Chti et espagnol : deux langues étrangères ou cousines ? par Gilles Ronchin (promo 58 62) qui a transmis ce texte pittoresque à son camarade Paul Majowski, pas spécialement pour le publier, juste pour le fun. C'est à lire.

Gilles Ronchin en 2C 1959 

Gilles Ronchin au centre PEGC de Lille en 1964


Gilles Ronchin promo 58-62, garde un vif souvenir de ses racines ch'ti. (ch'tis ?) Il a aussi en mémoire les cours d'histoire de M. Leleu (chaque jour une cravate différente accompagnée des senteurs suaves de l'aftershave). Question : La présence espagnole aux Pays-Bas et dans le nord de la France aurait-elle laissé des traces dans le langage de notre région. Gilles fournit des exemples de similitudes dans le vocabulaire familier.
Il espère que Stéphane Tréla prendra connaissance du texte. Ses commentaires seront les bienvenus, une rubrique offre cette possibilité, et pourquoi pas un échange de points de vue.
Paul Majowski

La langue Chti et l’espagnol deux langues étrangères ou cousines ?

Le cours de ma carrière d’enseignant, débutée dans notre EN, m’a fait côtoyer plusieurs pays méditerranéens dont l’Espagne. Un pays dont la langue m’avait toujours attirée. J’y ressentais, la proximité de la langue gascone que parlait mes grands- parents maternels géographiquement proches de l’Espagne.

Ma vie, dans le Nord, m’a fait baigner dans une autre langue largement parlée dans ma famille paternelle et que je maîtrise parfaitement : le « chti » ( je n’aime pas le terme trivial de « patois »)

Quelques expressions espagnoles venues, en écho, de quelques expressions « chti » entendues dans mon enfance, m’ont amené à me poser la question : et si le « chti » et l’espagnol avaient, (de façon certes lacunaire), une certaine parenté ?

La Flandre fut espagnole jusqu’en 1667, date de son rattachement à la couronne de France. Là réside, certainement, une partie de la réponse.

L’Histoire révèle que la région de Douai, Tournai, Orchies (mon village), et au-delà, fut fortement marquée par la présence espagnole et donc, fatalement, soumise à une influence linguistique.

Un premier signal me fut envoyé par nos cousins belges de Binche qui, pour me demander si j’appréciais le repas, me demandaient : « ça goutte ? » faisant écho à la question de mes amis espagnols « te gusta ? » ( tu aimes ? ça te plait ?)

Le verbe « aimer » dans une expression un peu plus intime : « querer » à rapprocher du chti « j’ai quer » plutôt utilisé en négatif : » j’ai pas quer »

Curieux et presque mot pour mot, le verbe « tomber » de mon grand -père me mettant en garde : « attention t’vas caer » pour l’espagnol « te vas a caer »

« Saca lo » dit l’espagnol , « saque l’se, » dit le Chti pour « tire le »

Quand nous étions petits, toujours mon grand- père : « va t’mucher » . Jouer à cache-cache en espagnol se dit « jugar al much »

Très parentes les expressions pour dire : « la semaine prochaine » : « el semane qui vint » pour « la semana que viene »

« Rester debout » ; « de pie » en espagnol ; « el pied droit » en chti

Il est certainement d’autres pistes à explorer pour que la langue du royaume de Charles Quint révèle d’autres parentés avec celle du « Petit Quinquin »

La Rochelle le mardi 22 mars 2022

Gilles RONCHIN


On notera ci-après le riche parcours de Gilles Ronchin tel que retranscrit sur "Copains d'avant" :

Parcours scolaire

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