Au temps de l'uniforme chez les élèves-maîtres de l'école normale de Douai dans les années 1890, souvenirs de Jean AUDEBEZ, promo 1893-1896

 Aujourd'hui, la question de l'uniforme à l'école est à nouveau posée et fait polémique. Rappelons que les normaliens portaient la blouse dont la couleur imposée était différente suivant les promotions : Bleu, grise ou blanche.

Mais sait-on qu'à l'origine, au XIXe siècle, les élèves maîtres portaient un uniforme. C'est ainsi qu'en feuilletant les bulletins de l'Amicale des anciens de l'école normale de Douai, on découvre ce témoignage de Jean Audebez, promotion 1893 1896. Jusqu'en 1969, il venait chaque année de Bretagne où il avait été nommé à sa sortie d'école normale au banquet et à l'assemblée générale de l'amicale des anciens de l'école normale de Douai. 

Comme il était le doyen d'âge, on lui donnait la parole pour évoquer ses souvenirs, ce qu'il faisait de bonne grâce et avec humour



Voici ce qu'il disait à propos de l'uniforme : »


«Je revois mon arrivée à l'Ecole Normale : le tailleur qui me prend les mesures pour la confection de l'uniforme portant au col l'écusson bleu et le d gothique, la casquette qui portait un galon d'or en 1ère année, deux en 2ème, trois en 3ème, ornement qui me fera passer aux yeux de marins, lors d'un voyage à Brest, pour un officier de marine ! »

Mais dans d'autres bulletins, il est question de souvenirs ayant trait au sport, à la discipline, à la nourriture, sa vie en Bretagne où il a enseigné pendant 40 ans. En voici les extraits :


Dans le bulletin, 39, de 1964 Page 9 :  

"C'est ensuite M. AUDEBEZ qui prend la parole. Notre ancien rappelle comment il fut amené à quitter le Nord et comment il devint un breton d'adoption. Il dit toute sa joie de se retrouver dans son Ecole Normale, qu'il ne reconnaît d'ailleurs plus, tant elle est changée. Il est heureux de se retrouver avec les anciens et les plus jeunes qui le tutoient parce qu'ils se sentent issus d'une même grande famille. Malgré son grand âge, il est demeuré un militant actif au sein de nombreuses associations laïques de Bretagne et, s'adressant aux Anciens il leur demande de penser avec bienveillance à leurs collègues bretons qui, pour eux, enseigner est toujours une tâche sociale aussi délicate et plus difficile qu'en n'importe quelle contrée de France.

De chaleureux applaudissements ponctuent son allocution et un

Vivat flamand est chanté par tous en son honneur."


Dans le bulletin, 41 de 1965 page 16 :  

"Notre doyen AUDEBEZ de la promotion 93-96 rappelle alors de savoureux souvenirs de ses trois ans passés à l'Ecole Normale : la discipline rigide sous l'uniforme, une installation sanitaire nettement insuffisante, le scandale provoqué par le défilé des élèves-maîtres se rendant à une séance de football en short et veston d'uniforme...

Conduits par leur directeur, les élèves-maîtres de cette époque assistaient aux offices.

Avec saveur, AUDEBEZ raconte les matchs avec les moines des Récollets, dont les intentions évidentes étaient de donner une leçon aux E.M. Mais bientôt ils furent battus par leurs élèves. Ce rappel de souvenirs anciens enthousiasma l'assistance.


Dans le bulletin 43 de 1966, page 8 :  

« Le doyen des anciens élèves M. AUDEBEZ prend la parole.

Il est heureux, lui, un ancien de la promo 93-96, d'être au milieu de tous. Il vient d'une commune des environs de Rennes où il est vice-président de l'U.F.O.L.E.P.

Il aime le Nord, l'Ecole Normale de Douai où il a appris à travailler, à vivre, à lutter, ce qui lui a permis de faire du bon travail en Bretagne. Là-bas, dans sa petite commune bretonne de 1300 habitants, il a fondé une équipe de football, de ping-pong, il a formé une troupe théâtrale. Il devait aller voir un match de basket-ball féminin, ce qui est très agréable et très amusant à voir, dit-il, mais il a préféré être parmi nous où il retrouve sa jeunesse passée à l'E.N. et beaucoup de souvenirs, et il se dit : « Tu as été jeune, vois-tu, viens, tâche de continuer !

Il félicite Monsieur l'Intendant du splendide banquet offert, mais il ne croit pas que les élèves soient servis chaque jour de cette façon ! De son temps : deux plats de choix, merlans cuits à l'eau le vendredi, et pois cassés le mercredi ! Il se souvient des anciens professeurs (Azote-Pamart-Podos) qui aimaient bien leurs élèves et qui lui ont fait aimer les siens. Comme un père de famille, il conte ses souvenirs d'autrefois et il souhaite revoir tout le monde l'an prochain. (Notre doyen est très applaudi).»



 Dans le bulletin 45 1967, page 10 :  

"M. AUDEBEZ, notre doyen d'âge, va évoquer la vie des élèves maîtres de l'autre siècle, la cuisine du « père Joseph » qui amène une grève avec monôme dans l'école, la curieuse renommée des normaliens chez les « bourgeois de Douai». Il lève son verre à la santé de tous.

Le banquet s'achève parmi les chants et les conversations animées.

Certains descendent au « caveau » où les attend l'orchestre de l'E.N. alors que d'autres sont sur le chemin du retour, contents d'avoir passé une bonne journée avec leurs amis retrouvés."



Dans le bulletin, 47 1968, page 7 :  

“M. Audebez Jean, doyen d'âge, évoque ce qu'était la vie de ceux de la 93-96. Avec humour, il dit que le « vieux» a l'intention de persister, qu'il est heureux de retrouver l'ambiance de l'E.N., de cette école maintenant méconnaissable. Il n'a connu ni carrelages, ni peintures claires.

Tout était sombre et ne donnait pas goût à l'étude. Les mœurs normaliennes étaient sévères et les professeurs, malgré leur bon vouloir, ne pouvaient guère les changer car ils étaient impitoyablement déplacés s'ils entravaient la discipline rigide qui était alors la règle. Très ému, notre doyen lève son verre à la santé de tous, de notre école publique et laïque.”




Dans le bulletin numéro 49, de 1969, Pages 5 et 6 : 

“A la demande de M. le Recteur notre doyen d'âge AUDEBEZ de la promotion 1893-1896 va évoquer quelques souvenirs de l'école normale d'avant 1900. Il dit tout d'abord sa joie d'être là malgré sa santé précaire, mais d'être parmi nous lui donne un regain de jeunesse. Il revit son arrivée à l'Ecole Normale : le tailleur qui lui prend les mesures pour la confection de l'uniforme portant au col l'écusson bleu et le d gothique, la casquette qui portait un galon d'or en 1e année, deux en 2°, trois en 3°, ornement qui le fera passer aux yeux de marins, lors d'un voyage à Brest, pour un officier de marine ! Il remercie M. le Recteur, lui, l'ancien petit instituteur qui sonnait l'Angélus le matin au village mais qui était aussi le conseiller de tous grâce à cet esprit « primaire » vivant et fécond, épris de liberté. Il invite les anciens à boire à la santé de l'école laïque.”


Décès de Jean Audebez en 1969


Port de l'uniforme à l'ENG de Douai en 1906











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