CYPRIEN, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE EN 1950, RENÉ MAQUET (PROMO 48 52) SE SOUVIENT DE SON HUMOUR

Hommage à Cyprien Delbecq, professeur de philosophie.

Cette photo représente 27 élèves de la 1ère A, ils étaient 30,  il y avait vraisemblablement 3 absents . René Maquet est à droite au 2ème rang, le troisième en allant vers la gauche. Le premier du rang porte un cache-col blanc, ça pourrait être Chesnoy , le 2ème c'est André Pouille

Notre vénérable professeur de philosophie pour nous n’était pas Monsieur Delbecq, mais, tout simplement, Cyprien.

Ce prénom l’empreignait d’une certaine solennité. L’évêque de Carthage, décapité au troisième siècle, le portait également.

Cyprien, très digne, malgré son grand âge , le port altier, il professait. Pour nous, après deux heures de mathématiques, son cours était une détente. Cyprien ne trônait pas du haut de l’estrade, il descendait son siège, s’y allongeait confortablement, se plaçant ainsi à notre hauteur. De la main gauche, il tenait son cahier de préparation, légèrement écorné, témoin d’une évidente ancienneté.

Sur chaque page, une large marge réservée à l’inscription de plaisanteries, de jeux de mots dont il prenait plaisir à émailler ses cours.

Je vous cite l’un d’entre eux. Il m’est resté en mémoire du fait qu’il revenait assez souvent, étant en plus marqué d’un caractère osé. Avant de nous le lâcher, Cyprien, changeait de visage, apparaissait alors un éclat un tantinet vicieux dans son regard, un sourire malicieux sur les lèvres, il nous disait, très distinctement, lentement, séparant les syllabes : « il n’y a pas de faits sans cause ! » Souhaitant que nous entendions : « il n’y a pas de fesses en cause ! »

Cyprien était aussi un peu maniaque. Je vais tenter de vous le prouver. Notre cours de philo devait débuter, en principe, après la fin de la récréation. Dès le coup de cloche, nous nous précipitions à l’urinoir. Cyprien aussi, son porte-documents dans la main gauche, il gardait la droite libre pour se déboutonner.



Comme il allait toujours uriner dans l’avant-dernière stalle, il attendait qu’elle soit libre, il faisait la queue ; comme en tête de file il y avait toujours quelques-uns d’entre nous, qui, comme Cyprien, urinaient dans l’avant-dernière stalle, ça prenait un peu de temps, le cours de philo s’en trouvait raccourci. Une fois, M. l’intendant se soulageait à quelques stalles voisines. Cyprien trouva là l’occasion de lui dire : “Alors ! Monsieur l’intendant, vous faites encore une opération de bourse ?” C’est cet intendant qui fut révoqué, quelques années après, pour détournement de fonds. Cyprien le soupçonnait peut-être déjà ?



Maquet René (promotion 48 52) sorti en 53

rene.maquet@sfr.fr


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