Voici un souvenir nuancé sur Pépère. Duquel je n'ai eu qu'à me louer.
Mais il avait ses têtes. Et ses craintes.
Vous avez dit « PÉPÈRE » ?
Dans le bulletin de janvier 2021, l’ami Maquet a raconté la mésaventure arrivée à un camarade de notre promo .
Cette mésaventure me rappelle le sobriquet dont nous affublions notre directeur.
"Quand je suis arrivé à Douai, en 1951, le directeur André Hickel nous a simplement conseillé de faire notre travail à « la pépère ».
Le surnom lui allait donc parfaitement et entre nous nous ne parlions pas du directeur mais de « pépère ».
Un jour, comme le rappelle fort joliment le camarade Maquet, que notre directeur passait dans les classes, alors en permanence, nous vîmes débouler un camarade de notre classe criant : « attention, pépère est en visite » .
Le malheur est que « pépère » était dans NOTRE classe !
Le directeur avait une fâcheuse propension à se mettre en colère : ce qu'il fit avec une certaine violence, poussant le malheureux « Brillez » c'est ainsi qu'il se nommait, dans les quatre coins de la salle en criant : « Hé bien oui, pépère est ici ! »!
….mais la colère ne dura pas et un jour plus tard il convint que ce sobriquet n'était finalement pas infamant et... tout fut dit.
À la réflexion, un autre conseil en début d’année aurait sans doute été mieux indiqué. S’il n’était pas infamant, le sobriquet n’était sans doute pas le plus enthousiasmant pour les futurs éducateurs qu’il lui revenait de former.
Il est vrai que notre « pépère » ne prenait pas « à la pépère » l’éclosion de nos soucis sociaux et politiques et encore moins notre manière de les exprimer. Et l’époque, bien plus que la nôtre était particulièrement propice à l’expression de positions tranchées ! Alors même que les lycéens (auxquels nous aurions pu pour le moins être assimilés), n’avaient pas encore acquis le droit à cette expression !
Quelques-uns d’entre nous en ont durement souffert et le lui portent encore au passif !
Toutefois, ce directeur avait introduit une pédagogie de la responsabilité : les permanences n'étaient pas surveillées , il nous revenait explicitement de nous auto-discipliner, et les sorties nocturnes étaient autorisées dès lors qu'une liste des sortants était établie : le directeur se bornant à souligner le nom de l'un d'entre eux à qui était confiée la clef. A la même époque, une prison normande expérimentait la sortie diurne pour tous les prisonniers, à charge pour eux de rentrer dormir sur « la paille humide du cachot » Curieuse coïncidence, non ?
Heureusement, comparaison n’est pas raison !
Faut-il dire que maintes fois, (comme si nous étions prisonniers !), nous avons préféré faire le mur ? Cela était facile, puisque des travaux étaient en cours et qu'il suffisait de déplacer une mauvaise planche de la palissade qui bloquait la sortie vers la rue d'Arras !! Ainsi avions-nous le sentiment de transgresser une interdiction qui n'existait pas ! Mais peut-être s'agissait-il alors de sorties moins culturelles que ce que préconisait le directeur ! Cinéma et concert JMF, ne suffisent pas (malgré leur intérêt que nous comprenions bien,) à calmer l'ardeur de jeunes pousses qui sentent monter la sève de leurs dix huit ans !
Michel Claeyssen promo 1951 1955
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