JOËL DELROT(promo 89-92), NOUVEAU PROMU DES PALMES ACADÉMIQUES ÉVOQUE SON PARCOURS ET SES CONVICTIONS

Il est d'usage lors d'une cérémonie de promotion dans l'Ordre des Palmes Académiques que le récipiendaire rende grâce aux auteurs de sa "dénonciation". Mais au delà des remerciements d'usage, Joël Delrot a voulu resituer sa mission dans le cadre général de l'ÉDUCATION NATIONALE. Nous publions ci-dessous un extrait ciblé de son discours qui ravira les anciens normaliens que nous sommes...
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"Fils d’ouvrier, je ne dois d’être devant vous aujourd’hui qu’au fait d’avoir cru en l’école et en sa capacité à me permettre de dépasser, même modestement, la condition de ma naissance. Il y a à cela une explication toute simple : même s’ils n’avaient pas la possibilité de toujours suivre ma scolarité, mes parents s’intéressaient à mes progrès et avaient un discours extrêmement positif vis-à-vis de l’école. Ils croyaient tout simplement  en l’école.
Combien de fois n’ai-je entendu à la maison : «Si tu veux avoir une bonne situation plus tard, travaille à l’école !!! »  Aujourd’hui, je me sens redevable envers l’école, c’est certainement un des ressorts qui me motive au quotidien, même si parfois j’ai quelques raisons de douter du rôle et  la portée de l’école aujourd’hui. En présentant le baccalauréat 2013 ce mercredi 12 juin, Jean-Paul Delahaye, directeur général de l'enseignement scolaire, soulignait le fait que ce dernier constituait un marqueur important des inégalités sociales car les écarts de réussite des candidats selon leurs origines sociales, sont toujours aussi importants. Selon les dernières statistiques du ministère: parmi les élèves entrés en sixième, 71,7% des enfants d'enseignants et  68,2% d'enfants de cadres supérieurs, ont finalement décroché un bac général. Contre, 20,1% des enfants d'ouvriers qualifiés, 13% des enfants d'ouvriers non qualifiés et 9,2% d'enfants d'inactifs. L’école ne peut se satisfaire de cette situation. La société ne peut se satisfaire de cette situation.
A quoi bon une école qui se contenterait de reproduire les inégalités sociales ?  Comme on peut le constater, même si au quotidien les acteurs de l’école, les partenaires de l’école se démènent pour que les élèves s’épanouissent et réussissent à l’école, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous et il me semble qu’il nous reste encore beaucoup à faire, même si je suis convaincu que toutes les réponses ne sont pas à trouver dans la grande maison Education nationale. Sans que cela ait vraiment été quantifié de manière scientifique, il semble que l’école soit doucement en train de passer du statut de projet de société à celui de service qu’il s’agit de consommer, sans en subir les contraintes, sans en relayer les enjeux.  



Le débat qui nous anime en ce moment sur les rythmes scolaires (mais pour avoir assisté à la conférence de Claire Lecomte peut-être devrais-je parler de l’aménagement du temps scolaire) peut à cet égard être porteur de tous les espoirs, mais il doit aussi nous rendre vigilants : À l’heure ou le temps de l’enfant doit être repensé dans un nouvel équilibre, une nouvelle articulation  entre temps scolaire et temps éducatif, il serait très contreproductif (j’emploie là un doux euphémisme) que l’école soit perçue comme un dispositif parmi beaucoup d’autres destinés à prendre en charge les enfants. Pour devenir enfin l’ascenseur social qu’elle devrait être, l’école doit certes évoluer, mais elle doit aussi  se réaffirmer en tant que lieu de construction du futur citoyen, intégré socialement et intégré dans le monde du travail. Un lieu ou se conjugue bienveillance et exigence, un lieu ou au-delà de l’épanouissement personnel de chacun de nos élèves, c’est la France de demain qui se construit."

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