Le nectar et l'ambroisie, dictée de l'AMOPA concoctée par Christian Lelièvre. Qui réalise un sans-faute ?


Petite-Forêt : les férus de dictée avaient rendez-vous le samedi 26 novembre

L’AMOPA (Association des membres de l’ordre des Palmes académiques) a donné rendez-vous aux férus d’orthographe pour la cinquième dictée franc-forésienne.




La salle Jules-Mousseron s'est transformée en salle de classe pour une grande dictée composée par Christian Lelièvre, champion de France et de la dictée des Amériques (Québec). Durant une trentaine de minutes, les amateurs ont testé leur maîtrise de la langue, en essayant de déjouer les subtilités semées par l’auteur. «  Chacun se corrigeant lui-même, aucun classement ne sera pratiqué », ont prévenu les organisateurs. Avant la dictée, un QCM (Questionnaire à choix multiples) a permis de faire le point sur les notions. La correction a eu lieu en direct sur grand écran.

Voici le texte de la dictée suivi du questionnaire et du corrigé :


Le nectar et l'ambroisie


Quels jolis mots pour désigner le breuvage et la nourriture des dieux de l'Olympe, délices infinies qui leur conféraient l'immortalité ! Depuis l'Antiquité le vin est ce nectar à la saveur exquise dont les arômes se comptent par dizaines et les épithètes les plus variées les qualifient : noisette, acacia, mûre, jasmin ou encore eucalyptus. De tout temps les hommes se sont crus autorisés à diversifier la culture de la vigne qui est aussi la culture de l'esprit.


Fin de la dictée pour les juniors.


Depuis Homère, les écrivains ont célébré le vin et lui ont même donné un rôle social. Ne parle-t-on pas de vin d'honneur ? Au XIXe siècle, Colette a célébré la treille muscate de Frontignan, le côtes-de-brouilly, le château-yquem, le pomerol ou le pommard. L'étude de la vigne ou l'ampélologie passionne toujours les oenologues dont certains se font fort, lors d'une dégustation, de faire la distinction, à Pauillac, en Gironde, entre un château-lafite et un château-mouton-rothschild. Le gastronome raffole d'une poularde demi-deuil, accompagnée d'un beaujolpif, d'un chiroubles frotté de violette. Le gourmet fait bonne chère avec une truite saumonée sur un lit de mesclun, arrosée d'un entre-deux- mers ou avec une gibelotte au gewurztraminer ou encore avec une omelette aux pleurotes cueillis dans les bois.


Fin de la dictée pour les amateurs.


Un connaisseur se délecte d'un gigot de bizet fort aillé sur une garniture de scorsonères, des aubergines grillées avec un château-margaux, ô merveilleux nectar s'il en fut ! Exigeant, trouvant l'accompagnement un peu léger, il attend la raiponce avec impatience et s'interroge sur la qualité du service peu diligent. De retour d'une balade dans la forêt de Mormal, après avoir observé les petits ducs airer sous la voûte de la hêtraie lors de la nidification vernale, tout heureux d'avoir pu approcher les daines, les randonneurs, accueillis par une accorte serveuse au bonichon de traviole sur le sinciput, entrent dans l'auberge où crépitent de grosses bûches de chêne dans un âtre en marbre de Carrare.


Ils font ripaille, sans se lasser de bâfrer goulument (goulûment) picarels et picholines marinées, un levraut aux échalotes, des lépiotes élevées, un gibier à la duxelles ou encore un sot-l'y-laisse d'une wyandotte bien dodue. Ils choisissent un saint-pourçain- sur-sioule bien plus empyreumatique qu'un grand fleurie. Un silence éloquent règne dans la salle. « Un verre de vin est une chaude fourrure et vaut un habit de velours »


Les fins palais apprécient cette belle pensée calligraphiée sur les menus et l'échanson populaire, calure reconnue. Quant à vous qui aimez les fleurs de rhétorique, vous avez noté, sans nulle conteste, le zeugma final de cette dictée.

Christian LELIÈVRE

Champion de France d'orthographe.

Champion de la Dictée des Amériques. (Québec).


La Dictée franc-forézenne 

Questionnaire

1 - L'accord du nom ; cherchez le pluriel. :


ail :

franc-parler :

landau :

gouvernail :

pot-au-feu :

sarrau :

travail :

coq-à-l'âne :

froufrou :


2 - L'accord de l'adjectif : (en genre et en nombre)

Votre feu tante vous a-t-elle légué sa maison ?

Tous affichent des dentitions coruscante

les blancheurs éburnéen des nuages

Le jeune prince fut porté sur les fonts baptismal

des roses écarlate

des serviettes capucine


3 - Corrigez les fautes :

Les grands-parents ont emmené leurs arrières-petits-enfants dans leur trois spacieux quatre-quatre. Ils ont trouvé une place libre sur les terres-pleins et ont déballé leurs piques-niques : des croque-monsieurs, des kouign-amann, des forêts-noires, les crêpes au chocolat. Malheureusement, ils avaient oublié les essuie-touts. Leurs amis, les Taylors, des lèves-tôts, étaient déjà arrivé.

4 - Un mal-aimé : le participe passé du verbe faire. Cochez les phrases correctes :   

Il ne peut oublier l'image qu'il s'est fait d'elle. (Il ne peut oublier l'image qu'il s'est faite d'elle.)

Elle s'est fait sa tenue de soirée elle-même.

La jupe qu'elle s'est faite faire.

Les devoirs qu'ils ont fait méritent une mauvaise note.

Ils se sont faits soldats puis se sont fait beaux.


5 - Une fleur de rhétorique : la richesse de notre langue.

a) « Je sortirai du camp, mais, quel que soit mon sort, 

j'aurai montré, du moins, comme un vieillard en sort. » (Adolphe DUMAS) 

b) « L'amour a vaincu LOTH. »

des oxymores

des kakemphatons

des prosopopées

des pangrammes


Christian LELIÈVRE


La Dictée franc-forézenne 

Réponses aux questions


1- L'accord du nom ; cherchez le pluriel 


ail : 

des ails ou aulx

franc-parler : 

des francs-parlers

landau : 

des landaus

gouvernail : des gouvernails

pot-au-feu : des pot-au-feu

sarrau : 

des sarraus

travail : des travails ou travaux

coq-à-l’âne : 

des coq-à-l’âne

froufrou : 

des froufrous


2 - L'accord de l'adjectif : (en genre et en nombre)

Votre feue tante vous a-t-elle légué sa maison ?

Tous affichent des dentitions coruscantes.

les blancheurs éburnéennes des nuages

Le jeune prince fut porté sur les fonts baptismaux.

des roses écarlates

des serviettes capucine


3 - Corrigez les fautes :

Les grands-parents ont emmené leurs arrière-petits-enfants dans leurs trois spacieux quatre-quatre. Ils ont trouvé une place libre sur les terre-pleins et ont déballé leurs pique-niques : des croque- monsieur, des kouign-amann, des forêts-noires, les crêpes au chocolat. Malheureusement, ils avaient oublié les essuie-tout. Leurs amis, les Taylor, des lève-tôt, étaient déjà arrivés.


4 - Un mal-aimé : le participe passé du verbe faire. Cochez les phrases correctes : 

Il ne peut oublier l'image qu'il s'est fait d'elle. (Il ne peut oublier l'image qu'il s'est faite d'elle.)

Elle s'est fait sa tenue de soirée elle-même.

La jupe qu'elle s'est faite faire. ( La jupe qu'elle s'est fait faire.)

Les devoirs qu'ils ont fait méritent une mauvaise note. (Les devoirs qu'ils ont faits méritent une mauvaise note.)

Ils se sont faits soldats puis se sont fait beaux. (Ils se sont faits soldats puis se sont faits beaux.)


5 - Une fleur de rhétorique : la richesse de notre langue.

a) « Je sortirai du camp, mais, quel que soit mon sort,

j'aurai montré, du moins, comme un vieillard en sort. » (Adolphe DUMAS) b) « L'amour a vaincu LOTH. »

des oxymores

 des kakemphatons

des prosopopées

des pangrammes


⇨ Un kakemphaton (vient du grec : kakemphatos : malsonnant).

(association sonore involontaire second sens amusant).

⇨ un oxymore: une douce violence.

un silence assourdissant (Camus).

l'éloignement rapproche (Mme de Sévigné).

⇨ une prosopopée : discours prêté à des objets inanimés.

personnes mortes, animaux, etc.

⇨ un pangramme: «portez ce vieux whisky au juge blond qui fume».

(les 26 lettres de l'alphabet).

Christian LELIÈVRE


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