Jacques Devienne (promo 67 70) nous rapporte cette anecdote concernant un directeur d'école normale, très discret, Monsieur Virel, que les élèves-maîtres de l'époque 1967-1976 ont connu forcément même si ses apparitions étaient rares dans les couloirs de son école. La porte de son bureau était d'ailleurs, comme c'est rappelé dans cet article, agrémentée d'un feu tricolore (pour filtrer les solliciteurs)

Bonjour,


Tu voudras bien trouver ci-joint le récit d'une anecdote concernant un ancien directeur de l'ENG. Amicalement Jacques DEVIENNE (67/70)


A BON ENTENDEUR…


     Il me reste pas mal de souvenirs plus ou moins agréables des années passées à l’école normale de Douai. La lecture de la liste des anciens directeurs de cette vénérable institution a ravivé l’un d’eux.

Un surveillant entre dans la classe pendant un cours et s’adresse à moi : « Devienne vous êtes convoqué chez Monsieur le Directeur ». Il sort sans plus d’explications. J’essaye de me concentrer sur le cours mais les questions se bousculent dans ma tête : « pourquoi cette convocation ? pourquoi moi ? ai-je commis quelque chose de répréhensible ?" A l’heure dite j’arpente, un peu inquiet, les couloirs dans la direction du bureau de Monsieur le Directeur.


Dans l’antichambre je retrouve quelques camarades et nous découvrons que nous sommes tous musiciens ; la convocation doit donc avoir rapport avec la demande d'autorisation de sortie que nous avons déposée pour aller suivre les cours au conservatoire. Cette hypothèse détend un peu l’atmosphère en dépit de la solennité du décorum ; double porte capitonnée et feu tricolore (!) à l’entrée du Saint des Saints .


Nous entrons dans le temple et nous nous alignons debout devant le bureau. Monsieur le Directeur commence à nous délivrer son message, il est question de " chance que nous avons d'obtenir cette autorisation", "de confiance qui nous est accordée","de responsabilité de futurs éducateurs"... Il parle très bas, il chuchote presque, ses propos sont difficilement perceptibles et nous sommes tous très concentrés. Je remarque un peu plus tard que mon voisin, par ailleurs excellent pianiste (il s'appelait, je crois, Merlin) tourne lentement la tête pour diriger son oreille droite vers Monsieur le Directeur et mieux entendre. Il fait ce geste très lentement pour éviter qu'il ne soit remarqué et j'ai très envie d'en faire de même. Soudain le Directeur s'adresse à lui :

- "Monsieur vous êtes musicien ?"

-"Euh... oui ..." bafouille mon voisin

-"Et vous ne m'entendez pas ?" dit le Directeur dont la voix est devenue soudain beaucoup plus forte et dont la colère est perceptible.

- "Euh... j'ai un peu de mal..."

- "vous avez des problèmes d'audition ? c'est gênant pour un musicien..."

- "euh, non, je ne crois pas ..."

La tension est forte je pense que mes camarades ont, à ce moment, envie de dire : "nous non plus nous n'entendons pas" mais personne n'ose intervenir. Monsieur le Directeur reprend son discours il est manifestement déstabilisé et je dois avouer que je redoute d'être saisi d'un rire nerveux. 

Au sortir du bureau notre autorisation en main nous n'avons pas pu nous empêcher de charrier notre camarade et son "oreille absolue". Aujourd'hui je me demande quelle serait la réaction des jeunes lycéens face à pareille scène... Autre temps ...


Jacques DEVIENNE (promo 67/70) 


PS : si quelqu'un a dans ses archives une photo de M. Virel, nous sommes preneurs afin de poursuivre sur le site internet de l'amicale l'évocation des 19 directeurs qui se sont succédé à la tête de l'école normale d'instituteurs de Douai de 1834 à 1991


Cet article a inspiré le commentaire suivant d'un de nos lecteurs, nous le reproduisons dessous :

17 mars 2021 à 11:24
Monsieur Virel, par sa personnalité, sa tenue, instaurait volontiers une certaine distance avec les normaliens... et les autres. Ses cheveux ondulés, argentés lui donnaient une prestance distinguée et accentuée par ses tenues vestimentaires: costumes sobres, noeud papillon...démarche mesurée, port de tête...Que dire quand il passait au volant de sa DS Citroen noire.. très ministérielle, le tableau était complet...il impressionnait.. J'en avais parlé avec Monsieur Joly, qui voyait là une façade pour une personnalité peut-être anxieuse ???...

1 commentaire:

  1. Monsieur Virel, par sa personnalité, sa tenue, instaurait volontiers une certaine distance avec les normaliens...et les autres. Ses cheveux ondulés, argentés lui donnaient une prestance distinguée et accentuée par ses tenues vestimentaires: costumes sobres, noeud papillon...démarche mesurée, port de tête...Que dire quand il passait au volant de sa DS Citroen noire..très ministérielle, le tableau était complet...il impressionnait..J'en avait parlé avec Monsieur Joly, qui voyait là une façade pour une personnalité peut-être anxieuse ???...

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