Histoire d'en rire, René Maquet se souvient d'une anecdote croustillante

L’intendant, victime d’une opération de bourse

Un fait divers de la promo 48 52 qui comptait 60 élèves répartis en deux classes de seconde, A et B.




MICHEL DELANNOY
En deuxième B, se retrouvaient deux copains anichois : Michel Delannoy et Jean Holle. Je dois vous dire qu’à Aniche, les jeunes garçons sont surnommés « les kiens ». Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils sortent de « l’Aniche ». Quand des parents réprimandent des enfants trop turbulents , ils ne manquent pas de dire : « arrêtez ed’faire les kiens ! »
Nos deux Anichois, Michel et Jean, faisaient assez souvent « el kieins », ils poussaient même de petits cris dans leurs jeux, comme de petits chiots qui s’attrapent par la queue.
Après la seconde guerre mondiale, les écoles normales, fermées pendant l’occupation, s’ouvrirent à nouveau en 1945. Notre promotion n’était que la quatrième d’après guerre. Quand nous avons passé le concours d’entrée, le rationnement existait encore, il fallait apporter nos tickets. Nos parents ont eu beaucoup de difficultés pour rassembler toutes les pièces indispensables à la confection du trousseau. Michel, qui était déjà d’une grande taille pour son âge, avait réussi à enfiler un beau costume noir qu’il avait hérité du mariage de son père. Dans tout l’établissement, il n’y avait que deux personnes qui portaient un costume noir : Michel et l’intendant.
Tant et si bien que, vus de dos, l’intendant et Michel étaient si ressemblants qu’ils pouvaient être confondus . C’est ce qui arriva.
L’intendant, aussi nommé économe, l’était réellement et même un peu trop. Il avait fait sien un uniforme noir de normalien retrouvé dans le grenier parmi les archives. Quand on sait que le port de l’uniforme avait été rendu obligatoire aux normaliens par arrêté ministériel du 27 avril 1879, on peut dire, sans trop se tromper que le costume de l’intendant datait de la fin du XIXe siècle.
Quand la cloche sonnait l’heure du repas, nous nous précipitions, toutes les promotions confondues, devant l’entrée du réfectoire. L’intendant, campé au milieu des marches, une feuille à la main, attendait que le regroupement soit complet. Il nous informait alors de ses dernières décisions, il citait les noms des collés : corvées de nettoyage mal faites, dégradations commises, montant des sommes à prélever sur la masse ; puis, faisant  demi-tour sur lui-même, il nous indiquait ainsi que l’entrée au réfectoire nous étais permise. C’était la ruée ! Confusément, 240 affamés se bousculaient , pressés de joindre leur place à table. Dans cette précipitation, un malheureux hasard du mouvement fit que Jean Holle se trouva placé derrière un pantalon noir qu’il crut reconnaître comme étant celui porté par son copain Michel, l’idée lui vint, juste au moment précis où les deux jambes s’écartaient pour gravir une marche, d’introduire sa main droite entre les deux, de saisir violemment ce qui se trouvait à l’intérieur du pantalon. L’intendant, surpris d’une telle audace, resta figé, puis se retourna sur sa droite. Jean Holle, s’étant rendu compte de sa méprise, s’échappa sur la gauche. Il était sauf ! Rejoignant Michel, il lui raconta comment, grâce a sa souplesse de félin , il venait d’éviter le conseil de discipline, peut-être même l’exclusion. Ouf ! Il en était encore tout pâle.
La main, c’est comme la langue, il vaut mieux la faire tourner 7 fois avant de s’en servir

René Maquet



rene.maquet@sfr.fr

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