« Liberté », la tapisserie de Jean Lurçat, désormais à sa vraie place à la Chartreuse
Il y a un peu plus de deux ans, dans ces mêmes colonnes, Monique Leblanc, présidente de l’Amicale des anciennes et anciens élèves de l’École normale d’institutrices de Douai, élue en 2017, promo 64-68, s’offusquait que Liberté, une tapisserie de haute lisse longtemps exposée sur un pan de mur du réfectoire de l’École normale, soit stockée dans les réserves du musée de la Chartreuse à Douai. « Elle est restée quatorze ans dans les réserves », dit-elle aujourd’hui. Les amicalistes ont enfin été entendues : l’une des versions tissée à Aubusson (Creuse) de l’œuvre de Jean Lurçat, l’ami des poètes (Aragon, Tzara, Chamson…), est exposée depuis début juillet dans l’ancienne salle capitulaire du musée.
En 2019, lors de l’assemblée générale de l’amicale, Frédéric Chéreau, maire de Douai, aurait été sensible aux propos d’une vieille amicaliste. Avec passion, elle avait évoqué cette grande tapisserie (3,27 m sur 2,40 m) témoignant de l’engagement de Jean Lurçat dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, habité par l’espoir de voir la France recouvrer sa… liberté.
Car, au-delà d’être une œuvre d’art, Liberté est une tapisserie cryptée « maniant avec habileté métaphores et figures imaginaires pour suggérer les malheurs de la guerre, les menaces qui pèsent sur le monde mais surtout l’espoir porté par la Résistance et la création artistique », comme écrit dans le catalogue d’exposition consacré à l’œuvre du peintre, céramiste et créateur de tapisserie français, par la Galerie des Gobelins à Paris, en 2016.
UN ÉVÉNEMENT MAJEUR
POUR LES 80 ANS EN 2022 ?
Dès sa prise de fonction, début juin, Pierre Bonnaure, le nouveau conservateur du musée de la Chartreuse, Douaisien d’origine, a fait une place à la tapisserie acquise par Paule Parent, la directrice de l’École normale de Douai, auprès de Jean Lurçat à la sortie de la guerre. Tous deux avaient été résistants. Tous deux se savaient dépositaires du devoir de mémoire. C’est maintenant aux guides du musée de transmettre aux visiteurs l’histoire entourant cette œuvre brodée aux fils d’or. « Nous sommes allées voir la tapisserie en petit comité, raconte Monique Leblanc. Une inauguration était prévue lors des Journées mondiales du patrimoine (en septembre). Ça semble compromis. Dans deux ans, elle aura 80 ans (les tapisseries ont été tissées par des lissiers d’Aubusson en 1942 ). » Nul doute qu’en 2022, un événement rendra hommage à la tapisserie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire