"Pépère " et le père Fouettard, par René Maquet, doyen de l'amicale des anciens normaliens de Douai. Une anecdote au sujet de Monsieur Hickel, le directeur, et de Monsieur Viseux, l'intendant

Nous avons sollicité nos plus anciens camarades, les doyens de la promotion 48 52, afin qu'ils nous racontent un peu leur quotidien sous la direction de Monsieur André Hickel, directeur de 1941 à 1956. Leur réponse n'a pas tardé sous la plume du toujours aussi pétillant René Maquet.

René Maquet



"Chers camarades,

Je vous adresse une première anecdote. Je vous en ferai parvenir d’autres si vous le souhaitez. Je vous laisse le soin de contrôler l’orthographe et la sémantique. À 90 ans, je dois avoir souvent recours au dictionnaire, au Bescherelle, à la grammaire… Je ne me vexerai pas si vous me signalez quelques incorrections.

J’ai profité de l’occasion pour éclabousser au passage l’intendant, il trouvait toujours le moyen de nous soutirer de l’argent.

Nos chaises étaient en bois ; comme elles étaient soumises à de gros efforts, il nous arrivait de temps en temps de les enfourcher à l’envers, le dossier à l’avant, les mains sous le siège, nous les faisions danser en ronde par secousses répétées, nous appelions cette distraction : la cavalerie allemande. Il faut dire que notre promo n’était que la cinquième d’après-guerre. Les chaises, disjointes , parfois cassées , étaient réparées par le menuisier attaché à l’école, son épouse était concierge. Ils habitaient la petite maison à gauche de l’entrée par la grille de l’allée Parent où se trouvait la statue d’Hercule terrassant le lion.

L’intendant nous faisait payer la réparation de notre chaise au prix qu’aurait demandé un artisan, la masse contre la casse ne suffisait pas toujours, il fallait compléter. Je crois qu’au final, cet argent n’allait pas en totalité dans la même caisse. Une partie devait tomber dans une poche. Je vous souhaite bonne lecture et bon courage. "

Arleux le 27 avril 2021

René Maquet




Parmi les survivants de la promotion 48 52 qui comptait 60 Bleus, nous sommes quatre qui communiquons encore entre nous. Je nous nomme dans l’ordre d’âge décroissant : Édouard Arduin, 90 ans, Maquet René, Dussaux Guy, Delannoy Michel, 89 ans.

L’amicale des anciens, par le canal de Jean-Marie Devaux, a jugé qu’il était grand temps de nous demander de bien vouloir citer quelques anecdotes se rapportant à notre directeur car d’ici quelques années plus personne ne sera là pour se souvenir de Monsieur Hickel 


André Hickel (sa biographie est sur le site de l'amicale : CLIQUER ICI )


Pour nous, il était comme un père de famille, d’ailleurs nous le nommions « Pépère »

Notre classe de deuxième A se trouvait au premier étage juste au-dessus de l’amphithéâtre. Un soir pendant l’étude, l’un d’entre nous, pris d’un besoin urgent, était descendu aux WC, situés à l’époque dans la cour d’honneur actuelle.

Il s’était rendu compte que le directeur faisait sa ronde dans les classes du rez-de-chaussée. Il se dit : « aussitôt fini, je remonte en vitesse prévenir les copains ».

Mal lui en prit, malgré sa rapidité, le directeur, cependant plus lent, le suivait de très peu. Notre héros ouvrit la porte et cria : « tus ! Les mecs, voilà pépère ! ».

Le directeur n’en crut pas ses oreilles ;  en entrant dans la classe, il saisit le camarade à l’épaule , lui fit faire volte-face et lui dit : « je sais que vous m’appelez tous pépère mais je n’aime pas qu’on me le dise en face ! »

Un silence glacial retomba sur la classe aussitôt après le brouhaha que nous fîmes en nous levant pour saluer l’entrée de Monsieur le Directeur.

Nous nous demandions tous qu’elle allait être la sanction ? Croyez-moi, il n’y en eut aucune. « Pépère » méritait bien son surnom !


Quel contraste avec l’intendant Viseux qui était pour nous le père Fouettard. Chaque jour il distribuait les colles pour service de nettoyage mal fait, chaque normalien avait, aussitôt après le petit déjeuner, une corvée de nettoyage à remplir. Dès la rentrée, l’intendant nous réclamait la masse ; "la masse contre la casse" ! C’était une garantie monétaire pour assurer le remboursement d’une éventuelle dégradation que nous aurions pu commettre, les retards de paiement étaient sanctionnés par des colles, cet argent placé rapportait son intérêt.

L’intendant était très intéressé, il portait bien le nom d’économe. C’est peut-être à cause de cette qualité poussée à l’extrême qu’il s’est vu suspendu de sa fonction, en somme victime du métier ! Ou accident de travail !"


Ce témoignage sur l'intendant Viseux et l'utilisation controversée de la "masse" est corroboré dans un précédent article rédigé par notre regretté camarade, Jacques Colpart, (promo 50 52, dont voici le lien Du bon usage de la masse



On peut trouver l'original de la lettre manuscrite de René Maquet en cliquant sur le lien suivant :






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