Souvenirs de l'école normale de Quimper rapportés par le Télégramme de Brest. Il n'y a pas qu'à Douai qu'on se souvient de l'école normale d'instituteurs avec émotion et nostalgie

Souvenir de l’École normale : « Nous avions une formation professionnelle de grande qualité »

École normale, IUFM, Espe puis Inspe : la rédaction du Télégramme de Brest a invité celles et ceux qui sont passés par l’école des instituteurs de Quimper à témoigner de leur vie d’étudiant, côté cour ou côté jardin. Normalien dans les années 70, Jacques Velly, 72 ans, se souvient de son parcours.


Le Télégramme

Une photo des redoublants (dits « carrés ») de terminale D à l’école normale de Quimper en 1970. Jacques Velly y figure avec ses copains, au dernier rang, le troisième en partant de la droite, avec des lunettes. (Capture d’écran)


Une photo des redoublants (dits « carrés ») de terminale D à l’école normale de Quimper en 1970. Jacques Velly y figure avec ses copains, au dernier rang, le troisième en partant de la droite, avec des lunettes. (Capture d’écran)



« En 1966, scolarisé en troisième spéciale de collège à Brest, j’ai pu passer le concours d’entrée à l’École Normale de Quimper. C’est ainsi, après avoir gravi la rue de Rosmadec, ‘‘ la Roz ‘‘, que j’ai découvert ce bâtiment imposant (architecture et passé historique), sa cour d’honneur et son monument aux morts… Reçu au concours, je suis donc entré à l’École normale dans une promotion de 60 normaliens - la promo ‘‘Le Pourquoi Pas’’. Nous étions ‘‘les bleus’’ ; ‘‘les anciens’’ de troisième année et les ‘’ancêtres’’ de quatrième année nous transmettaient l’esprit et les traditions de l’EN dont, entre autres, la présentation déguisée de la promo… Le port de la blouse, de la cravate… le Bal des normaliens… le défilé à la Fête des écoles de Quimper… En fin de première année, on allait en stage de voile à Tréboul et, pour certains, en ‘’stage de mono’’  avec les CEMEA.


Les recalés au Bac - j’en fus un en 1969 - redoublaient leur terminale et devenaient ‘’les carrés’’. C’est ainsi que j’ai passé une année de plus, puis une autre car la formation professionnelle (FP) passa à deux années en 1968».


Les camarades, les amis… et aussi l’encadrement et la qualité de l’enseignement reçu : l’« esprit normalien » m’a aidé à forger ma vie d’adulte

«Le bac en poche, nous passions du statut d’élève-maître à celui d’instituteur stagiaire. Nous avions une formation professionnelle de grande qualité : des cours, des leçons d’observation (conduites par l’un d’entre nous) et des stages pratiques (un par trimestre en classes d’applications en FP1 et un stage de trois mois en situation)».




Souvenirs de l’École normale : il était de ces écoliers « cobayes »


Roger Le Dem, ancien Normalien quimpérois.





C’était une période de travail, dans un contexte d’immédiate après-guerre assez difficile. Roger Le Dem se souvient, par exemple, que la restauration à l’École Normale n’était pas souriante. « Mais malgré tout, l’ambiance était bonne. Nous avons fait beaucoup de blagues. Les étudiants avaient suffisamment de ressource pour garder le moral ».


Celle-là n’est pas le fruit d’une facétie, mais elle a bien marqué le Normalien.


« Je me souviens que dans un dortoir, un étudiant avait été très très intrigué par un long cylindre métallique rouge qu’il avait découvert accroché au mur. Je le vois encore s’en saisir, brûlant de curiosité, l’examiner sous toutes les coutures et appuyer sur un bouton. S’en est suivie une explosion, puis le cylindre s’est mis à produire un puissant jet de mousse… Ça a duré au moins une heure, impossible d’arrêter l’engin ! L’étudiant trop curieux a perdu son patronyme, ce jour-là, au profit du sobriquet ‘’Sicli’’ », rigole encore Roger Le Dem.




Une autre pour la route ? 


« Dans une salle d’études, un soir, un étudiant s’est mis à fredonner l’air d’une chanson… paillarde. Au bout de quelques minutes et allant crescendo, tous les étudiants se sont mis à chanter, transformant la salle d’études en chorale. Après un court moment, la porte de la salle s’est entrouverte doucement, laissant apparaître le visage du directeur, M. Courtin. À notre grande surprise, il arborait un large sourire. Ce qui nous a un peu plus terrorisés encore. Mais il s’est adressé très calmement à nous : ’’Je constate avec plaisir que vous portez un intérêt prononcé pour la musique et le chant. C’est bien. Pour vous récompenser, je vous invite à assister au concert du Quatuor du pont, dimanche après midi’’. Le petit groupe de meneurs s’est retrouvé coincé dans un spectacle qu’ils ne goûtaient franchement pas ! »


La vente de matériels et objets de l’École normale de Quimper qui s'est déroulée le 6décembre 2020, a réveillé des souvenirs. Comme chez ce Quimpérois qui fut, non pas Normalien, mais élève dans l’école servant d’application à la jeune garde d’instit’.

Stéphane Lhomme, 60 ans, a passé ses cinq années de primaire à l’école Jean-Monnet. L’établissement était en quelque sorte l’école d’application des Normaliens quimpérois.
Stéphane Lhomme, 60 ans, a passé ses cinq années de primaire à l’école Jean-Monnet. L’établissement était en quelque sorte l’école d’application des Normaliens quimpérois. (Le Télégramme/Olivier Scaglia)

« Avec le recul, je pense que dans cette école primaire - l’école Jean-Monnet - ils faisaient redescendre les nouvelles méthodes pédagogiques. Je pense que ces classes étaient une sorte de laboratoire et nous des ‘’cobayes’’ ». Aujourd’hui âgé de 60 ans, Stéphane Lhomme a quelques souvenirs précis de sa classe de « septième » - en 1970-1971, le CM2 n’existait pas encore : « Nous avions par exemple une heure d’anglais par semaine. Un cours assuré par des Normaliens. Je pense que très peu d’instituteurs titulaires parlaient anglais en 1970. C’était juste une initiation. Je me souviens avoir appris beaucoup de mots usuels, les couleurs, les jours de la semaine. Quelques expressions et des phrases simples. Nous travaillions à partir d’images. Apprendre l’anglais à 10 ans en 1970, eh bien c’était moderne », rigole celui qui habite désormais dans le Pays bigouden. « Quand je suis arrivé au collège, j’avais de l’avance », commente-t-il, surpris de constater que, si la sensibilisation à l’anglais figure bien au programme des primaires, l’apprentissage est en réalité encore loin d’être partout systématique.

Je pense que j’ai pu faire des trucs que d’autres écoliers n’ont jamais faits.


"Je pense que j’ai pu faire des trucs que d’autres écoliers n’ont jamais faits."

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