Le concours de dictée organisé par la mairie de BIACHE-SAINT-VAAST et préparé par Christian LELIÈVRE et Jean-Louis DESSAINT a été l'occasion d'un hommage au "maître d'école"

Belle réussite du concours de dictée ce samedi 7 juin 2025 à la salle Jean Moulin, mené de main de maître par M. Christian Lelièvre, Champion de France d'orthographe, et Champion de dictée des Amériques au Quebec, qui a rassemblé une cinquantaine de participants.  




Voici le texte de la dictée :

Biache-Saint-Vaast. Samedi 7 juin 2025. Le maître d’école 

Retrouver l’ambiance des dictées d’autrefois face à des concurrents plutôt impressionnés  et tremblotants m’émeut. Je me rappelle les effluves embaumés de l’encre violette associée à  des porte-plumes (porteplumes) joliment décorés et au papier buvard rose saumoné. 

À ces parfums si prononcés remonte en moi un souvenir impossible à réprimer : celui de  mon instituteur dans cette école aujourd’hui disparue où tant de générations se sont succédé. Il  arrivait chaque jour très tôt sur sa bicyclette aux sacoches gonflées par les livres et nos cahiers. 

Fin de la dictée pour les juniors. 

Il avait pris l’habitude, à l’entrée de la cour aux murs de briques nacarat mêlées à des grès  bistre, de bavarder avec ses élèves, tout yeux tout oreilles mais il valait mieux se tenir à carreau !  Il ignorait les thermidors brûlants, les novembres brumeux ou les routes verglacées et  enneigées. Lorsque à vingt ans et quelques, il avait choisi ce noble métier, il savait que la tâche  serait ardue mais passionnante. Sans doute aussi avait-il voulu suivre la voie tracée par ses  feues mères-grand, elles-mêmes normaliennes, fourmis laborieuses aux doigts de fée. 

D’aussi loin que je le revoie, alors que j’étais encore un tendron vite attendri, je suis  assaillie par une pléthore d’images à jamais gravées dans ma mémoire. Il est là, devant moi, à la  récré, toraillant des troupe offertes par son frère, margis dans l’artillerie. Je l’entends, vitupérant  les suffisants blancs-becs, les prétentieux bas-bleus, les béni-oui-oui, les fesse-mathieux prêtant  à usure, issus des dernières élections, les qualifiant de petites gens futiles et peu subtils. Il les  abhorrait par ce qu’ils avaient d’artificiel et de cupide. Il préférait les parlers-vrai et ne supportait  ni les on-dit ni les non-dits. 

Fin de la dictée pour les amateurs. 

Quoiqu’il lui semblât parfois des plus urgent de corriger des exercices de grammaire et de  conjugaison, il lui arrivait, à l’aide de grands panneaux colorés, de nous expliquer les modes  d’orientation et de locomotion de certains animaux ou oiseaux : l’écholocation de la musette ou  encore les membranes alaires des chauves-souris. 

Lors d’une journée passée au Puy du Fou, il avait été impressionné par les réclames  répétés des fauconniers rappelant les autours et nous avait longuement parlé de l’affaitement  des oiseaux de proie. 

Et que dire des dictées qu’il concoctait lui-même, truffées de participes passés et de  termes tarabiscotés ? Grâce à lui, en ai-je parcouru des substantifs obsolètes et des épithètes  caduques ! 

Quant à l’auteur de la dictée d’aujourd’hui, il espère ne pas être voué aux gémonies pour  vous avoir entraînés dans les lacs, les rets et leurres divers de notre belle langue française !  

Christian LELIÈVRE. 

Champion de France d’orthographe. 

Champion de la Dictée des Amériques (Québec).



Biache-Saint-Vaast. Samedi 7 juin 2025. Q.C.M. 

1/ Dans chacune des séries proposées, trouvez l’intrus. 

* amarante – garance – ponceau – indigo – incarnat. 

* silencieux – réservé – taiseux – taciturne – volubile. 

* harpagon – (fesse-mathieu) – grigou – ladre – rat – prodigue. 

* patelin – cauteleux – sournois – gobeur – mielleux. 

2/ Suivi d’un verbe à l’infinitif, le participe passé « fait » est toujours invariable. 

* vrai * faux 

3/ Que signifie l’expression : « Le quart d’heure de Rabelais » ? 

* La lecture quotidienne de la vie de Gargantua. 

* Le moment où il faut payer la note. 

* Une sieste postprandiale. 

4/ Un seul mot se termine par « ionnal » (Robert et Larousse). Le connaissez-vous ? 5/ Y a-t-il un mot erroné dans cette phrase ? * oui * non « Plusieurs touts distincts les uns des autres sont apparus ». 

6/ Mettez au pluriel les noms composés suivants :  

* un pet-en-l’air * un pisse-vinaigre  

 * un rase-pet * un laissez-passer  

 * un nouveau-né * un haut-le-cœur 

* un haut-parleur * un ayant droit 

7/ Seuls deux adjectifs se terminent par « iâtre ». Les connaissez-vous ? 

8/ Un ami vous écrit : « Lors de mes vacances en Inde, j’ai pu voir de près un rhinocéros à cornes né à New  Delhi ». Vous souriez, pourquoi ? 

9/ « Seul et unique », « contraint et forcé », « sûr et certain » sont : 

* des tautologies * des palindromes 

* des prosopopées * des lipogrammes 

10/ Quel écrivain français célèbre du XVIeSiècle se cache derrière cette anagramme ? ALCOFRIBAS NASIER 

Christian LELIÈVRE.


Corrigé du questionnaire :


1/ Dans chacune des séries proposées, trouvez l’intrus. 

* amarante – garance – ponceau – indigo (bleu foncé)– incarnat. 

* silencieux – réservé – taiseux – taciturne – volubile

* harpagon – (fesse-mathieu) – grigou – ladre – rat – prodigue

* patelin – cauteleux – sournois – gobeur (crédule) - mielleux. 

2/ Suivi d’un verbe à l’infinitif, le participe passé « fait » est toujours invariable. 

* vrai * faux 

3/ Que signifie l’expression : « Le quart d’heure de Rabelais » ? 

* La lecture quotidienne de la vie de Gargantua. 

* Le moment où il faut payer la note. 

* Une sieste postprandiale. 

4/ Un seul mot se termine par « ionnal » (Robert et Larousse) : confessionnal. 

5/ Y a-t-il un mot erroné dans cette phrase ? * non 

« Plusieurs touts distincts les uns des autres sont apparus ». 

6/ Mettez au pluriel les noms composés suivants :  

* un pet-en-l’air, des pet-en-l’air * un pisse-vinaigre, des pisse-vinaigre (Larousse), des  pisse-vinaigres (Robert).  

 * un rase-pet, des rase-pets * un laissez-passer, des laissez-passer.   * un nouveau-né, des nouveau-nés * un haut-le-cœur, des haut-le-cœur.  * un haut-parleur, des haut-parleurs * un ayant droit, des ayants droit

7/ Seuls deux adjectifs se terminent par « iâtre » : acariâtre, opiniâtre

8/ Un ami vous écrit : « Lors de mes vacances en Inde, j’ai pu voir de près un rhinocéros à cornes né à New  Delhi ». Vous souriez, pourquoi ? Le rhinocéros d’Asie est unicorne ! 

9/ « Seul et unique », « contraint et forcé », « sûr et certain » sont : 

* des tautologies * des palindromes 

* des prosopopées * des lipogrammes 

10/ Quel écrivain français célèbre du XVIeSiècle se cache derrière cette anagramme ? 

ALCOFRIBAS NASIER = FRANÇOIS RABELAIS

Jean-Louis DESSAINT et Christian LELIÈVRE entourés par les représentants de la mairie de Biache-Saint-Vaast


L'appel du 18 juin à la dictée au lycée Albert Châtelet lancé par l'AMOPA a été entendu par près de 80 lycéens. À la manoeuvre, Jean-Louis Dessaint (promo 77 79) et Christian Lelièvre (promo 54 57)

 


Dictée de l’AMOPA

Au lycée Albert-Châtelet de Douai 


Le mercredi 18 juin, un appel a été lancé aux étudiants des classes préparatoires du lycée Albert-Châtelet de Douai afin de participer à la dictée de l’AMOPA. Le lycée est un partenaire pour la 3e fois.

le proviseur-adjoint M. Delefosse


Après avoir été accueilli par Monsieur Delefosse, proviseur adjoint du lycée, le duo infernal, comprenez Christian Lelièvre (président délégué du secteur de l’Avesnois, champion de France d’orthographe et de la Dictée des Amériques, et Jean-Louis Dessaint, Vice-Président de la section Nord) ont proposé un quiz et une dictée (celle-ci ayant été rédigée par JL Dessaint). Le thème de cette dictée était la caricature d’une dame très dévote. Le titre était évocateur : une dévote en trompe-l’œil ou sainte Tartufferie (Tartuferie).

Christian LELIÈVRE
Jean-Louis DESSAINT



Plus de 80 personnes y ont participé (étudiants et professeurs). Tous ont été enchantés de déjouer les chausse-trapes, lacs létaux et leurres divers concoctés par les 2 compères, qui ont déjà été sollicités pour organiser une 4e édition. À l’an prochain donc !


   


VOICI LE TEXTE DE LA DICTÉE ET LES COMMENTAIRES :


DICTÉE DE L’AMOPA

Lycée Albert-Châtelet Mercredi 18 juin 2025


La dévote en trompe-l'œil ou sainte Tartufferie (Tartuferie)

Madame de Montéclair, veuve austère et fortunée, passait aux yeux du monde, pour une femme pieuse, presque ascétique, vouée corps et âme à la charité.

On la voyait chaque dimanche, drapée dans un châle d’un autre siècle, franchir d’un pas lent les lourdes portes de l’église Saint-Sulpice, tenant un rosaire noir de jais entre les doigts et se recueillir tel un orant avec ostentation sur son prie-Dieu habituel. Sa ferveur apparente n’était pourtant qu’un masque soigneusement entretenu, une posture sociale destinée à dissimuler ses manœuvres plus triviales. Les fidèles avaient l’habitude de l’entendre réciter cinq Pater et cinq Ave quand elle se rendait à confesse.


Ces jours-ci, elle suivait avec un intérêt soutenu le déroulement du conclave, feignant l’humilité de celle qui prie l’Esprit Saint, tandis qu’elle jubilait intérieurement à l’idée des luttes d’influence et des tractations feutrées qui s’y jouaient. Elle ne goûtait pas son plaisir en imaginant ces cardinaux dans leur tenue d’apparat, camail, soutane et barrette rouge ponceau bien ajustés, rochet blanc immaculé orné de dentelle, la croix pectorale et la bague cardinalice brillant au soleil… Elle les imaginait dans la chapelle Sixtine prenant place en attendant que le maître des célébrations pontificales prononce la phrase "extra omnes" qui annonçait l'isolement des cardinaux jusqu'au moment où un nouveau pape serait élu.
Mais, brisons là ! Ses rêvasseries terminées, son naturel revenait au galop.
Derrière les rideaux de velours grenat de son salon, elle ourdissait des intrigues subtiles, dénigrant avec componction celles-là mêmes qu’elle saluait la veille à l’office, le regard faussement attendri. Ceux qui la croyaient dévote - et nombre s’y laissaient prendre - ignoraient les lettres anonymes qu’elle dictait à sa camériste, les rumeurs distillées dans les salons, les alliances nouées par intérêt plus que par vertu. Son silence était éloquent, sa charité intéressée ; quant à ses génuflexions, elles avaient davantage à voir avec l’art de paraître qu’avec la dévotion véritable.
Il n’est pire hypocrisie que celle drapée dans la bure du sacré, dit-on. 


Jean-Louis DESSAINT       

Vice-président de l’AMOPA 59

Président délégué de l’AMOPA

Secteur de Dunkerque Hazebrouck


Texte relu par Christian Lelièvre

Champion de France d’orthographe

Champion de la Dictée des Amériques (Québec)


Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne saurait être que fortuite 





COMMENTAIRES :

Dévote : un seul « t » : Qui est sincèrement attaché à la religion et à ses pratiques.  Dévotieux, fervent, pieux, religieux. Les personnes dévotes. Une âme dévote. Être dévot à la Vierge. Dévot jusqu'au fanatisme

Trompe-l’œil : nom invariable

 1   Peinture visant essentiellement à créer, par des artifices de perspective, l'illusion d'objets réels en relief

 2  (1876). Fig. Apparence trompeuse, chose qui fait illusion.  Façade.

sainte Tartufferie (ou tartuferie) : le mot « sainte » s’écrit ici sans majuscule comme saint Mathieu, saint martin quand il désigne un saint. En revanche si cela désigne un lieu de culte, une place, une école on écrira avec une majuscule et un trait d’union : église Saint-Sulpice, école Sainte-Thérèse, la fête de la Saint-Valentin.

Ascétique : Qui appartient aux ascètes, à l'ascétisme

Plus courant. (Style soutenu). En parlant d'un style de vie. Austère, rigoriste.

Saint-Sulpice : voir règle plus haut.

Rosaire : grand chapelet (Les différences principales entre le chapelet et le Rosaire sont le nombre de dizaines et les mystères. Commençons par le plus simple: les dizaines. Le chapelet comprend cinq dizaines de “Je vous salue Marie” avec un “Notre Père” entre chaque dizaine. Le Rosaire lui comprend non pas cinq mais quinze dizaines.)

Noir de jais : adjectif : le jais est du lignite ; noir de jais signifie noir comme du lignite

Variété de lignite combustible, imprégnée d'asphalte, substance compacte, fibreuse et dure, d'un noir luisant, qu'on peut tailler ou travailler au tour et polir comme l'ébène.  Jayet (vx). Gisement de jais. Objets de tabletterie en jais. Jais taillé à facettes. Bijoux* de deuil en jais. Jais naturel, véritable.

Orant : statue funéraire représentant un personnage en prière.

Ostentation : mise en valeur excessive d’un avantage. Ici il faut comprendre étaler, exhiber, esbroufe…

Prie-Dieu : attention majuscule à Dieu. Nom invariable.

Chaise basse à haut dossier terminé en accoudoir pour que les fidèles puissent s’agenouiller et prier.

Ferveur : ardeur vive et recueillie des sentiments religieux.

Trivial : qui est décrié comme les éléments les plus bas, les plus décriés de la société.

Cinq Pater et cinq Ave : ici ils sont invariables ; ils désignent la prière : Ave Maria et Pater noster.

Remarque : On écrira un chapelet aux avés de nacre et aux paters d’argent s’il s’agit des grains du chapelet. Dans un rosaire il y a quinze paters et cent cinquante avés. (ref. grammaire Thomas)

Feignant : participe présent du verbe feindre

Prier l’Esprit Saint : ici on prie une entité transcendantale. Prier Zeus, prier la Vierge. En revanche on prie pour le salut de nos âmes.

Esprit Saint : majuscule à Esprit et Saint pas de trait d’union à la différence de Saint-Esprit

Tractations feutrées : négociations de caractère secret, officieux voire occulte.

En rhétorique, tractation signifie manière de traiter un sujet, une matière.

Camail : nom masculin : désigne une courte pélerine que les ecclésiastiques portent par-dessus le surplis ou sur la soutane. Au Moyen-âge, armure de tête en tissu de mailles.

Soutane : pièce principale du costume ecclésiastique (noire pour les prêtres, violette pour les évêques et rouges pour les cardinaux.)

Barrette : toque carrée à trois ou 4 cornes. Recevoir la barrette signifie être nommé cardinal.

Rochet : aube courte à manches étroites.

Rouge ponceau : couleur du coquelicot.

Croix pectorale : marque de dignité que portent les abbés, évêques et archevêques. 

Anneau cardinalice : Au cours du consistoire pendant lequel il « crée » les nouveaux cardinaux, outre la barrette qu'il leur « impose », le pape leur remet un anneau cardinalice qui remplace l'anneau qu'ils ont reçu au moment de leur ordination épiscopale.

Brisons  : interrompre brusquement : enfin bref !

Grenat : de la couleur du grenat (pierre fine) : rouge bordeaux. Grenat en qualité d’adjectif de couleur est invariable.

Ourdissait : du verbe ourdir : disposer les premiers éléments d’une intrigue. Au sens premier, cela signifie réunir les fils en nappe et en les tendant avant le tissage. Ourdissage.

Componction : sentiment de tristesse éprouvé à l’égard de notre indignité devant Dieu.

Ici air sérieux ; solennel. Bien sûr dans le cas de Mme Montéclair cela sonne faux.

Celles-là mêmes : pluriel requis, car « même » est adjectif et trait d’union entre celles et là.

Nombre : beaucoup de personnes.

Camériste : femme de chambre

Éloquent : avec un « e ». On pense à éloquence

Génuflexions : action de fléchir les genoux, signe d’adoration, de respect, de soumission

Bure : nom féminin : étoffe grossière de laine brune. Ici vêtement de l’ermite du moine, des carmélites.

À ne pas confondre avec le bure (masculin) désignant un puits vertical reliant deux galeries de mine.


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