Les Anciennes élèves de l’École normale de filles de Douai se sont retrouvées à la Maison des Associations de Douai pour évoquer la disparition des bâtiments de l’ENF.
La situation n’est pas nouvelle. Disposés autour d’un parc, riche d’arbres peu communs, les bâtiments ont été laissés à l’abandon. La Voix du Nord a relaté les actes de vandalisme et les incendies récents, notamment en août 2020. Devant ces dégradations, le département du Nord, propriétaire, envisage de détruire les vieux bâtiments et de construire un nouvel édifice administratif. Le projet se développe en liaison avec la rénovation du Quartier Caux, piloté par la ville de Douai.
Un lieu symbolique
On comprend l’émoi des Anciennes de l’École normale de filles devant la disparition d’un lieu qui a abrité leur adolescence douaisienne, heureuse et enrichissante. Mais la disparition de l’ENF, c’est bien plus qu’un ensemble de réactions affectives individuelles, car le lieu est très symbolique. L’École normale a abrité pendant plus d’un siècle la formation des institutrices. Elle est devenue institut universitaire de formation des maîtres en 1990. La formation des enseignants est maintenant assurée depuis 2013 à l’ESPE, devenue INSPE dans les locaux de l’ancienne école Paule-Parent, rue d’Esquerchin.
L’ENF de Douai a été construite en 1880 (la première promotion est entrée en 1883) lorsque les politiques, les élus au niveau national ou local (département) ont reconnu la nécessité d’une véritable éducation pour les petites filles. Pour réussir, il fallait un lieu spécifique pour la formation des enseignantes. Cette prise de conscience s’est faite plus tardivement que pour les garçons : à Douai, l’École Normale de Garçons créée en 1824 a été construite en 1877, rue d’Arras. L’ENF de Douai, c’est donc aussi un symbole de l’évolution dans l’éducation des filles.
Pour les Douaisiens, c’est également une preuve du riche passé universitaire de leur ville. Comment préserver la mémoire de ce lieu de formation ? Les Anciennes souhaitent que le porche d’entrée, rue d’Esquerchin, puisse être conservé. Les sculptures de son fronton, abeilles, ruche, livres annoncent déjà les objectifs de la formation à l’intérieur des murs. La pose d’une plaque mémorielle doit être envisagée elle aussi. L’Association compte sur le dynamisme de sa présidente Monique Leblanc-Goulois pour défendre les propositions auprès des partenaires concernés.
Les adhérentes de l’association se sont retrouvées ensuite au musée de la Chartreuse où elles ont pu découvrir ou retrouver un autre symbole de leur École : la tapisserie Liberté de l’artiste Jean-Lurçat, achetée par la coopérative des élèves en 1946. Sous l’impulsion du directeur du musée, Pierre Bonnaure, elle a enfin trouvé sa vraie place : au milieu des Douaisiens où elle symbolise la volonté éducative et culturelle de la vénérable ENF de Douai. Les Anciennes Élèves ont quitté Douai apaisées quant à la préservation de la mémoire de leur école.
Yves Massemin (Correspondant Local De Presse) | Publié le 20/10/2021
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