L’internat d’excellence (ex-ENG) de Douai menacé ? La disparition de classes annoncée

Voilure réduite et autre fonction, non encore définie, à la rentrée : l’internat d’excellence de Douai a été brutalement plongé dans le flou par le rectorat. Une méthode et une situation que dénoncent les enseignants et le maire, Jacques Vernier.



Les anciens et vastes bâtiments de l’IUFM ont été rénovés à coups de millions d’euros.
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L’internat d’excellence de Douai va-t-il être démonté partie par partie ? C’est la crainte des enseignants de cet établissement qui ont reçu, mardi en fin d’après-midi, la visite d’Annie Partouche, directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale. Mme Partouche leur a annoncé la disparition progressive des classes de l’établissement douaisien : la classe de 4e à la rentrée prochaine, puis celle de 3e à la rentrée 2014, les secondes un an après, etc. Cette nouvelle, les enseignants s’en doutaient : « Une commission de recrutement spécifique à l’internat, dont les critères d’admission sont particuliers, notamment sociaux, a eu lieu fin mai au rectorat. On a appris que tous les dossiers des élèves postulant à une admission en 4e avaient été écartés. Cela nous a alertés. Mais jusqu’à ce mardi, nous n’avions eu aucune annonce officielle. », signale cet enseignant, qui proteste : « Cela s’est fait sans aucune concertation !»
Le paradoxe c’est que ces disparitions de classes successives ne signifient pas, a priori, la fermeture de l’internat. « La finalité de l’établissement serait recentrée dès la rentrée prochaine sur la lutte contre le décrochage scolaire », ajoute ce même enseignant, qui pour le coup s’énerve : « Le fonctionnement de l’internat est voué à disparaître dans sa forme actuelle mais Mme Partouche n’a pas été capable de nous dire par quoi il allait être remplacé. À chacune de nos questions sur le projet du rectorat pour l’établissement, elle a répondu Je ne sais pas ! »
Une proposition a laissé les enseignants abasourdis : « On nous a demandé de soumettre un projet dans le cadre d’un groupe de travail qui serait piloté par le rectorat pour définir de nouvelles bases de fonctionnement… On nous apprend que ce pour quoi nous nous sommes investis sans compter va être supprimé, et dans la foulée de participer à l’élaboration de la nouvelle organisation, du nouveau but recherché… »
Cette annonce crée un second paradoxe. Le futur de l’établissement est flou, avec néanmoins une classe en moins à la rentrée de septembre, mais les travaux d’agrandissement de l’internat continuent, avec comme maître d’œuvre le conseil régional…
Car il était prévu que le nombre d’élèves accueillis au total s’élève à 200, avec une montée en puissance régulière, au fur et à mesure de l’ouverture des classes, puisque c’est toute une scolarité, de la 4e à la terminale, qui devait pouvoir être effectué à Douai. À la rentrée 2010, date de l’ouverture, il y avait ainsi 50 élèves pour trois classes (4e, 3e, 2de) ; 100 en 2011, avec l’ouverture de classes de 1re, etc. Or à la rentrée prochaine par exemple, le nombre d’élèves ne sera pas de 150 mais de 130, puisque de classe de 4e il n’y aura point.

« La ville a assez donné »

Jacques Vernier, le maire, est « scandalisé » par une annonce qu’il a apprise par la bande. «Je comprends qu’un autre gouvernement n’ait pas les mêmes appréciations sur les vertus d’un internat d’excellence. Mais on attend une certaine continuité de l’État dans son action. »
Autre motif de colère : « On tape sur Douai en permanence. La ville a assez donné dans le domaine de l’Éducation nationale, avec la quasi-disparition de l’IUFM. »
Pourtant on ne peut pas dire que l’internat, avec ses 130 adolescents internes qui rentraient chez eux le week-end animait beaucoup la ville. Mais cet établissement était un des trois internats d’excellence de France dits, dans le jargon de l’Éducation nationale, de « pur modèle », avec un établissement n’accueillant que ces élèves. Les deux autres sont à Sourdun (Seine-et-Marne) et Montpellier (Hérault).
L’académie comporte bien un second internat d’excellence, à Armentières, mais les quelques dizaines d’élèves suivant ce cursus particulier sont intégrées à un lycée classique (le lycée Gustave-Eiffel) d’environ mille élèves. L’internat d’excellence de Douai était parmi ce qui se faisait de mieux dans le genre, avec des locaux rénovés à grand frais. Ce qui n’empêche pas qu’il avait ses détracteurs sur la place, qui estimaient que c’étaient de gros moyens utilisés pour une poignée d’élèves.
Quoi qu’il en soit, M. Vernier a demandé au recteur, Jean-Jacques Pollet, de le recevoir de toute urgence. 
VDN Douai 21/6/2013

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