Michel Wencel et l'atelier bois de l'école normale d'instituteurs de Douai

Ah ! Si j'avais un marteau !






Photo du bouton par Paul Majowski


Le tampon buvard complet photographié par Paul Majowski



Un petit nombre d'entre nous se souviennent certainement de l'atelier de bois. C'est en extirpant de mes vieux papiers ce document de 1954 que j'ai revu en mémoire Monsieur Lemaire qui supervisait le travail du bois au rez-de-chaussée du Pavillon des Sciences.
L'épreuve du concours d'Entrée devait être facultative, elle apportait peut-être quelques points supplémentaires au candidat. Toujours est-il que j'avais relevé le défi, habitué depuis au moins deux ans au dessin industriel enseigné précédemment au collège.
J'ai appris très récemment que le travail du bois figurait à cette époque parmi les passe-temps favoris de Monsieur Bonnet, le professeur de maths. Avec sa propre installation de menuiserie il aurait fabriqué des meubles pour son entourage.
Mon « chef d'œuvre » n'avait pas dû l'émerveiller, je n'ai aucun souvenir du résultat. Peu fier de celui-ci, j'ai réalisé plus tard un second essai, une fois entré en première année, toujours sous la houlette de ce grand Monsieur Lemaire. Ses conseils semblent avoir porté leur fruit, je vous laisse juges du tampon buvard conservé précieusement depuis 65 ans.
Ignorant à cette époque le penchant de Monsieur Bonnet pour le travail manuel, c'est à lui que j'ai proposé quatre ans plus tard ma monographie sur l'industrie alors florissante du Douaisis. Merci à lui d'avoir généreusement apprécié mon travail.
À présent je manipule encore le ciseau, la gouge, la scie, le maillet. De plus en plus rarement hélas.
À la prochaine !

Michel WENCEL
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Le point de vue de Paul Majowski qui a servi de dactylographe pour l'article ci-dessus

À Rome un style, obsecro !

Signe des temps! Michel Wencel m'a demandé de TAPER son texte sur le bouton de tampon buvard. Il a réalisé ce bouton pour satisfaire à l'épreuve de travail du bois figurant dans la suite des épreuves du concours d'entrée à l'école normale (année 1954)
Signe des temps ! J'entre son texte manuscrit au clavier tout en contemplant son chef d'œuvre : le tampon buvard équipé de son bouton. Rien à tamponner, le texte qu'il m'a communiqué a été rédigé au stylo à bille, cependant deux clichés s'imposent... mon fidèle smartphone est toujours prêt.
Adieu plumes Sergent-Major, tabliers gris si utiles pour protéger les vêtements des inévitables éclaboussures d'encre violette ! Fini le polissage des tables d'écoliers en hêtre massif à la veille des grandes vacances. On les préparerait déjà pour la rentrée !
À Rome point de salut sans la tablette de cire et le style (stylet pour certains, usage impropre). Les écoliers dans l'après guerre étaient équipés d'une ardoise et d'un bâton de craie pour les exercices de calcul mental, procédé La Martinière.
Les trente glorieuses ont vu les stylos à bille s'imposer malgré les critiques et les réticences. Les instituteurs qui ont connu cette mutation pourront décrire les conséquences sur le travail écrit de leurs élèves. La qualité de ces premiers outils à écrire laissait quelquefois à désirer. Certains
« bavaient », d'autres écrivaient gros. Le Bic, la pointe Bic comme l'on disait alors, signa le triomphe définitif de la bille. Un triomphe mondial qui perdure... en milliards de stylos Bic produits chaque année.
Le progrès a pris son essor il y a un demi-siècle, il se poursuit sans faire de bruit. Savez- vous que nos élèves du 21 ème siècle écrivent sur leurs tablettes grâce à un stylet ? Le stylo à bille sera-t-il bientôt obsolète ? Ne nous présente-t-on pas dans les émissions scientifiques des expérimentateurs la tête couverte d'électrodes, envoyant des commandes par la pensée ? Il faut aussi mentionner les applications qui permettent de dicter à la voix, le logiciel produit un texte comme au clavier.
Adieu calligraphie, adieu moines copistes, adieu incunables... les fautes faites durant la copie ne sont désormais plus possibles, les correcteurs orthographiques soulignent de rouge les écarts de la norme. Plus de surprise, ni de jeu de traque aux fautes, ni même une certaine poésie. Imaginez la déception de Mme de Sévigné , elle écrivait « êné » pour « aîné » ! Son génie épistolier ne connaissait aucune gêne.

Paul Majowski Promo 58-62

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