L'archiviste de notre amicale normalienne, Michel Wencel (promo 54 58), nous présente à l'approche du 11 Novembre 2023, 2 cartes postales insolites écrites par des "poilus", l'une en 1915 et l'autre le 11 novembre 1918

 11 NOVEMBRE

À la veille du rendez-vous annuel devant Hercule, je profite du blog et du bulletin de l'amicale des anciens de l'école normale de Douai pour insérer une carte ancienne écrite par un poilu à sa petite Augusta. 





En voici le texte :


"Lundi, 11 novembre 1918

Enfin ! ! ! Ma chère petite Augusta, voici de bonnes nouvelles : ce n'est pas encore la paix et le retour auprès de vous, mon petit ange, mais c'est un acheminement.

Le bond que nous devions faire ce matin, pour nous approcher de la frontière, a été décommandé, juste au moment où nous nous mettions en route.

C'est une grande joie, mais pas pour tout le monde, mon petit, il y en a qui regrettent…

Espérons que, maintenant, on va réfléchir et qu'on ne sera pas assez sot pour recommencer.

Et à présent, mon petit amour, nous oublierons ce passé détestable, pour préparer un avenir plus souriant. Les longues années qui nous ont été soustraites, nous auront appris à préparer celles qui vont venir, mon chéri, et nous saurons nous aimer.

Mon petit trésor, je t'embrasse, aujourd'hui, avec un doux espoir.

Bons baisers mon mignon."



Rien de particulier, direz-vous, sauf que :

  • C’est une carte allemande à en juger par les uniformes et la maison d'édition.
  • On peut penser que l'expéditeur qui écrit en français est un alsacien ou un mosellan, ayant subi presque 50 ans, l'occupation allemande.
  • Beaucoup de camarades, de sa classe avait été réquisitionnés de gré ou de force dans le camp ennemi.
  • Le quatrième point, la plus-value du document est la date de rédaction du courrier : le 11 novembre 1918. Au programme de la journée, « un bond pour approcher de la frontière ».

Espérons seulement que l'auteur n'y a pas laissé sa peau après le clairon de 11 heures à Compiègne.


Le collectionneur chineur.

Michel Wencel.


PS. L'illustration a été autorisée par le ministre d'avant-guerre.


Je joins à cet article une deuxième carte envoyée à sa maman par un autre soldat à l'occasion du 15 août 1915 :





En voici le texte :


" Ma bien chère mère,

Tous mes souhaits de bonne fête à ma chère mère de France.

Bien chère Mère,

Pour la quatrième fois depuis la guerre et à l'occasion du 15 août jour de votre fête, je viens à vous comme un fils et vous offre tous mes souhaits. C'est la troisième fois chère mère que je passe ce jour loin de vous mais croyez que mon amitié pour vous n'en est pas diminuée, je me rappellerai toujours la belle journée du 15 août 1915 passée à Granville. Le souvenir de ce grand jour est tout à jamais gravé dans mon esprit, et je suis heureux pour la quatrième fois de pouvoir me rappeler ce gai anniversaire en vous envoyant cette carte belle, quoique très modeste, mais surtout d'un cœur de fils qui vous aime et ne vous oubliera jamais. Bon baisers et au revoir."

Jules

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