Les lycéens du lycée d'excellence Edgar Morin continuent de faire honneur à leurs prédécesseurs en ce lieu qui fut l'école normale des instituteurs de Douai


Lycéens à Edgar-Morin,  ils enfilent les robes  de la justice 
PAR LINDA MARTEAU
douai@lavoixdunord.fr


Quinze élèves du lycée d’excellence Edgar-Morin ont joué une audience fictive, mardi soir, au tribunal de grande instance de Douai.   Un vrai dossier avait été choisi par leurs professeurs et des magistrats. 
DOUAI.
Mardi, 18 h, au tribunal de grande instance de Douai . La sonnerie retentit, la juge et ses deux assesseurs font leur entrée. Anthony D., 17 ans, comparaît devant le tribunal pour enfant pour menaces de mort avec arme. À première vue, cette audience n’a rien d’extraordinaire… Si ce n’est qu’elle est menée par des mineurs ! Ils s’appellent Lena, Perrine, Mohamed, Thomas, Su Chen… Ces 15 élèves sont en seconde au lycée d’excellence.
Les élèves ne connaissaient ni le vocabulaire, ni le déroulé d’une audience. Ils ont travaillé le dossier avec des professionnels. 
« Cette audience fictive s’inscrit dans le cadre de la Journée de la justice à Douai, qui se déroulera le 29 mars, précise Damien Langlet, professeur d’histoire-géographie. Nous avons choisi avec les magistrats une affaire réelle anonymisée. »
Anthony parle avec franchise. Il a reconnu les faits remontant au 20 août 2017, au foyer Victor-Hugo, à Amiens. « Je ne connaissais pas la victime. Je suis allé dans sa chambre pour faire connaissance. Il m’a poussé, je me suis énervé. » Pour se venger, il demande à un autre mineur du foyer de le frapper le lendemain. « Et d’où provenait le couteau ? », l’interroge la juge. « Je l’ai volé à la cantine… J’ai vite regretté ce qui s’était passé ». Thomas, qui tient le rôle de la victime, raconte : « Je l’ai repoussé car il a commencé à toucher mes parties intimes. Ce soir-là, j’ai fugué car j’ai eu peur des représailles. Quand je suis revenu, j’ai été frappé. » Témoin, parents et éducateurs se succèdent à la barre.
AMBIANCE PARTICULIÈRE
« Les élèves ne connaissaient ni le vocabulaire, ni le déroulé d’une audience. Ils ont travaillé le dossier avec des professionnels. Certains, très timides ont réellement progressé. Le projet a instauré une ambiance particulière dans la classe », s’enthousiasme Damien Langlet.
Selon l’avocat, l’acte d’Anthony s’explique par un climat familial difficile : un père alcoolique, une mère dépassée par son fils… « Il a mal vécu la séparation de ses parents. » Pour la procureure, interprétée par Su Chen, « ces difficultés n’expliquent pas la violence. Ce sont des gestes inacceptables ». Elle a requis une peine de trois mois de prison avec sursis et une mise sous protection judiciaire jusqu’à sa majorité. Peu avant 19 h, le tribunal rend son jugement : une admonestation (un avertissement solennel) couplée d’une liberté surveillée pour une durée d’un an. Ses parents devront verser 2 500 € à la mère de la victime. Les applaudissements fusent. De grands sourires se dessinent sur les visages des lycéens, fiers d’avoir relevé le défi. Et il y a de quoi !

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