"Ô temps, suspends ton vol" C'était le titre de la dictée concoctée par Christian Lelièvre, (promo 54 58) champion d'orthographe, au Quesnoy, dans le cadre de la semaine de la Semaine de la langue française et de la Francophonie



 La Semaine de la langue française et de la Francophonie a mis à l'honneur le thème de temps du 18 au 26 mars 2023. La thématique « Une Semaine à tous les temps ? » invitait à réfléchir à notre perception et à notre rapport au temps, notamment en jouant avec les mots francophones qui les expriment.
C'est à quoi Christian Lelièvre s'est essayé en proposant ce texte de dictée parsemé de difficultés pour mieux départager les candidats venus nombreux ce samedi 25 mars 2023 dans le salon d'honneur de l'hôtel de ville du Quesnoy. 
Texte ci-dessous, suivi d'un lien vers le questionnaire et son corrigé :

"Ô temps, suspends ton vol "

Par cet hémistiche tiré du célèbre poème : « Le lac », véritable élégie très personnelle, Alphonse de Lamartine invite le temps à s'arrêter et à nous "laisser savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours". Depuis l'Antiquité, l'homme a toujours voulu mesurer le temps, inventer des instruments de plus en plus précis qui rythment notre vie quotidienne, personnelle, sociale et professionnelle. Avec le soleil, le rudimentaire gnomon faisait ombre sur une surface plane. À Rome, sous l'empereur Auguste, d'ingénieux bâtisseurs avaient installé cet appareil déjà perfectionné sur le Champ de Mars en utilisant un obélisque rapporté d'Égypte mesurant quelque trente mètres de haut. Vint alors la clepsydre égyptienne, horloge indiquant le temps par un écoulement d'eau dans un récipient gradué. La neuchâteloise, pendule murale de style Louis XV, élaborée par les horlogers du Jura suisse, prit place dans les salons tandis que, chez l'horloger, les carillons rococo et les coucous bavarois bavards se mirent à sonner dans une synchronie plus que parfaite. Nous nous sommes ensuite habitués aux tic-tac de l'élégante comtoise en chêne massif ou en calambour odorant, horloge de parquet à balancier tintant tous les quarts d'heure. À l'aube, quand l'un des bips-bips du réveil m'atteint, j'ai quelque peine à quitter les bras de Morphée. Le soir, c'est une tout autre chose et j'entre alors dans un monde où le temps n'existe plus. 
Combien d'heures ai-je passées, les yeux mi-clos, à savourer, loin des scies mineures des haut-parleurs de la fête foraine, des chorals de Bach ou les beaux lieds de Schubert ! Les sportifs de haut niveau sont devenus esclaves du chronomètre multifonction (s). Dans les stades, très fiers de leur(s) performance(s), les athlètes préparant les JO se sont fait fort de courir quatre cent mètres en moins de onze secondes. Les spectateurs, amateurs de courses cyclistes, passionnés, quoique cois, admirent les coureurs les plus vites lors des contre-la-montre du Tour de France. 
Avec nostalgie, nos mères-grand, naguère encore infatigables tendrons, repensent aux jours heureux où elles se trémoussaient à leurs cours hebdomadaire de shimmy. Les quatre-vingt-dix ans qu'elles ont vécu n'ont rien effacé. Hélas ! Le temps nous tue à petit feu, c'est l'aloi le plus exécrable que nous puissions connaître, on ne choisit pas son fatum. Au dire des Anciens, la Parque Lachésis, divinité latine du Destin, file et coupe le fil de la vie. 
Le poète a toujours raison : « L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; il coule et nous passons ». 

 Christian Lelièvre


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