Week end passion organisé par l'amicale laïque lewardoise présidée par André Léger (promo 66 71) et c'est filmé par Paul Majowski (promo 58 62) en 2014. Retour sur l'événement

En cette période éprouvante de pandémie voici les souvenirs rafraîchissants datant de l'année 2014. Les Lewardois ont vécu un weekend de passion : les exposants, invités par l'amicale laïque, ont rivalisé d'ingéniosité et... de multiples passions, tant pour les jeunes que pour les gens âgés, pour les artistes que pour les sportifs. Les visiteurs ont pu admirer les objets exposés, poser des questions à loisir et, fait rare, assister à la création en son déroulement. L'escrime et le tennis de table ont donné lieu à des rencontres sportives.



Vidéo N°2 ESCRIME, FLEURS SÉCHÉES , CALLIGRAPHIE

Vidéo N°3 BIEN-ÊTRE, MUSHING, MOULES À BEURRE ANCIENS, PÂTISSERIE, ACTION SOLIDAIRE, PEINTURE SUR SOIE, PASSION DE L'IMAGE, POTERIE



Vidéo N° 4 POUPÉES DE COLLECTION, CRÉATION DE POUPÉES, SCULPTURE SUR PIERRE, TENNIS DE TABLE, PASSION DU TERROIR, JEUX VIDÉO








Vacciner ou pas, c'est un débat actuel mais Michel Wencel se souvient de la lutte contre la tuberculose en 1970 et a retrouvé le carnet de timbres antituberculeux vendus en 1928 dans les écoles

 


En 1928, on demandait aux écoliers de se mobiliser contre la tuberculose au travers du timbre antituberculeux diffusé par le Comité National de défense contre la tuberculose. Petite vidéo ci-dessous du carnet envoyé par Michel Wencel :


(cliquer ici pour lire le document en pdf)

En 1970, Michel Wencel se souvient que l'on demandait aux écoliers de diffuser le timbre édité par le Comité National contre la tuberculose dans des carnets de 10 timbres comme celui-ci en vidéo ci-dessous :


Cela amène au débat actuel sur l'opportunité d'un vaccin contre le COVID 19 et les réflexions de Michel Wencel ci-dessous :



Une anecdote savoureuse contée par Michel au sujet du timbre antituberculeux dans les années 70 :

Au sujet de la vente des carnets, « en ce temps-là », quelques élèves avaient du mal à rapporter l’argent de la vente ou les timbres invendus. Je me souviens en particulier de l’un d’eux, un cas rare, qui ne rapportait ni l’argent ni les timbres. Un sacré filou. Il a grandi. Voici quelques années, son entreprise de pompes funèbres a dû fermer ses portes, la justice ayant mis le nez dans ses affaires. Je pense qu’il a dû changer d’air pour s’expatrier vers un pays ensoleillé. Il faut toujours « apprendre » de bonne heure !

En allemand : «Früh übt sich »

Salut et bonne fête


Michel Wencel (promo 54 58)

 

On peut lire sur notre site l'article complet consacré à  l'histoire de la lutte contre la tuberculose  en France et particulièrement à l'école.


Avant "ÉLAN", le journal normalien s'appelait "CLIN D'OEIL". Bernard Stienne (66 71) en a gardé 2 numéros dont ce spécial Noël de 1964








 

Ont collaboré à ce numéro de 44 pages, uniquement des normaliens (Clin d'oeil n'était pas mixte à la différence d'ÉLAN) :
P.Loire (4B), Guy Maes (4B), Henri Parmentier (Philo), Claude Poignant (1D), Michel Pagniez (4B), Bernard Boulanger (sc.ex1), Philippe Hémez (4A), Michel Laurent (Philo), C.Beck (2A), L.Roche (M.élem), M.Prévost (4B)

On y trouve :
- "Depuis quand fête-t-on Noël ?" une étude signée Patrick Loire,
- un hommage à Kennedy par Henri Parmentier,
- une longue étude sur le caricaturiste Daumier par Patrick Loire,
- un poème "Deux vies" signé Claude Poignant, un autre de C. Beck "Après la bataille"
- une caricature "Toilette du Normalien" au sujet de l'hygiène de certains, signée Michel Pagniez,
- un article sur Georges Brassens, signé Bernard Boulanger,
- le programme des 3 cinémas douaisiens de l'époque : le Studium, le Colisée et le Palace par Henri Parmentier au nom du Ciné Club,
- un récit de voyage très intéressant "Enfin la Laponie", aux confins de la Suède, de la Finlande et de la Norvège, signé Philippe Hémez,
- un article humoristique sur le pou, signé M.Prévost,
- une étude comparée de la formation des instituteurs en Grande Bretagne et en France par l'assistant d'anglais P.A. Saunders,
- une nouvelle tragique, "Fatalité", signée L. Roche

C'est à lire en entier ici : cliquer sur le lien

C'est aussi sur le site internet de l'amicale des anciens normaliens de Douai avec tous les autres exemplaires des journaux normaliens déjà scannés : cliquer sur le lien 

ÉLAN n°8 (1969-70) de la collection privée de Bernard Stienne est en ligne sur le blog et le site de l'amicale des anciens normaliens

Et voici la 8ème numérisation d'Élan.


Ci dessous le sommaire des 20 pages avec les auteurs des principaux articles :


Pour lire la suite,  c'est ici : cliquer sur le lien
 Vous pouvez consulter l'ensemble des titres déjà scannés sur le site de l'amicale danns la page : l'Oeuvre des nôtres

GÉRARD HOULLIER N'EST PLUS, MARC DELMOTTE NOUS EN FAIT PART ET SE SOUVIENT DE LUI COMME CHAMPION DE HANDBALL AVEC L'ÉQUIPE DE L'ENG EN 1966-67

Gérard Houllier est passé par l'ENG de Douai pour une formation d'instituteur. Il a été professeur d'anglais avant de devenir l'entraîneur de football très reconnu. Il a été champion d'académie (1966-1967) avec l'équipe de hand-ball de l'ENG Douai dont il était le gardien (voir photo). 
Marc Delmotte (promo 64 68)


Michel Radouan (promo 61 65) se souvient aussi :
« Je l'ai côtoyé pendant cette année 66-67, externes tous les deux, nous louions chacun une chambre dans la même maison. C'était un excellent gardien de hand et à l'époque il ne semblait pas intéressé par le foot. 😢 »

Lu dans le courrier des lecteurs de la Voix du Nord :



MES SOUVENIRS DE GÉRARD HOULLIER

Nous nous sommes rencontrés, avec Gérard Houllier, à l’école normale de Douai en 1969. Il se spécialisait pour le professorat d’anglais et moi pour celui d’éducation physique. Nous partagions notre passion pour le football.

Une anecdote de cette époque : un stage à l’étranger était au programme des études et la destination (Angleterre, Allemagne, Suisse…) était tirée au sort. Gérard devait aller en Suisse et moi-même en Angleterre. Il m’a demandé si l’on pouvait échanger… c’est ainsi que je me suis retrouvé à Porrentruy, en Suisse et Gérard… à Liverpool ! C’était prémonitoire… Nous nous sommes retrouvés lors d’un stage d’éducateurs de football au CREPS de Wattignies. J’étais alors stagiaire et lui, déjà, encadrant avec Michel Vandamme et Jules Bigot entre autres…

Un peu plus tard, au stage d’entraîneurs à Vichy, alors qu’il quittait le RC Lens pour le PSG, nous étions voisins de chambre et passions des heures à peaufiner des exercices de foot. Il adorait ça. Au-delà de sa carrière et de son palmarès, ce sont ces petits souvenirs que je garderai de Gérard.

r. l. – gondecourt La VOIX DU NORD REND COMPTE DE SA CARRIÈRE :

Décès de Gérard Houllier : de la folle aventure de Nœux jusqu’à Lyon, une carrière mouvementée



Terrible nouvelle  : Gérard Houllier est mort à l’âge de 73 ans ce lundi matin, trois semaines après avoir subi une opération de l’aorte. Le natif de Thérouanne dans le Pas-de-Calais laisse derrière lui une carrière d’une folle densité, marquée par les exploits avec Nœux, les titres avec Paris et Lyon mais aussi un échec immense, avec l’équipe de France.

Sébastien Noé | Publié le14/12/2020  

Gérard Houllier est décédé quelques jours après avoir subi une opération de l’aorte.

    
Après Michel Hidalgo et Robert Herbin, la France perd encore un de ses plus emblématiques entraîneurs. La santé de Gérard Houllier s’était détériorée ces derniers jours et celui qui était toujours conseiller du président Jean-Michel Aulas à Lyon, s’est éteint ce lundi matin selon des informations révélées par l’Equipe et RMC.

Né dans le Pas-de-Calais à Thérouanne, Gérard Houllier, qui a débuté la carrière d’entraîneur alors qu’il n’a jamais été joueur professionnel (il était professeur d’anglais), s’est révélé en entraînant Nœux-Les-Mines (1976-1982), puis Lens (1982-1985) avant de poursuivre une carrière brillante à Paris, Lyon ou Liverpool.

Il a également été sélectionneur de l’équipe de France, de 1992 à novembre 1993, expérience achevée sur une élimination terrible du Mondial 1994, après une défaite à la dernière minute contre la Bulgarie.

La folle aventure de Nœux-les-Mines

Joueur amateur, professeur d’anglais, Gérard Houllier a connu sa première expérience sur le banc, en amateur, au Touquet. Mais c’est à partir de 1976 qu’il va rééllement embrasser la carrière en débarquant à Nœux-les-Mines. Un club au statut amateur qu’il emmènera jusqu’en Ligue 2, avec un jeu novateur et une capacité à magnifier ses joueurs. Ses exploits lui valent d’être courtisé par un prestigieux voisin  : le RC Lens qu’il dirige entre 1982 et 1985.

Sous ses ordres, il aura notamment Didier Sénac ou Francis Gillot qui a réagi ce lundi au décès. « Ça secoue d'apprendre cette triste nouvelle. Quand je suis arrivé à Lens en janvier 1983, Gérard était l'entraîneur en poste. J'avais seulement trois années de professionnalisme. Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment mais avec du recul, c'était un entraîneur révolutionnaire pour l'époque notamment dans son approche technique avec les exercices qu'il proposait. Il y avait plus de recherches, on le sentait bien. C'était pointilleux notamment au niveau de la préparation et de l'alimentation. Le football c'était toute sa vie. Il a réussi une grosse carrière en entraînant ensuite le PSG, Liverpool et Lyon et s'est forgé un superbe palmarès. Il a aussi été sélectionneur de l'équipe de France. Sa réussite n'est pas une surprise car il ne travaillait que pour le football ».

Le premier titre avec le PSG

En 1985, c’est le PSG qui vient le chercher. A la tête d’une équipe ambitieuse où figurent notamment Luis Fernandez, Safet Susic ou Dominique Rocheteau, il décroche en 1986 le premier titre du club parisien avec trois points d’avance sur le FC Nantes. La suite est nettement plus compliquée, en raison notamment des soucis financiers du club présidé alors par Francis Borelli. Il quitte le club en 1988, pour s’engager dans l’aventure de la Fédération française de football.


L’équipe de France et le traumatisme de la Bulgarie

Entre 1988 et 1992, Gérard Houllier quitte donc l’univers club pour travailler à la FFF. Il devient l’adjoint de Michel Platini en 1988, et participera notamment à l’Euro 1992. Comme souvent à l’époque, il prend naturellement la suite après le départ de l’ancien meneur de jeu.

S’ouvre alors la période la plus noire de sa carrière. En un an et demi, son équipe, minée par les relations conflictuelles entre les joueurs marseillais et parisiens, alterne le bon et le mauvais mais se retrouve tout de même en position de se qualifier pour le Mondial 1994 aux États-Unis. Malgré du talent dans toutes les lignes, et notamment un duo d’attaquant Papin-Cantona, l’équipe de France s’écroule sur elle-même avec deux défaites à domicile pour terminer contre l’Israël et la Bulgarie.

L’image de Houllier se prenant la tête après la frappe décisive de dernière seconde d’Emil Kostadinov restera longtemps comme une tâche indélébile. Dans la foulée, Gérard Houllier critique vertement David Ginola, auteur d’une sortie médiatique quelques jours avant, et l’accuse d’avoir « commis un crime contre l’équipe ». Houllier finit par démissionner mais reste directeur technique national. C’est un certain Aimé Jacquet qui prendra sa succession, début 1994.


L’aventure anglaise

Après le titre mondial des Bleus en 1998, Gérard Houllier décide de tenter l’aventure à l’étranger après avoir reçu une offre du prestigieux Liverpool. Il est alors « associé » à un britannique, Roy Evans, mais l’attelage ne tiendra pas longtemps. Son passage ne laissera certes pas de trace indélébile en championnat, où il subit la domination d’Arsenal et de Manchester. Mais il reste marqué par l’incroyable saison 2001 où il réalise le quadruplé  : Trophée des champions, Cup, Coupe de la Ligue et Coupe de l’UEFA.

Entre 1998 et 2004, il aura également participé au retour au premier plan du club en lançant notamment quelques jeunes appelés à devenir des idoles comme Michael Owen, Jamie Carragher ou Steven Gerrard. Il aura également souvent recruté français, notamment l’ancien buteur d’Auxerre Djibril Cissé qui lui a rendu hommage sur twitter  : « Aujourd’hui je suis très triste. Grâce à vous, j’ai pu jouer dans ce merveilleux club de Liverpool. Un grand merci pour tout ce que vous avez fait pour moi ».


Le retour en France, les titres à Lyon

Sept ans plus tard, Gérard Houllier revient par la grande porte en France en succédant à Paul le Guen sur le banc de Lyon, triple champion de France à l’époque. Il remportera trois titres de plus avec un OL ultra-dominateur à l’époque, qui progressera considérablement dans le jeu. En Coupe d’Europe, il réalise notamment un exploit marquant avec une victoire explosive 3-0 contre le Real Madrid.


Son passage à Lyon restera l’un des plus marquants de sa carrière, et malgré un retour très bref à la DTN en 2008 puis une nouvelle expérience en Angleterre (Aston Villa) et un projet mené avec la marque Red Bull, il revient finalement à l’OL le 1er septembre 2016 comme conseiller du président. Un poste qu’il occupait encore actuellement.

Un nouvel ÉLAN, de l'année scolaire 68 69, nous est proposé à la lecture par Bernard Stienne. On y trouve quelques pépites

PAGE DE COUVERTURE



 SOMMAIRE :



Ont participé à la rédaction notamment  : HANON GÉRARD,(TD2), PACCOU BERNARD (1D2), DEVILLE (TD2), BILLON, (TD1), DUPONCHEL, DEWILDE


Des sujets sérieux sont abordés tels : la guerre au Vietnam, dans "Stop the war" signé Hanon Gérard, la religion dans "Nous avons besoin de croirte" signé Dewilde, Ghandi dans "la lumière de l'Inde", signé Paccou Bernard

D'autres thèmes, plus légers, sont abordés :

- "le Flirt" par Ivana Polisini,

- "la faune estudiantine" au sujet de la correspondance en cachette pendant les cours entre normaliens et normaliennes, rédigé par "Path"

- "petite correspondance d'ennui" au sujet de l'ennui pendant les cours jugés insipides ou ennuyeux, signé "Path"


Nous avons aimé un poème rédigé par "Florence" qui évoque les normaliens et normaliennes séducteurs et leurs déboires :

Lorsque, dans les rues de Douai,

Vous le verrez passer,

Le tête haute et l'âme fière,

Mademoiselle, faites votre prière,

Car c'est un être dangereux,

Recherché de Tournai à Roeulx.

Sous ce cheveu discipliné,

Ou complètement électrisé

(plusieurs espèces sont permises 

pour éviter toute méprise),

Se trouve un roseau pensant,

Un cerveau froid, un Don Juan.

Mais aussi un danger permanent,

Qui laisse aux filles un coeur saignant.

Ce splendide animal,

Bien étrillé et bien brossé,

Sort tout droit de l'Ecole Normale 

Vous l'avez déjà toutes deviné.


Mais il a un pendant féminin, hélas !

Qui telle une jument de race,

Va toujours se pavanant,

Ce qui est, avouons-le, bien tentant

Une oeillade en coulisse suffit,

Tout de suite vous êtes pris

Par cette lionne en mini-jupe,

Qui fait pâlir d'envie les pin-ups,

Mais hélas, vous l’ennuyez bientôt,

Et vous voilà le bec dans l’eau.

Car trois heures de liberté,

Ce n’est vraiment pas assez pour flirter !

En effet, pas de veine,

Vous avez eu une normalienne !

FLORENCE


Pour lire le document scanné en pdf, rendez-vous sur le site internet, dans la page l'oeuvre des nôtres : ÉLAN N°7 (68-69) : cliquer sur le lien


Un nouvel Élan pour Sainte Catherine et Noël, paru en décembre 1967, envoyé par Bernard Stienne, promo 66-71

Les problèmes techniques n'ont pas eu raison de mon obstination.

Voici, comme promis, la sixième numérisation de ce bulletin.

Le thème "Noël" est tout à fait d'actualité.

Un petit compte rendu du bal de sainte Catherine évoque un moment tant attendu par les "deux côtés du mur du potager"...

Le lever d'un normalien est présenté sous forme d'organigramme. Sa logique sera nécessaire à l'évolution de l'informatique quelques années plus tard.

Quelques autres découvertes intéressantes figurent dans cet exemplaire.


BERNARD STIENNE, 


Le sommaire est riche et varié :



Pour lire ce numéro d'Élan en entier, c'est ici : cliquer sur le lien 

Jacques Devienne (promo 67 70) nous rapporte cette anecdote concernant un directeur d'école normale, très discret, Monsieur Virel, que les élèves-maîtres de l'époque 1967-1976 ont connu forcément même si ses apparitions étaient rares dans les couloirs de son école. La porte de son bureau était d'ailleurs, comme c'est rappelé dans cet article, agrémentée d'un feu tricolore (pour filtrer les solliciteurs)

Bonjour,


Tu voudras bien trouver ci-joint le récit d'une anecdote concernant un ancien directeur de l'ENG. Amicalement Jacques DEVIENNE (67/70)


A BON ENTENDEUR…


     Il me reste pas mal de souvenirs plus ou moins agréables des années passées à l’école normale de Douai. La lecture de la liste des anciens directeurs de cette vénérable institution a ravivé l’un d’eux.

Un surveillant entre dans la classe pendant un cours et s’adresse à moi : « Devienne vous êtes convoqué chez Monsieur le Directeur ». Il sort sans plus d’explications. J’essaye de me concentrer sur le cours mais les questions se bousculent dans ma tête : « pourquoi cette convocation ? pourquoi moi ? ai-je commis quelque chose de répréhensible ?" A l’heure dite j’arpente, un peu inquiet, les couloirs dans la direction du bureau de Monsieur le Directeur.


Dans l’antichambre je retrouve quelques camarades et nous découvrons que nous sommes tous musiciens ; la convocation doit donc avoir rapport avec la demande d'autorisation de sortie que nous avons déposée pour aller suivre les cours au conservatoire. Cette hypothèse détend un peu l’atmosphère en dépit de la solennité du décorum ; double porte capitonnée et feu tricolore (!) à l’entrée du Saint des Saints .


Nous entrons dans le temple et nous nous alignons debout devant le bureau. Monsieur le Directeur commence à nous délivrer son message, il est question de " chance que nous avons d'obtenir cette autorisation", "de confiance qui nous est accordée","de responsabilité de futurs éducateurs"... Il parle très bas, il chuchote presque, ses propos sont difficilement perceptibles et nous sommes tous très concentrés. Je remarque un peu plus tard que mon voisin, par ailleurs excellent pianiste (il s'appelait, je crois, Merlin) tourne lentement la tête pour diriger son oreille droite vers Monsieur le Directeur et mieux entendre. Il fait ce geste très lentement pour éviter qu'il ne soit remarqué et j'ai très envie d'en faire de même. Soudain le Directeur s'adresse à lui :

- "Monsieur vous êtes musicien ?"

-"Euh... oui ..." bafouille mon voisin

-"Et vous ne m'entendez pas ?" dit le Directeur dont la voix est devenue soudain beaucoup plus forte et dont la colère est perceptible.

- "Euh... j'ai un peu de mal..."

- "vous avez des problèmes d'audition ? c'est gênant pour un musicien..."

- "euh, non, je ne crois pas ..."

La tension est forte je pense que mes camarades ont, à ce moment, envie de dire : "nous non plus nous n'entendons pas" mais personne n'ose intervenir. Monsieur le Directeur reprend son discours il est manifestement déstabilisé et je dois avouer que je redoute d'être saisi d'un rire nerveux. 

Au sortir du bureau notre autorisation en main nous n'avons pas pu nous empêcher de charrier notre camarade et son "oreille absolue". Aujourd'hui je me demande quelle serait la réaction des jeunes lycéens face à pareille scène... Autre temps ...


Jacques DEVIENNE (promo 67/70) 


PS : si quelqu'un a dans ses archives une photo de M. Virel, nous sommes preneurs afin de poursuivre sur le site internet de l'amicale l'évocation des 19 directeurs qui se sont succédé à la tête de l'école normale d'instituteurs de Douai de 1834 à 1991


Cet article a inspiré le commentaire suivant d'un de nos lecteurs, nous le reproduisons dessous :

17 mars 2021 à 11:24
Monsieur Virel, par sa personnalité, sa tenue, instaurait volontiers une certaine distance avec les normaliens... et les autres. Ses cheveux ondulés, argentés lui donnaient une prestance distinguée et accentuée par ses tenues vestimentaires: costumes sobres, noeud papillon...démarche mesurée, port de tête...Que dire quand il passait au volant de sa DS Citroen noire.. très ministérielle, le tableau était complet...il impressionnait.. J'en avais parlé avec Monsieur Joly, qui voyait là une façade pour une personnalité peut-être anxieuse ???...

Un nouvel exemplaire du journal normalien ÉLAN de l'année scolaire 1966 1967 scanné par notre camarade Bernard Stienne

 Page de couverture D'ÉLAN N°5 (1966-1967)



SOMMAIRE



En feuilletant les pages de ce numéro, nous avons découvert un contenu riche et varié malgré les moyens limités en impression. Le sommaire ne nous en donne qu'un aperçu imparfait :

- la tribune libre aborde la question ce cette catégorie de  normaliens éternels insatisfaits et négatifs dans leur comportement. 

- "Algérie 65" rend compte d'une rencontre avec des instituteurs français en Algérie dans le cadre d'un stage effectué avec le syndicat par deux normaliens de 4B, Michel Laurent et Jacques Legoeul, 3 ans seulement après l'indépendance. C'est très instructif

- "à propos de la Coopé" qui évoque les débats d'alors sur son fonctionnement et sa finalité et qui est signé par l'ancien président Laurent Michel et le nouveau H.P. Tetard (sc ex 2)

- "Mode en 65" par Hubert Quennesson (Philo) sur un ton humoristique

- "la jeunesse délinquante" et l'éducation surveillée : voilà un très bon article de fond bien étayé par des entrevues avec M. Berton, substitut du procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de Douai, Mecz, délégué permanent à la liberté surveillée, Gorillot, directeur du centre d'apprentissage artisanal de Phalempin

- "dans la Rue", un fait divers sordide puisqu'il s'agit d'un accident mortel raconté avec talent par Lucien Roche de 4B

- "Fonction du cinéma" par Laurent Michel 4B

- "le Carnaval"  ses origines et ses variantes de Nice à Dunkerque par Patrick Patte 2D


Voici l'introduction du récit de la rencontre avec des instituteurs français à Alger en 1965 : 

"ALGÉRIE 65

Délégués du Syndicat national des Instituteurs, nous avons effectué du 10 au 18 avril un stage de formation à ALGER, en collaboration avec les camarades de l’APIFA (association professionnelle des Instituteurs Français en Algérie ).

Influencés par des journaux tels que Paris-Match, France-Soir , etc.., nous pensions trouver dans ce pays nouvellement indépendant deux catégories d'individus : d'une part, les Algériens que  l'on croyait farouchement anti-Français, et d'autre part, les résidents Français que nous soupçonnions fort de néo-colonialisme .

La réalité est autre ."


ON POURRA LIRE INTÉGRALEMENT CE NUMÉRO DE 36 PAGES EN FORMAT PDF SUR LE NOUVEAU SITE DE L'AMICALE DES ANCIENS NORMALIENS DANS LA PAGE "L'OEUVRE DES NÔTRESEN CLIQUANT SUR CE LIEN

En février 2007, Stéphan Marcinkowski est fait Chevalier dans l'Ordre National du Mérite

Paul Majowski (promo 58 62)  a filmé la cérémonie qui s'est déroulée dans l'ancienne chapelle de l'ex-école normale de Douai. 

Dans la première vidéo, on prendra connaissance de l'éloge rendu par son camarade de promo Christian Lelièvre (promo 54 58). On reconnaîtra avec émotion Jean Joly évoquant en quelques mots les mérites de Stéphan, lequel est, ne l'oublions pas, président de l'amicale des anciens normaliens de Douai depuis 40 ans



 

Dans la deuxième vidéo, le discours de Jean-Yves Herbeuval, Inspecteur général de l'Éducation Nationale, parrain du récipiendaire.



Dans la troisième vidéo, le discours de remerciement de Stéphan Marcinkowski :






Festival des nomades par Bernard Stienne (promo 66 71)




Suite à l'information sur le festival des nomades animé par notre ami instituteur à M'Hamid el Ghizlane (Maroc) parue sur le blog de l' E.N., je peux mieux vous le faire connaître. J'ai retravaillé une vidéo où il apparaît. Noureddine Bougrab marque le rythme du pied à la seconde 40 puis on le retrouve à la 4ème minute. Voici le lien:



Vers la fin de cette vidéo je donne un autre lien, du même artiste Bombino, où il se retrouve chez lui à Agadès au Niger. J'apprécie beaucoup ces images car on s'y sent vraiment ailleurs. En ces temps de confinement, un peu d'évasion ne fait pas de mal !

Bon week end, bonne lecture et bonne vidéo !



Bernard STIENNE

Qui se souvient de Roger Beaucarne, l'avant dernier directeur de l'école normale d'instituteurs de Douai de 1976 à 1984 ?


Dans cet article de la Voix du Nord de décembre 1984, on salue son parcours, lequel ne s'est d'ailleurs pas arrêté à Douai puisqu'il termina sa carrière comme Inspecteur d'Académie à Périgueux où il fut décoré de la légion d'honneur en 1993, à son départ en retraite. Plus de détails sur sa brillante carrière sur notre site dans la page consacrée aux directeurs d'école normale de Douai. (cliquer sur le lien)






 

Bernard Mutelet, le dernier à avoir dirigé l'école normale d'instituteurs de Douai. Georges Wosik, promo 76 78, nous fournit deux textes précieux sur son arrivée à Douai en 1984 et son départ en 1991

 

Qui se souvient de Bernard Mutelet ? Il fut le dernier des directeurs de l'école normale de Douai, de 1984 à 1991, date de la création des IUFM. Nous lui avons consacré un article sur notre nouveau site normalien (cliquer sur le lien ) mais nous faisons appel à ceux qui l'ont connu pour nous aider à compléter la fiche biographique qui lui est consacrée. Envoyez vos témoignages ou documents à engiufmdouai@gmail.com


En réponse à notre appel, nous avons reçu de Georges Wosik, promo 76 78, ancien Responsable Pédagogique du Site IUFM de
Douai (2011-2012), le message suivant accompagné de 2 textes fort précieux que nous publions ci-dessous :

"Bonjour,

Suite à votre demande, je vous envoie 2 documents que vous pouvez publier dans le prochain bulletin de l'amicale :

- le premier, retrace l'arrivée de Bernard Mutelet à l'ENG

- le second est le discours énoncé par Pierre Herlent le 28 juin 1991 lorsque monsieur Mutelet quitte Douai : c'est en fait un discours qui retrace avec beaucoup de subtilité et d'humour les 7 années de direction  de Bernard Mutelet. Je vous souhaite bonne réception et reste à votre disposition." 
Georges Wosik


Premier texte :


L’arrivée de Bernard Mutelet un 24 août 1984


Après huit années passées à diriger l’Ecole Normale d’Instituteurs de Douai (de 1976 à 1984), Roger Beaucarne est nommé à l’EN de Lille. Fin août, je revois mon ancien Directeur qui m’annonce la venue de son successeur,   Bernard Mutelet en provenance d’Albi : je suis chargé de l’accueillir à l’ENG le vendredi 24 août.
Régulièrement, je guette l’entrée de la rue d’Arras. Brusquement, la sonnerie stridente du téléphone de service retentit vers 17 heures 30 : au bout du fil, une voix qui m’est familière, celle de monsieur Teston, concierge à l’Ecole Normale d’Institutrices. Il me demande de le rejoindre car un certain Bernard Mutelet s’est présenté au 161 de la rue d’Esquerchin prétendant être le nouveau Directeur !

J’arrive au pas de course rue d’Esquerchin : Une Peugeot 604 bleue immatriculée dans le Tarn, attelée à une caravane, barre l’entrée de l’ENF !
Monsieur Teston, visiblement paniqué, m’annonce que ce monsieur qui se tient debout près de sa voiture s’est présenté à lui en déclarant être le nouveau directeur alors que le matin même il avait encore croisé monsieur Élie Savoye (*) et que ce dernier n’avait nullement évoqué son départ de l’ENF !
Je m’avance vers Bernard Mutelet, visiblement surpris par la gêne occasionnée :
- je suis le nouveau directeur de l’Ecole Normale de Douai, j’ai appris ma nomination par téléphone (ministère) il y a peu de temps, me dit-il en toute humilité et en me serrant la main
- je suis bien au courant de votre venue lui répondis-je, en réalité il y a 2 Écoles Normales à Douai ! Vous n’êtes tout simplement pas à la bonne adresse !
Quiproquo levé, donc ! En soirée, après avoir échangé longuement avec mon nouveau Directeur, Bernard Mutelet m’a donné l’explication de son arrivée à l’ENF : lorsqu’il était IEN à Roubaix, il était venu en tant que membre d’un jury à l’ENF et il ignorait que Douai comptait sur son territoire deux écoles normales distinctes.
(*) : Élie Savoye a été directeur de l’ENF de 1983 à 1988. Il est décédé en 2011. (M. Chabbert deviendra le premier directeur d'un I.U.F.M. qui regroupe les deux ex-Écoles Normales, et voit " la Chute du mur de Douai ").                                      
                                                          Georges WOSIK

deuxième texte :


Discours de Pierre Herlent (professeur agrégé de Lettres à l’ex.ENG) lors du départ de Monsieur Mutelet et de Mademoiselle Vandrisse 

(Discours prononcé le 28 juin 1991 dans la chapelle de l’ex ENG)

Monsieur le Directeur, madame l’Attachée d’Intendance, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

 Lorsqu’un nouveau venu prend ses fonctions dans un établissement, les discours qui l’accueillent -pour sympathiques qu’ils soient- n’en demeurent pas moins, d’une relative brièveté. Il n’en est pas de même lorsqu’ils s’en vont. Je vois deux raisons à cet état de fait :
La première est que les nouveaux arrivants sont souvent peu connus, mal connus, voire totalement inconnus de ceux qui les reçoivent comme collègues ;
La deuxième, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités dotées d’un pouvoir dirigeant, parce qu’il est prudent de rester prudent, et de ménager l’avenir.
En revanche, la même circonspection n’est plus de mise le jour d’un départ : il n’y a plus d’avenir à ménager. En outre, dans l’intervalle des liens ont été noués, tout un passé de bons et de mauvais moments s’est tissé avec lesquels il faut comme au rugby, opérer une sorte de transformation : les faire entrer dans la mémoire. C’est, je crois le sens des mots que je vais prononcer maintenant, même s’ils n’engagent que moi et si chacun à accomplir pour lui ce travail de catharsis.

Vous m’avez confié un jour, sous le sceau du secret, c’est-à-dire, probablement dans la galerie, qu’avec la maturité, sinon une passion, du moins un goût plus prononcé vous était venu pour l’histoire. C’est donc en historien que je tenterai de dresser à grands traits le bilan de ces années que vous avez passées dans notre ancienne Ecole Normale. Je ne doute pas que, ce faisant, je fasse la preuve, à l’inverse que je n’ai jamais eu le moindre talent pour entretenir avec Clio, la muse qui vous chatouille, autre chose que des rapports de bon voisinage. Ces années que vous avez passées ici comme Directeur, la tentation est forte de les désigner par les mots de « règne », ou de septennat. S’il m’arrive d’employer ces termes, j’espère qu’on n’y entendra pas malice : je n’en ai pas trouver d’autres. Le mot « mandat » ne convient évidemment pas. Qu’on admette donc qu’il s’agit de simples métaphores.
Je commencerai par votre travail à l’intérieur. Certains s’attendent peut-être à des révélations fracassantes sur votre service de renseignements, à l’ouverture d’un dossier sur des micros secrets, des écoutes téléphoniques. Je ne m’y risquerai pas. Vous avez sans doute été informé, mais je laisse aux oubliettes de l’histoire, l’entier mystère de ce savoir faire.
On m’a dit aussi que vous aviez eu en matière de cabinets -c’est bien du domaine de l’intérieur dont je parle- une politique audacieuse, marquée par un égalitarisme volontaire et une opiniâtreté à l’égard notamment des services de mademoiselle Vandrisse qui fut triomphante. Vous en parlerez peut-être et sans doute mieux que moi.
Non, ce que je voudrais souligner aujourd’hui, d’un point de vue purement professoral peut-être, dont je m’excuse, c’est la somme considérable de papiers que vous nous avez fait remplir :
- vous avez toujours eu une affection particulière pour les cahiers d’U.F.(1), témoins de l’activité débordante de cette école ;
-vous avez agi avec insistance pour que soient établis avec les élèves ces contrats irréprochables que nous appelions « plans d’U.F. (2) et qui devaient nous assurer de solides arrières ;
-vous avez rétabli, pour ce qu’un collègue (3) aujourd’hui émigré dans le Velay appelait la « levée d’écrou », à savoir les autorisations de sortie, la règle qui consiste à les remplir en triple exemplaire, conformément sans doute à un article précis du règlement que vous sauriez nous citer de mémoire ;
- vous avez présidé à la refonte de ces cahiers de stages pour lesquels les instituteurs et les formateurs ont toujours montré des sentiments mitigés ;
- enfin, vous avez eu un respect très particulier pour ce cahier de concertation, recueil de nos décisions communes, dont vous aviez grand soin de vérifier l’inscription surtout quand elles émanaient de votre pensée par un péremptoire « notez monsieur Wosik » et où personnellement je n’ai jamais retrouvé la substance de mes interventions pourtant subtiles. Avez-vous conscience, madame l’Intendante, d’avoir financé ces dépenses somptuaires en papier et d’avoir ainsi contribué sinon au déboisement du patrimoine français, du moins au déficit de la balance nationale ? Quoi qu’il en soit, monsieur le Directeur, vous laissez derrière vous des archives colossales. A ce propos, laissez moi poser une question et exprimer une inquiétude : que vont devenir ces papiers précieux, témoins d’une vie exubérante, d’une créativité inépuisable et des conflits inévitables qui les ont ponctués ? Les avez-vous microfilmés ? Avez-vous songé à les mettre à l’abri de l’envahisseur ? Nul doute qu’ils pourraient servir à nourrir un jour, la réflexion d’un chercheur en Sciences de l’Education s’interrogeant sur la protohistoire des Centres Universitaires de Formation des Maîtres.
Si j’ai bien compris, en matière de gouvernement, votre regard a toujours été tourné vers l’Est. Le concept de perestroïka, devenu dans votre bouche la transparence, a été une clé de voûte de votre septennat. C’est à vous, plutôt qu’aux événements relativement récents des pays Baltes que nous devons d’avoir ouvert les yeux sur les limites d’une politique inaugurée par monsieur Gorbatchev. Et il me semble que dans les signes lisibles aujourd’hui, on peut relever, qu’au moment où vous partez pour Villeneuve d’Ascq, vient au premier plan monsieur Elstine, grâce auquel vous pourrez modifier vos chevaux de bataille. Vous voilà peut-être entré dans une phase de libéralisme centraliste ?

Mais venons-en aux relations extérieures : j’irai vite. Vous avez été un homme d’accueil et d’ouverture sur l’étranger. Je ne citerai pas ici les divers organismes qui ont trouvé asile dans notre enceinte. Mais c’est à vous que nous devons d’avoir reçu plusieurs années de suite des étudiants marocains ainsi que des religieuses venues du Liban. Cette ouverture de nos frontières est indéniable, et sont tout à votre honneur. Elles ont valu, à mademoiselle Vandrisse et moi-même, une visite nocturne du métro de Lille qu’elle ne connaissait pas. Nous avions pris, avec le professeur marocain que nous chaperonnions, la place fictive du conducteur ; le vent s’engouffrait dans nos cheveux, la vitesse nous grisait, nos yeux scrutaient l’obscurité blafarde… Une tranche de vie dont je me souviendrais longtemps et que nous devons à vous, monsieur le Directeur.
Nos pires ennemis sont nos voisines les plus proches. Vos rapports avec nos collègues de l’Ecole Normale d’Institutrices ont toujours été d’une extrême rigueur comparable, mutatis mutandis, aux réticences d’une madame Thatcher vis à vis de ses partenaires européens ou plus lointainement d’un certain Général.
Vous avez su faire taire les sirènes d’une collusion trop rapide, bien qu’inéluctable aujourd’hui. Tout en ménageant la nécessaire collaboration, vous avez su maintenir les distances garantes de l’identité des uns et des autres. Bref, pour prendre un langage imagé, vous avez pratiqué la politique de la petite porte ouverte, sans adopter celle de la démolition des murs.
Néanmoins, lorsque vous êtes arrivé, à Douai, un certain 24 août 1984, par la voie royale de la rue d’Esquerchin, il paraît que c’est au numéro 161 que vous vous êtes présenté. Permettez-moi d’émettre ici une question et ce n’est plus l’historien qui analyse mais la psychologie des profondeurs qui s’interroge : n’y-a-t-il pas eu dans cet acte manqué, les prémices douloureux d’un désir latent, refoulé, la naissance d’un amour d’autant plus violent et ambigu qu’il ne trouva jamais son accomplissement ?

Les grands règnes sont des règnes de bâtisseurs. Les grandes civilisations laissent des temples. Je n’en finirais pas d’énumérer, les pyramides, le Parthénon, Versailles, le Centre Pompidou, l’Arche de la Défense… Je compte à votre actif, et à celui de madame la surintendante, avec laquelle vous formez le couple infernal dans l’Histoire, non seulement d’avoir contribué au maintien du monument aux vivants que votre prédécesseur (4) avait érigé, en exigeant sa restauration par les mains iconoclastes qui l’avaient endommagé -lors d’une invasion barbare- mais encore d’avoir ajouté à l’embellissement de notre parc, en présidant à la construction, en apparence plus modeste, mais bien mieux située, d’un canon solaire.
Permettez-moi une rapide et superficielle étude comparative de ces deux chefs-d’oeuvre : ils sont tous deux situés dans les extérieurs et destinés à braver les intempéries. Que feraient-ils dans une de nos salles ? Ils sont constitués l’un et l’autre des mêmes matériaux : une base de maçonnerie, une ornementation de terre cuite et vernissée. Ils comportent chacun des inscriptions. Face à l’avenir qui nous préoccupe tous, je me pose néanmoins quelques questions. Nos petits enfants de l’an 2000, devant ces énigmes architecturales sauront-ils encore reconnaître que la spirale du monument aux vivants a été calculée approximativement dans un rayon variable sur la trajectoire de la comète de Hallez ? Sauront-ils deviner que votre fameux canon, que je n’ai jamais entendu fonctionner, pareil à l’Ixion cher à Apollinaire, vous savez, ce personnage mythique qui engrosse les nuages, ce fameux canon dis-je, est autre chose qu’un hymne vibrant et sempiternel, aux brumes, aux brouillards, à la bruine du printemps et à tous les miasmes polluants ?
Il est temps de citer pour montrer l’ultime élégance de votre fin de règne un proverbe anglais. Excusez mon accent : « When the boat sinks, the captain has to drink the cup », ce qui veut dire : quand le bateau coule, le capitaine doit boire la tasse. Vous avez réussi, monsieur le Directeur, madame l’intendante, à faire coïncider la fin des Ecoles Normales avec la fin de votre fonction, si bien que j’en suis intimement convaincu, personne n’évoquera avec nostalgie les figures marquantes qui ont présidé à ces temps. Pour ma part, j’espère avoir contribué modestement à célébrer l’événement de cette révolution, au sens où quelque chose est maintenant révolu.
Il me fallait pour terminer une dernière métaphore : vous affectionnez les comparaisons guerrières. Combien de fois m’avez-vous dit que vous étiez, que nous étions « toujours sur la brèche ! » J’informe au passage les populations qu’une brèche vient de s’ouvrir à Villeneuve d’Ascq. Je crains néanmoins que cette image ne donne à notre Education Nationale la réputation d’être un peu ébréchée. La métaphore que je choisirai est d’ordre sportif : au moment où vous prenez un nouveau départ sur les starting-blocks de l’IUFM, je souhaite que vous entriez d’un pas allègre et entraîné dans la destinée incertaine qui s’ouvre ainsi, en vous souhaitant qu’elle vous mène quelque part !
Et puisque vous partez, monsieur le Directeur, madame l’Intendante : A VOS MARQUES !

                                        Pierre HERLENT


(1) cahiers d’U.F : cahiers des unités de formation. Documents rédigés par les formateurs quant aux contenus disciplinaires à dispenser 
(2) plan d’U.F : déroulement de l’unité de formation à l’intention des élèves instituteurs (modalités d’évaluation)
(3) il est fait référence à Marcel Laisne (collègue de français) qui avait obtenu sa mutation pour l’Ecole Normale du Puy en Velay.
(4) Roger Beaucarne avait fait ériger en 1983 un monument aux vivants où figuraient les noms d’anciens normaliens ayant une fonction élective






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