JEAN OUIN, GASTON DEWEZ, ROBERT STUPPY, RAYMOND LIÉVEN

dimanche 3 novembre 2013

ÉCHOS DE VACANCES NORMALIENNES (REFLETS N°1 NOVEMBRE 1948) PYRÉNÉES, ANDORRE, FOIX, LABOUÏCHE, BOURG-MADAME AU PROGRAMME

Échos de vacances.

21 juillet 1948.
Un rapide file à 120  à l'heure, emmenant 26 normaliens et le directeur vers des régions inconnues de tous, vers Foix et les Pyrénées.
L'idée de ce voyage nous fut suggérée au début  de l'année dernière par Monsieur le directeur.
Mais un problème se posa immédiatement, à savoir comment trouver l'argent nécessaire pour réaliser ce projet.
C'est alors que nous avons décidé de préparer un spectacle susceptible d'être présenté dans diverses salles afin de nous procurer par notre travail les fonds indispensables.
La promotion toute entière apporta son concours. L'argent ainsi gagné n'était certes pas suffisant pour couvrir la totalité des frais de voyage. Monsieur le directeur réussi obtenir des subventions qui va grossir notre caisse.
... Et le 20 juillet à 23:56 et quelques secondes, nous voilà partis.
Arrivés à Paris, nous rencontrons notre camarade Jeff, les cheveux en bataille, les yeux bouffis, un peu vasouillard, qui venait, tel un clochard, de passer la nuit en Gare du Nord.
Et nous reprenons notre voyage vers Foix , voyage très long, ne manquant pas d'intérêt, effectué sous une chaleur accablante est coupé çà et là, par un véritable "rush" vers le château la pompe de la station.
A Souillac , avant même l'arrêt du train, une vingtaine de têtes sont penchées aux portières. Une immense clameur retentit : « Hubert… Hubert… »(1) 
En effet, le dit Hubert, revenant de Bordeaux, nous attend sur le quai et vient rejoindre le gros de la troupe. Le reste du voyage s'effectue sans incidents notables. Et, dans la soirée nous arrivons à Foix.
Dans la gare, nous recevons un accueil chaleureux, (il n'en pouvait être autrement étant donné la température) de M.Ritter, directeur de l'EN de Foix, qui nous conduit à l'école où nous nous empressons de faire nos  « pieux » et de nous y vautrer avec délices.
Le lendemain, nous faisons la connaissance de M. l'économe, du cuisinier et du personnel de service, tous très aimables et  dévoués.

LE CHATEAU DES COMTES DE FOIX

Après avoir visité le château du comte de Foix, nous nous rendons à la grotte de LABOUÏCHE 


LA RIVIÈRE SOUTERRAINE DE LABOUÏCHE 

(nous fûmes vite rrrrennn...dus, selon l'expression de notre chauffeur) ; nous voguons sur la rivière  souterraine, admirant le paysage de stalactites  et stalagmites, tout en évitant de heurter le plafond assez bas.

LES TERRASSES DU PECH

Après avoir fait l'escalade du « Pech » 
et être redescendus pour la plupart sur le derrière, nous partons vers Bourg-Madame et la frontière espagnole où un douanier franquiste (un SS en retraite, précise Alex) nous convie de façon assez brutale à nous  retirer parce que notre ami Hubert à la malencontreuse idée de vouloir photographier le pays du Caudillo.

BOURG-MADAME EN 1950
Après Bourg-Madame, en empruntant une route en lacets, aux tournants en épingles à cheveux, bordée de ravins qui nous donnaient le frisson, nous nous rendons en Andorre.

ANDORRA-LA VIEILLE
Là, véritable pays de cocagne, les normaliens peuvent se payer des « américaines » et des litres de vin à 33 Fr., verre compris !
Aussi le retour s'effectue  dans une atmosphère délirante, au son d'une chorale improvisée (mais de grande classe) dirigée par notre compatriote Serge Mascart, dit « le Grand ».
De temps en temps, la portière arrière de l'autobus s'ouvre discrètement pour livrer passage au trop plein de boisson et de confiture de certains estomacs car, c'est important à signaler, la confiture du Midi possède des facultés enivrantes inconnues parmi nous jusqu'alors et que nous n'avons jamais pu retrouver ailleurs.
Chaque soir, avant de nous coucher, nous devons faire une chasse impitoyable aux petites bestioles qui, avec un sans-gêne déconcertant, couvrent notre lit.
Et nous ne nous endormons jamais sans avoir terminé notre duel de « feintes » auquel participent évidemment Alex, Moumoute , ... et Hubert, la révélation de la saison.

À la venue des normaliennes de Tarbes et conformément à nos traditions, nous ne pouvons pas faire autrement que d'organiser un bal, lequel se déroula au milieu des sourires épanouis du personnel et des autorités directoriales des trois EN.
Mais, en toute chose, il faut considérer la fin.
Il fallut bientôt songer au retour. Nous n'avons qu'un seul regret : celui de ne pouvoir prolonger plus longtemps notre séjour, rendu d'autant plus agréable par l'enthousiasme de tous, la simplicité de Monsieur et Madame Hickel, et par la chaude camaraderie de Hubert.
Et maintenant tout le monde garde encore et gardera longtemps un très bon souvenir de ces vacances que nous avons pu nous offrir grâce à la bonne volonté et au travail de tous.
Nous avons voulu montrer par là que, lorsqu'ils le veulent, les normaliens d'une promotion unie peuvent atteindre de hautes réalisations.
Pour la promo « Renaissance »
R.LAPLACE, J. LECLERCQ., M.MOUTIEZ


(1) Hubert : fils de M. HICKEL

samedi 2 novembre 2013

"NUMÉRO 1" de "REFLETS" LE JOURNAL DES NORMALIENS ( LE PLUS ANCIEN DES ARCHIVES DE MICHEL DEFRETIN (PROMOTION 46-50)

Numéro un
Le 25 novembre 1948
Voici la couverture du tout premier journal normalien connu après la Libération, qui nous vient des archives de Michel Defretin de la promo 46-50 et dont nous allons publier les bonnes pages au fur et à mesure de leur décryptage. Il est entièrement calligraphié (et non typographié) comme on peut le voir dans l'éditorial que nous reproduisons ci-après et qui ne manque pas d'ambition ... 




Voici un périodique tout neuf, tout nouveau : il vient de naître. Il vient après des dizaines d'échecs d'autres journaux de lycée, de faculté et après son « père » le «NORMALIEN » de l'année dernière.
Il est neuf, disions-nous, et cependant, nous le voyons, déjà débordant de vie, bourré d'articles, traversé de polémiques et animé non par 7 gars, mais par nos deux écoles normales.
À côté de lui, nous projetons des auditions de disques, des petites expositions d'art moderne, pourquoi pas ?
Il est vrai que notre enthousiasme n'a que deux semaines derrière lui. C'est à vous tous, normaliennes et normaliens du Nord, de le soutenir.
Le numéro deux doit être vôtre, et il paraîtra à la date que vous aurez voulue.
Bien-sûr, c'est tentant de tricoter un pull ou de jouer au poker mais faites tout de même quelque chose à côté.
L'équipe de REFLETS

Faites parvenir dès maintenant vos articles et suggestions à R. Stiévenard, ENG, quatrième année

Échos de vacances.
21 juillet 1946.
Un rapide file à 120  à l'heure, emmenant 26 normaliens et le directeur vers des régions inconnues de tous, vers Foix et les Pyrénées.
L'idée de ce voyage nous fut suggérée au début  de l'année dernière par Monsieur le directeur.
Mais un problème se posa immédiatement, à savoir comment trouver l'argent nécessaire pour réaliser ce projet.
C'est alors que nous avons décidé de préparer un spectacle susceptible d'être présenté dans diverses salles afin de nous procurer par notre travail les fonds indispensables.
La promotion toute entière apporta son concours. L'argent ainsi gagné n'était certes pas suffisant pour couvrir la totalité des frais de voyage. Monsieur le directeur réussi obtenir des subventions qui va grossir notre caisse.
... Et le 20 juillet à 23:56 et quelques secondes, nous voilà partis.
Arrivés à Paris, nous rencontrons notre camarade Jeff, les cheveux en bataille, les yeux bouffis, un peu vasouillard, qui venait, tel un clochard, de passer la nuit en Gare du Nord.
Et nous reprenons notre voyage vers Foix , voyage très long, ne manquant pas d'intérêt, effectué sous une chaleur accablante est coupé çà et là, par un véritable "rush" vers le château la pompe de la station.
A Souillac , avant même l'arrêt du train, une vingtaine de têtes sont penchées aux portières. Une immense clameur retentit : « Hubert… Hubert… »(1) 
En effet, le dit Hubert, revenant de Bordeaux, nous attend sur le quai et vient rejoindre le gros de la troupe. Le reste du voyage s'effectue sans incidents notables. Et, dans la soirée nous arrivons à Foix.
Dans la gare, nous recevons un accueil chaleureux, (il n'en pouvait être autrement étant donné la température) de M.Ritter, directeur de l'EN de Foix, qui nous conduit à l'école où nous nous empressons de faire nos  « pieux » et de nous y vautrer avec délices.
Le lendemain, nous faisons la connaissance de M. l'économe, du cuisinier et du personnel de service, tous très aimables et  dévoués.
Après avoir visité le château du comte de Foix, nous nous rendons à la grotte de la Bouïche (nous fûmes vite rrrrennn...dus, selon l'expression de notre chauffeur) ; nous voguons sur la rivière  souterraine, admirant le paysage de stalactites  et stalagmites, tout en évitant de heurter le plafond assez bas.
Après avoir fait l'escalade du « Pech » et être redescendus pour la plupart sur le derrière, nous partons vers Bourg-Madame et la frontière espagnole où un douanier franquiste (un SS en retraite, précise Alex) nous convie de façon assez brutale à nous  retirer parce que notre ami Hubert a la malencontreuse idée de vouloir photographier le pays du Caudillo.
Après Bourg-Madame, en empruntant une route en lacets, aux tournants en épingles à cheveux, bordée de ravins qui nous donnaient le frisson, nous nous rendons en Andorre.
Là, véritable pays de cocagne, les normaliens peuvent se payer des « américaines » et des litres de vin à 33 Fr., verre compris !
Aussi le retour s'effectue  dans une atmosphère délirante, au son d'une chorale improvisée (mais de grande classe) dirigée par notre compatriote Serge Mascart, dit « le Grand ».
De temps en temps, la portière arrière de l'autobus s'ouvre discrètement pour livrer passage au trop plein de boisson et de confiture de certains estomacs car, c'est important à signaler, la confiture du Midi possède des facultés enivrantes inconnues parmi nous jusqu'alors et que nous n'avons jamais pu retrouver ailleurs.
Chaque soir, avant de nous coucher, nous devons faire une chasse impitoyable aux petites bestioles qui, avec un sans-gêne déconcertant, couvrent notre lit.
Et nous ne nous endormons jamais sans avoir terminé notre duel de « feintes » auquel participent évidemment Alex, Moumoute , ... et Hubert, la révélation de la saison.

À la venue des normaliennes de Tarbes et conformément à nos traditions, nous ne pouvons pas faire autrement que d'organiser un bal, lequel se déroule au milieu des sourires épanouis du personnel et des autorités – directoriales des trois EN.
Mais, en toute chose, il faut considérer la fin.
Il fallut bientôt songer au retour. Nous n'avons qu'un seul regret : celui de ne pouvoir prolonger plus longtemps notre séjour, rendu d'autant plus agréable par l'enthousiasme de tous, la simplicité de Monsieur et Madame Hickel, et par la chaude camaraderie de Hubert.
Et maintenant tout le monde garde encore et gardera longtemps un très bon souvenir de ces vacances que nous avons pu nous offrir grâce à la bonne volonté et au travail de tous.
Nous avons voulu montrer par là que, lorsqu'ils le veulent, les normaliens d'une promotion unie peuvent atteindre de hautes réalisations.
Pour la promo « Renaissance »
R.LAPLACE, J. LECLERCQ., M.MOUTIEZ

(1) Hubert : fils de M. HICKEL


LA PAGE DE L'ASSISTANT D'ANGLAIS C.LIPTON



















Pensées  d'automne.
« Ô, si nous pouvions nous voir comme les autres nous voient »… dit Robert Burns le poète écossais. Pour votre bien et profit, -j'espère-  voici quelques impressions fugitives d'un bleu, votre assistant d'anglais.
Vision, bruits de choses que jamais je n'oublierai :
Nos élèves en travaux agricoles, balayant les feuilles d'automne et apportant aux occupations rustiques le même infaillible intérêt que la mise au point d'une version anglaise.
Quand, bien vite, le prof Denaw sonne l'alarme à 5:00 (ou plutôt, n'est-ce pas toujours à 5:00 moins une minute ou deux ?) La torpeur d'un languissant après-midi cède place à un dynamisme renouvelé. 
Il semble qu'une décharge électrique vienne de propulser à travers la cour tous ces élèves, langue pendante, vers la petite salle du coin. Là, leurs appétits de fauves vont se rassasier d'un énorme quignon d'un affriolant pain sec, si volumineux qu'il faut la bouche d'un normalien pour se mesurer avec eux.
Désormais se sont éteints les accents mystiques de Loulou qui fut pour nous un cri de ralliement, la marseillaise du stade Demény.
Ces mêmes robustes poumons, ces mêmes voix stridentes qui ébranlent jusqu'aux fondations du terrain de basket, subissent une métamorphose dans la salle de classe et susurrent si doucement, si faiblement et ô, si péniblement, comme la petite voix tranquille dont parle la Bible.
Les athlètes jeunes et fringants, débordant de vigueur et d'énergie,  fument pourtant beaucoup plus qu'il n'est raisonnable pour quiconque se consacre sérieusement au sport. Et la qualité du tabac aussi est un facteur de l'endurcissement des Français : elle mettrait KO n'importe quel docker anglais. Si Dalilah, au lieu de couper les cheveux de Samson, lui avait offert un paquet de gauloises, elle serait aussi bien parvenue à ses fins.
La gamme des sobriquets et petits noms est variée, par exemple Théo  et Lucien, Coco et Ben, l'araignée et Gabelou… (Je serais très heureux de connaître le mien).
Le baptême fut aussi effrayant pour les bleus qu'intéressant pour moi (jusqu'au moment où quelqu'un suggéra… que je devais être baptisé, moi aussi). Ce fut la première fois depuis l'armée que l'on me cira mes souliers (n'est-ce pas Wibaille !)
Quelles intéressantes personnalités nous eûmes à l'école, ce jour-là ! Fées bondissantes, danseurs de ballets, arabes imposants, indiens sauvages et très antipathique bourreaux !
Quelle différence avec tout cela quand le samedi, nous nous retrouvons, paix et tranquillité ; de fourmillants bataillons défilent sous le porche, valises et sacs bondés de linge sale et de pots de confiture vides. Tous clignent des yeux à notre adresse, -nous internes-, et crient effrontément :« bon dimanche » .
« Bon week-end et bon courage ! »
C. Lipton





















LE DIAPORAMA DES 12 PAGES DE CE DOCUMENT QUE NOUS PUBLIERONS AU FUR ET À MESURE DE LEUR DÉCRYPTAGE. À découvrir en musique...

vendredi 25 octobre 2013

LE FÉDÉRALISME EUROPÉEN EST-IL POSSIBLE? (ÉCHOS D'UNE CONFÉRENCE) RELATÉE DANS "REFLETS" DE FÉVRIER 1948

Nous extrayons du journal "REFLETS" de février 1948 l'article suivant consacré à la construction européenne telle qu'on l'imaginait alors lors d'une conférence proposée aux normaliens de Douai. Qu'en est-il aujourd'hui en 2013 ? Les rêves et les doutes sont-ils les mêmes? Jugez par vous mêmes....

LE FÉDÉRALISME EUROPÉEN EST-IL POSSIBLE? (ÉCHOS D'UNE CONFÉRENCE)
(CLIQUEZ SUR CE LIEN POUR RETROUVER L'ORIGINAL DE L'ARTICLE SUR LE BLOG)

Le fédéralisme européen est-il possible ?
Tel fut l'objet de la conférence, ou plus exactement de l'entretien qui, mené sous la direction d'un participant au congrès de Rome et avec le concours de monsieur le directeur souleva de la part de tous les élèves de quatrième année un réel intérêt qui se manifesta largement dans la discussion qui suivit.
Le devoir s'impose alors à notre  journal d'élargir le débat à tous les normaliens et à toutes les normaliennes qui ressentiront, comme nous, la complexité du problème.
L'orateur après avoir rappelé l'historique du mouvement fédéraliste européen, né au lendemain de la libération, évoqua le souci premier de cet organisme, celui de tout être raisonnable : défendre la paix.
Il exposa ensuite les différentes tendances actuelles de ce mouvement, soulignant surtout l'influence des fédéralistes d'une part, des unionistes, d'autre part, animés par Winston Churchill .
Il précisa que le moyen d'action immédiat commun à ces différentes tendances était la constitution d'une union européenne indépendante, face à ce qu'ils appellent : les deux blocs irréductibles, les États-Unis et l'Union soviétique en l'occurrence.
L'orateur se défend  alors de préconiser par-là, la création d'une troisième force internationale. (...)
Après quoi, l'âpre curiosité de son auditoire l'y invitant, il essaya de satisfaire les exigences de ceux qui ne désiraient adhérer qu'à un programme précis.
A vrai dire, ce programme précis, nous ne l'avons pas trouvé, c'est pourquoi nous avons essayé d'apporter nos suggestions dans la mesure de nos modestes connaissances.
L'Europe fédérée  sera-t-elle effective si elle n'est pas une réalité économique ? Évidemment non.
Il nous faut donc imaginer la création, entre les différents états intéressés, d'aménagements douaniers et d'une harmonie de production.
Cette perspective est-elle possible dans l'état actuel des nations européennes ?
Cette fois encore, il suffit de voir pour se convaincre de la réalité. Nous ne saurions imaginer en effet la création d'un bloc indépendant par la juxtaposition d'éléments engagés tantôt  idéologiquement, tantôt politiquement à l'un ou l'autre des blocs dont entend se préserver l'union européenne.
Or, pouvons-nous nier la sympathie idéologique des états de l'Europe orientale pour l'Union Soviétique ? Pouvons-nous d'autre part refuser de reconnaître que l'économie « occidentale », en général, et l'économie française en particulier sont placées, par l'intermédiaire du plan Marshall sous la tutelle de l'économie américaine ?
Chacun des états européens se trouve ainsi plus ou moins immiscé dans une économie ou une idéologie extérieures au cadre de l'union européenne.
Nous ressentons alors la nécessité pour chacun d'eux, d'abandonner ces différentes attaches. Or, depuis la création du mouvement fédéraliste européen, nous assistons à une accentuation très nette de ces engagements sous toutes leurs formes. Incompétence ? Impuissance ? C'est ici qu'apparaît le caractère révolutionnaire de ce principe d'une Europe fédérée.
Elle ne sera effective que dans la mesure où elle sera une étape vers l'internationalisme des peuples. Or, le fédéralisme européen, tel qu'il est conçu par les animateurs actuels, ne fait que reporter à l'échelle européenne le mythe national paralysant de chacune des nations composantes.
Il ne constitue donc aucun progrès d'éducation populaire, utile à la constitution d'un monde de fédéré, seul obstacle aux problèmes économiques et à la guerre.
Notre scepticisme  peut paraître bien sévère ; bien sûr nous acquiesçons sans réserve lorsqu'il s'agit de sauvegarder la paix ; cependant nous avons connu la SDN, nous connaissons l'ONU, c'est pourquoi nous exigeons des formes d'actions nouvelles, c'est pourquoi nous préconisons une participation plus effective des peuples qui, parce qu'ils devraient la faire, ne peuvent déclencher une nouvelle guerre.
R. Godard

mardi 1 octobre 2013

PROPOS D'UN ASSISTANT D'ANGLAIS SUR SON ARRIVÉE À L'ENG EN SEPTEMBRE 1947




VOICI UN ARTICLE PARU DANS "REFLETS" DE FÉVRIER 48, SIGNÉ "C.LIPTON, ASSISTANT D'ANGLAIS À L'ENG DE DOUAI SOUS LE TITRE :


A TRAVELLER'S TALE 
(REMARQUES D'UN VOYAGEUR)

"Mes goûts culinaires sont des plus délicats : il y a des plats qu'il m'est non seulement impossible de manger, mais même de regarder.
Quand, en Angleterre, mes amis me dirent que les français mangeaient  des cuisses de grenouilles et des escargots à chaque repas, imaginez quelle horreur fut la mienne.
Depuis Londres, mon voyage tout entier fut un véritable purgatoire, et, traversant la Manche, il m'arriva pas, à plusieurs reprises de croire apercevoir des grenouilles et des escargots nageant par milliers.
Mon soulagement fut grand quand, arrivé à l'EN, je trouvais seulement sur la table, un bol, du pain et de la confiture.
Or, le petit déjeuner se passe différemment en Angleterre ; j'attendis, afin de voir exactement comment manoeuvrer les aliments étalés devant moi.
Comme il est impoli de dévisager les gens quand ils mangent, j'ai essayé de prendre un air indifférent. Mais, en réalité, je m'efforçais d'observer les autres du coin de l'oeil, à tel point que les yeux me sortaient de la tête, jusqu'à se perdre dans le bol du surveillant assis à coté de moi.
Puis, je commençais.
D'abord, je ne m'étais pas rendu compte qu'en France, vous êtes soucieux des choses de la vie au point d'aiguiser vraiment vos couteaux ; aussi coupais-je ce que je pensais être du pain, en fait un morceau de chair savoureuse (je suis persuadé que la nature m'a pourvu d'une appétissante configuration ; car étant donné le rationnement et le prix élevé de la viande, les moustiques de la Scarpe n'ont cessé de m'arracher des morceaux entiers de ma personne ; quand ils auront tout mangé je pourrai dire, comme Rupert Brook, un poète anglais de la guerre 1914-1918 : « Pensez simplement de moi qu'il y a dans une terre étrangère un coin à jamais anglais").
Bref, après m'être ensanglanté les doigts, je pensais qu'il était temps d'attaquer la confiture. Les choses se passèrent raisonnablement bien, jusqu'au moment où je m'aperçus qu'il fallait absolument tremper la tartine dans le bol de café.
Je m'efforçais  de paraître plein de confiance, souris largement à la ronde et essayais à nouveau.
Peine perdue. Je réussis seulement à engluer les manches de mon veston, mon col et ma cravate. Aussi sortis-je pour une courte promenade dans le parc. Je m'aperçus que les élèves me regardaient très attentivement, tout en murmurant entre eux. Je commençais  à me sentir très inquiet : « ai-je réellement l'air si drôle ? » me demandai-je. « Si oui, ils sont plutôt cruels de me le faire sentir à ce point ».
En écoutant bien, je découvris qu'ils répétaient  souvent un certain mot. 
Était-ce un terme du code secret que les étudiants français emploient quand ils conspirent contre leurs malheureux profs ? Non, il ne s'agissait pas de cela car ils me dirent plus tard que je ressemblais à Cerdan qui venait de remporter le titre de champion du monde. Oui, c'était là le mot magique : Cerdan ; et, quelques grands que soient mes péchés durant mon séjour en France, je suis sûr que le nom de Marcel Cerdan me les fera pardonner."
C. LIPTON